SECRET OU DISCRET
Il y a ceux qui dissimulent dans le secret de leur cœur leur appartenance à la franc-maçonnerie. Il y a les discrets, les prudents, les craintifs peut-être qui pensent que cela peut nuire à leur carrière professionnelle ou qui pense que leurs amis, ceux qui n’en sont pas, sont hostiles à l’institution.
Et puis il y a l’autre versant de la montagne, ceux qui sortent de l’ombre, les vaniteux parfois, qui répandent à tout va leur appartenance, ceux qui se servent de l’institution et oublie qu’ils ont fait serment de la servir, c’est pour eux un hypothétique marche-pied pour atteindre on ne sait quoi d’ailleurs ! En général ils sont aussi atteints d’une maladie maçonnique souvent transmissible : « la cordonnite »ses symptômes sont reconnaissables, ces sœurs ou ces frères ressemblent à des généraux Mexicains paradant dans les loges.
Et puis il y a la grande majorité des sœurs et des frères ceux qui par leurs attitudes, leurs actes, leur exemplarité en toutes circonstances démontrent qu’ils en sont et pourquoi ils en sont. Tout le monde peut les reconnaître facilement grâce à leurs mots de passe et leurs mots secrets comme : « Je peux vous aider ? » « N’hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit je suis là. » ou encore « comment puis-je faire pour vous aider ? »
Et puis comment pouvons-nous porter en dehors du temple, les vertus, les messages reçus, si nous restons dans le silence et la discrétion totale ?
Je vous rassure j’ai rencontré des sœurs et des frères fiers d’en être, ils ne baissent pas les yeux quand ils sont découverts. Ce sont les mêmes qui quand ils rencontrent leurs sœurs, leurs frères, en dehors de leur loge, vont spontanément et discrètement leur serrer la main. Ceux-là ont une seule règle ne pas dévoiler autrui sans son consentement, c’est le respect de la liberté de chacun. Alors le dire ou pas, causer un peu ou pas ?
JF.
Causons un peu !
Bavardons, échangeons, j’ai tant besoin de vous,
Tant besoin de savoir, et tant besoin d’amour ;
Les premiers mercredi et 3èmevendredis du mois
Je vais au Temple ! Je vais me ressourcer ! Je vais « communier ! »
Ne vais-je pas fuir,
Puisque je vais chercher « refuge »,
Puisque je vais fermer les yeux ?
Vais-je ouvrir mon cœur, vais-je me ressourcer ?
Tous les autres mercredis, tous les autres vendredis,
J’affronte les railleries, les regards sombres,
Les reproches muets de mes frères profanes…
Peu de gloire au travail m’accompagne,
Je trime sans discernement, m’esquintant le corps et l’esprit ;
Je m’éparpille, pris au piège de ma routine,
J’entretiens mon ennui ;
Quelquefois j’aperçois, heureux et festoyant,
Un frère du temple, un frère de l’ombre,
Il agite une « vague main », semble me reconnaître,
Comme tel,
Comme tel désarroi,
Telle misère de l’âme ;
Il est sincère, heureux, cela j’en suis sûr,
Heureux de me croiser, heureux de nos secrets,
Et je le suis aussi, mais ces comportements délicieux et furtifs
Sont induits par notre appartenance
Au même temple, poussiéreux,
Qu’avons-nous fait de nos talents ?
Qu’avons-nous fait de nos serments ?
La rupture semble inéluctable,
Consommée, avec le monde, le profane.
Le grand rassemblement des forces humanistes
N’accueille-t-il que des ombres ?
Bâtisseurs que nous sommes,
Où sont les ponts ?
Qu’avons-nous fait des hommes ?
Comment restituer, comment guérir de ce malaise de l’âme
Qui me ronge au dedans et annihile mes forces ?
Ma quête commence là ! C’est trouver des réponses,
C’est justifier cela ; ma présence là-bas
Et l’aventure ici ;
La grande, l’immense aventure de la vie.
Philippe Jouvert.
Avec l’aimable autorisation de l’auteur.
« Aucun chemin ne mène où il faut s’élancer. Chaque pied qui en folle confiance se place devant l’autre fait surgir le bout de chemin nécessaire au prochain pas. »
Christiane Singer.
Il faut faire naître en soi le paradis, comme le préconisait Angelus Silesius.
« Homme, si le paradis n’est pas d’abord en toi. Entends-moi bien, aucun chemin ne t’y mènera. »
Angelus Silesius. – Extrait du Pèlerin Chérubinique.
Note à propos du Pèlerin Chérubinique d’Angélus Silesius.
Itinéraire spirituel et social hors du commun que celui de Silesius Angelus (1624-1677) ! Médecin réorienté vers la poésie, protestant converti au catholicisme et devenu franciscain, la mystique l'habite ainsi qu'en témoignent ses vers : Le lâcher prise rend l'homme capable de Dieu. Mais lâcher Dieu même Est un lâcher prise que peu d'hommes saisissent. Point culminant d'une recherche silencieuse de trois ans, ces "épigrammes et maximes spirituelles pour enseigner la contemplation de Dieu", dont nous avons ici des extraits, sont considérées comme un des chefs-d'oeuvre de la littérature allemande. Silesius s'inscrit dans la lignée de la mystique rhénane, qui remonte à Maître Eckhart, et de la "théologie négative", selon laquelle Dieu est au-delà de tout, et donc au-delà de toute parole. Pourtant, la disponibilité intérieure nous le rend perceptible. C'est de cet éblouissement que jaillissent des mots sublimes, propres à rendre tangible l'ineffable, comme : "La rose est sans pourquoi." --Colette-Rebecca Estin
Source Babelio.