LE GARDIEN DE LA TOUR- PART- III - : Du Terrestre au Céleste.
Le temps de l’alliance entre le terrestre et le céleste est peut-être venu, le discours du « mat », de l’initié, de Moïse, le Deutéronome nous dit dans son ultime message que le Maître mourut il fut enseveli dans la Vallée de Moab.
Le mat a fait son chemin, il a réalisé son chef d’œuvre, il a construit son temple matériel, appris les arts libéraux, voyagé entre les deux sphères.
Cependant il y a en lui un manque, il est encore dans le désir, dans la recherche de la complétude, la descente en lui-même ne lui saurait suffire, pas plus que la connaissance du monde et des autres, il a compris la fatuité des idoles humaines, il a vu la destruction du temple de Salomon et son renoncement à la vertu, à sa sagesse. En descendant dans la Vallée il aspire à retrouver son unité originale.
Il est maintenant en exil Babylone, cité des merveilles, cité des vices, cité de Babel, faut-il encore reconstruire un nouveau temple pierre ? Il pleure au bord du fleuve la cité de son enfance, la cité de sagesse et de justice, Jérusalem. Alors il entend les paroles d’Ézéchiel, la révélation.
L’initié peut voir dans la tour celle de Babel ou l’annonce de la cité sainte d’Ézéchiel à lui de choisir. La Tour Foudroyée est-elle cette Babel de l’orgueil et de l’ambition qui précipita la chute d’Icare ou la Maison Dieu la cité de l’esprit ? C’est la question posée à votre libre arbitre. Que ferez-vous de votre vie ?
Si l’on observe les sautoirs arborés par les gardiens dans certaines loges maçonniques, l’on voit une tour qui n’est pas foudroyée, bien droite, bien solide, les gardiens ne sont donc pas soumis à l’ivresse de l’altitude, est-ce un indice ?
Armés de leurs épées les chevaliers de l’esprit œuvrent pour la descente de la Jérusalem céleste, ils sont dans une loge de Saint -Jean celui de la vision de Patmos, c’est un autre indice.
La Tour est aussi un symbole héraldique elle représente la dernière défense du Château en elle est la force ascendante, régénératrice, le phallus reproducteur. De plus chacun sait que la foudre et la destruction vient de la terre et non du ciel, c’est le tonnerre, la parole de Dieu, la parole spirituelle régénératrice qui succède à la foudre. C’est bien le message de Jean de Patmos, dans la lignée d’Ézéchiel, une véritable théophanie de la voix spirituelle. Une nouvelle alliance pour la construction d’un temple indestructible le temple de l’esprit, dont la pièce maitresse est cette tour qui renferme le tabernacle. Le frère gardien du seuil et les premiers et seconds grands gardiens, sont situés sous le fronton intérieur, à la porte à l’endroit où l’on peut lire ordo ab chao.
À l’opposé de loge se trouve un autre gardien, le gardien des sceaux, il est dans le sanctuaire, il garde précieusement les archives, les messages pour leur transmission, dans leur pureté originelle.
Les Chevaliers dans les Vallées, sont les gardiens de la cité sainte, la Jérusalem céleste. Ils forment une garde sainte, que René Guénon dans son livre : Symboles de la Science Sacrée- au chapitre les Symboles centre du Monde- Les gardiens de la Terre Sainte.
Le centre du monde spirituel est sans doute Jérusalem la trois fois sainte, et ses gardiens, sont ceux du Palais intérieur. Là dans les Vallées coulent les fleuves Chaldéens de Pardes, ceux du paradis terrestre, qui envahissent la terre par les quatre points cardinaux, ils cheminent, vers le centre caché, secret, sacré.
La Tour serait donc un centre spirituel, l’axe du monde, ceux qui sont à l’intérieur détiennent, les pouvoirs secrets, parce qu’ils ont acquis le degré initiatique requis pour transmettre la tradition. Ce sont de pauvres et humbles chevaliers qui se tiennent près de la Tour, que René Guénon décrit ainsi :
« Nous dirons que les gardiens se tiennent à la limite du centre spirituel, pris dans son sens le plus étendu, ou à la dernière enceinte, celle par laquelle ce centre est à la fois séparé du monde extérieur et mis en rapport avec celui-ci. Par conséquent, ces gardiens ont une double fonction : d’une part, ils sont proprement les défenseurs « de leur Terre Sainte » en ce sens qu’ils en interdisent l’accès à ceux qui ne possèdent pas les qualifications requises pour y pénétrer, et ils construisent ce que nous avons appelé « la couverture extérieure » c’est-à-dire qu’ils cachent aux regards des profanes ; d’autre part ils assurent pourtant certaines relations régulières avec le dehors…. »
Même dans le Tarot il y a le monde du dedans et le monde du dehors.
Les gardiens de la Tour intercèdent donc entre le monde extérieur, matériel, le temple de pierre et le monde intérieur, le temple spirituel construit dans l’espace sacré avec l’intelligence du cœur.
Cela méritait bien la construction d’une Tour et l’on ne voit pas bien pourquoi elle serait foudroyée !
Le Mat, l’initié se trouve au pied de la Tour, là où se trouve aussi le franc-maçon au pied du mur, à l’heure du choix quand le soleil est au zénith, il doit prendre de sa libre volonté, le chemin du réel et laisser celui des apparences.
C’est ce qui nous enseigne l’interprétation du Tarot Initiatique de José Bonifacio à propos de sa Tour Foudroyée extrait :
« Cet arcane montre que le Sage n’a rien à craindre du Feu du Ciel ; il sait qu’il doit en lui-même réaliser une descente aux Enfers pour gagner sa liberté intérieure ; il sait aussi que ce voyage sera sans péril pour lui. Il sait encore que, pour résoudre un problème dans le Monde d’en bas, il est souvent nécessaire de passer par une démarche négative qui le conduira à un objectif positif. » (José Bonifacio)
Cette interprétation du parcours de l’initié est illustrée par le dessin géométrique ci-dessous, il y a de guématrie dans cette géométrie mais c’est une autre histoire à suivre…
Jean-François Guerry.
À SUIVRE : Le Gardien de la Tour – Part – IV- : La course de l’étoile céleste.