LAÏCITÉ TOLÉRANCE & FRANC-MAÇONNERIE
Je reviens vers vous comme promis, avec un deuxième article sur le livre de Robert de Rosa : Laïcité, Tolérance & Franc-Maçonnerie. Dans le premier article du 11 novembre, il était question de l’acte de naissance de la laïcité.
Aujourd’hui mon but est de vous donner l’envie de lire les chapitres 2 et 3 où l’auteur donne d’abord sa définition de la laïcité et sa vision sous le prisme d’un enseignant et franc-maçon de la tolérance.
Il est incontestable que la laïcité a vu le jour sous la pression d’hommes ne supportant plus, la main mise par l’église catholique sur la société générale. Sa volonté de conserver et d’étendre son pouvoir temporel séculaire. L’église catholique voulait rester une religion d’état, dirigée par Rome, prétextant être la seule garante de l’ordre moral. Ce qui après la révélation des lumières était intolérable.
Robert de Rosa évoque néanmoins un des dangers de la laïcité ou plutôt d’une forme de laïcisme, qui serait de vouloir faire de la laïcité en quelque sorte une religion de substitution à l’usage des athées et des agnostiques. Ce serait confondre religion et spiritualité, notions radicalement différentes, il y a des spiritualités sans clercs et sans religions.
Peut-on parler de Spiritualité laïque ? André Comte Sponville et Luc Ferry non croyants défendent de concert cette idée. Voir le livre d’André Comte Sponville : « L’esprit de l’athéïsme – Introduction à une spiritualité sans Dieu. »
Robert de Rosa quant à lui pense qu’il y a antinomie entre les termes spiritualité et laïque. En clair pour lui il ne peut pas y avoir de spiritualité laïque, « accoler un adjectif a spiritualité c’est en réduire la portée universelle. »
Il nous donne sa définition de la laïcité qui ne se situe pas sur le même plan que la spiritualité.
« (…) c’est une disposition législative qui doit préserver l’exercice de toutes les formes de spiritualités. »
Je dirais que le compas de Robert de Rosa est plus ouvert. Il complète sa définition sur les valeurs de la laïcité :
« La première d’entre elles porte le nom controversé de tolérance, et s’accompagne de la liberté de conscience. »
La lecture de ce chapitre, vous permettra de vous faire par vous-même en toute liberté votre jugement sur ce qu’est la laïcité.
Dans le troisième chapitre de son livre il est donc question de la tolérance chère aux francs-maçons et aux hommes éclairés et ouverts.
Le chapitre commence par une citation de Gandhi :
« Je n’aime pas le mot tolérance, mais je n’en trouve pas de meilleur. »
Historiquement les religions ont fait preuve d’intolérance, ce n’est pas les dénigrer, c’est factuel, l’inquisition, les massacres de la Saint-Barthélémy illustrent tristement cet état de fait. Aujourd’hui cette intolérance est encore très présente en Inde, en Iran etc….
Une communauté quelle qu’elle soit, ne peut imposer ses dogmes à une nation entière, c’est une pratique barbare. Robert de Rosa écrit :
« Il y a une légitimité des peuples à devenir eux-mêmes, comme il y en a une pour soi à se réaliser hors d’un cadre défini par d’autres. »
La tolérance c’est aussi pour lui : « la nécessité de reconnaître l’autre comme un égal jouissant des mêmes droits. »
Il prône pour une tolérance raisonnée, constructive, en affirmant :
« Que les seules bornes à lui fixer, sont celles de la réciprocité. »
Le but est donc d’atteindre dans la société, une harmonie, un quotidien partagé. Pour ma part je suis un las du fameux ‘vivre ensemble’ que l’on nous afflige à tous propos, il me semble réducteur, cela ressemble trop à ‘se supporter’ c’est le mauvais sens de se tolérer ! Cela induit une forme de tension, un couvercle que l’on ait obligé de mettre sur la marmite et non un apprentissage du véritable partage, une construction de la fraternité.
Robert de Rosa adoptant le langage maçonnique parle de « (…) servir l’humanité en général dans un homme en particulier. »
IL nous demande de « prendre place » cela rappelle les rituels maçonniques d’ouverture des travaux. Il y a du travail sur la planche à tracée.
Nous avons les outils et les mots à nous de nous en saisir, avec fermeté, compassion et amour.
Nous éviterons de tomber dans l’hubris qui nous guette. Robert de Rosa conclu ce chapitre sur la tolérance par les paroles d’Aristote :
« La vertu et l’homme vertueux sont la mesure de toute chose. »
Je tolérerais sans regret que vous lisiez ce livre, qui éclaire parfois des notions qui restent confuses dans cette période assombrie par l’intolérance.
Je reviendrais encore sur ce livre qui décidément manquait.
Jean-François Guerry.
Robert de Rosa, enseignant, plasticien, auteur, Franc-Maçon à la Grande Loge de France où il est Directeur de la Rédaction la Revue Points de Vue Initiatiques, vient d’écrire : « Laïcité, Tolérance et Franc-Maçonnerie », édité chez Numérilivre Éditions des Bords de Seine.
À LIRE : « Laïcité, Tolérance & Franc-Maçonnerie- de Robert de Rosa.
Chez NUMÉRILIVRE- Éditions du Bord de Seine-
152 Pages. Prix 20€ - ISBN : 978-2-36632-1524