L’éternelle quête, vers la jeunesse, la fontaine de jouvence, l’eau pure, le feu éternel qui brûle en nous, la régénération non pas vers le passé, vers les lumières de la tradition qui sont l’espérance de l’avenir. C’est tout le parcours initiatique du maçon pour sortir des ténèbres de la nuit, à la recherche de sa lumière intérieure. Avec ses mots notre frère Philippe, ses mots qui sont autant de cadeaux à ouvrir par le jeune apprenti et le maître au début de chaque courbe spiralée ses mots qui les élèvent vers les mystères de la vie, portés par les mains bienveillantes de leurs frères, ils montent lentement, les barreaux de l’échelle mystérieuse celle qui mène au centre de la Rose d’Amour.
Merci à Philippe pour ce poème inspirant.
JF.
Le CHAOS et l’enfant
Le temps semble figé ; les secondes, comme des jours,
Interminables, passent ; au fonds de la nuit
Qui noie le monde, le silence s’installe sans bruit,
Tandis que l’Homme pleure l’Universel Amour.
Des larmes amères coulent, elles noient sa mémoire,
Elles roulent, roulent le long de son désespoir,
Elles deviennent fleuves, et s’en vont, océanes,
Alimenter ses peurs, et révéler ses pannes.
Je suis là, impuissant, contemplant le désastre,
L’imminente tragédie de l’inhumaine race.
Les survivants se terrent, et dans la nuit profonde
On ressent la moiteur d’une terreur immonde
Alors que se profile dans le ciel et les astres,
Le divin épilogue d’une encombrante trace,
Je passe et puis repasse, inconsolable et seul,
Lente rétrospective, les années d’avant deuil.
Je contemple le fil où s’enchaîne ma vie
Je le tire et ramène des lambeaux de bonheur,
D’éphémères instants, de rassurantes heures
Les pénibles souvenirs que je croyais enfouis ;
Le tumulte indécent va bientôt retentir.
Soudain levant les yeux au fonds de ce décors
Qui force au repentir, où mes forces chavirent,
J’aperçois dans la rue, l’insoutenable effort
Que déploie un enfant traînant une valise.
La scène est incongrue, parce que tout se brise
Son fardeau semble lourd, mais il reste silencieux
Il avance tranquille, assuré, lumineux
Presque heureux d’être là, au milieu de la nuit..
Il chavire parfois, et puis trébuche aussi,
Mais inlassablement, il se remet debout,
Fièrement, sans faiblir, et il avale ainsi
Sans hâte, pas à pas, l’interminable route.
Qui est il ?, où va t il ?, d’où vient ce garnement ?
Il semble comme étranger à ce monde dément
Pourquoi inflige-t-il cet effort dérisoire
A mes yeux las d’amour, las de temps, et d’espoir ?
Ne devine t il pas la terrible menace
Qui plane sur nos têtes, comme une ultime farce ?
Je dois le rattraper, éteindre son sourire
Le convaincre, expliquer, lui éviter le pire.
J’entreprends de rejoindre l’impertinent enfant.
Ma lente procession pour atteindre l’impie,
Est freinée par le vent qui bruyamment glapit,
J’avance pesamment, infiniment lentement
Pour tenter l’impossible, et pour rendre probable
Ma dérisoire quête ;
Je saisis, intraitable,
L’innocente créature, qui n’a cure du rôle
Que je tiens en ces lieux. L’enfant fait volte-face,
Et brusquement je sais, et ma colère s’efface.
Contemplant ce visage que je connais par cœur
Je découvre incrédule, dans ces traits la douceur
D’un gamin de sept ans pointant de son index
Un horizon blafard qui me laisse perplexe.
Image de l’innocence, d’un printemps révolu,
D’un cœur ouvrant les portes de l’amour, résolu
A répandre l’espoir par-delà les sceptiques,
Tous ces morts en sursis, au regard famélique.
Je fus cet enfant-là, celui qui disparaît,
Qui semble s’évanouir la besogne remplie,
Sans qu’un son sur ses lèvres ne confirme la paix
Ni n’efface l’angoisse qui me tord et me plie.
Je demeure fourbu, éreinté, écrasé,
Le choc fut salutaire mais la nuit est glacée.
Tandis que je relève, comme un pantin cassé
Mon corps et ma raison, tandis que mon passé
M’est ainsi révélé, je recommence à croire,
L’image s’accentue au centre du miroir.
Le découragement cesse remplacé par l’espoir
Et Je suis désarmé par ma propre victoire.
Pouvons-nous retrouver cette innocente image
D’un possible bonheur, et s’il n’est pas trop tard,
Alors quel est le prix qu’il nous faut consentir
Pour que nos lendemains ne soient pas des hasards ?
Sommes-nous à la fois la lumière et le fou ?
Déchiffrons-nous toujours du symbole l’atout ?
Au tréfonds de nos cœurs où siège le repentir
Pouvons-nous retrouver l’originel arôme ?
La saveur des saveurs qui fait ce que nous sommes
De solides maçons, des Hommes en devenir.
La fable dit que OUI ; l’enfant omniprésent
Veille dans la pénombre de nos cœurs fatigués
Et à la réflexion, c’est comme un cabinet
Où nous nous plongerions, sanctuaire apaisant
Où l’âme se régénère, où la raison du cœur,
Modère nos passions pour construire le bonheur.
Que devint la valise ?, et que contenait-elle ?
Mais elle est toujours là, je la traîne partout
Et elle contient tout ;
Enfin, presque tout ;
Ce que j’y ai mis
Mes doutes et mes farces
Mes amis, mes ennemis,
Ce qui fait ce que je suis
Ni sourire ni grimace
Un maillon minuscule
Dans une solide chaîne.
Et quand l’indécision, et quand l’intolérance
Frappent trois petits coups mais avec insistance
Je l’ouvre cette valise,
Tout en grand,
Et j’y puise mon destin.
Philippe Jouvert.
Avec l'aimable autorisation de Philippe Jouvert
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