TOURNER SON REGARD VERS L’ORIENT
Quand la loge est dûment couverte, quand le silence règne, que les ouvriers sont à leur place, quand les mots, les signes sont connus. Les regards se tournent vers la Lumière de l’Orient.
Alors le passage est ouvert, des ténèbres vers la Lumière, la tension se fait vers le sacré.
S’agit-il d’un rite de l’Égypte ancienne, un mystère de la Grèce antique, un rite cosmique, chaque tradition a ses rites propres, mais ils sont tous éclairés par la même Lumière, ils proposent au cherchant la Connaissance.
Chaque tradition transmet sa Connaissance initiatique, le soleil lumière et feu se lève chaque matin à l’aube, l’esprit s’éveille sous l’effet de sa chaleur, il brûle du désir de connaître.
Intrigué par l’article de Roger Dachez paru récemment dans le 8ème Cahier de l’Alliance la revue de la Grande Loge Maçonnique de l’Alliance Française, avec le titre de : « Sous le signe d’Harpocrate ». Harpocrate qui n’est en fait que la représentation grecque de l’enfant dieu Horus fils d’Isis et d’Osiris les personnages légendaires d’Égypte. Horus fait le signe du silence bien connu des Francs-Maçons.
Bien sûr ce n’est pas le doigt posé sur la bouche qui nous intéresse, mais le silence nécessaire au secret et au mystère du sacré. Le silence pont à franchir, exercice indispensable à la méditation spirituelle.
Le silence ouvre donc la porte vers le sacré, le sacré qui est partout et en tout et que pourtant nous ne voyons pas. Le sacré qui est relié au divin, est l’Ein sof des Kabbalistes, l’Or spirituel des alchimistes, et peut-être l’humus qui fait l’homme et l’humanité ?
Le sacré féconde l’homme intérieur, l’homme spirituel, j’en reviens naturellement à Horus l’enfant dieu, conçut sur les bords du Nil, du fleuve sacré des égyptiens, ou sur les bords du Gange, de l’Euphrate, de l’Amazone, du Jourdain, peu importe…
Isis a rassemblé les morceaux épars d’Osiris son mari et son frère à la fois, la chair avait quitté ses os, tout était désuni, il lui fallait retrouver l’unité, fût-ce avec des mots substitués, retrouver une forme de verticalité, Isis la veuve mythique voulu un enfant à l’image Osiris.
Elle parvint grâce au rayon de lumière provenant des yeux d’Osiris et grâce à sa tendresse et la force de son amour, redonner à Osiris tout son éclat. Ce rayon de lumière en Z fit renaître la splendeur d’Osiris il réapparu plus radieux que jamais dans son fils Horus. Ainsi Horus fût l’enfant de la veuve, l’enfant de la Lumière.
Une autre légende raconte que Horus naquit sous la forme d’un faucon protégé et mis au secret sous les ailes déployées de sa mère, transformée en rapace, elle le protège dans les roseaux du fleuve.
L’enfant dieu Horus est alors représenté sous la forme d’un faucon et son œil son symbole emblématique. L’œil central devient ainsi la représentation du principe divin, l’œil du cœur. Cet œil différend des yeux liés à la lune et au soleil. Ce qui fit dire à Saint-Exupéry : « L’essentiel est invisible pour les yeux, les yeux sont aveugles il faut chercher avec le cœur. »
L’œil divin, sacré d’Horus, l’œil du cœur qui permet de voir l’invisible. René Guénon le situe au centre du triangle maçonnique. Il est unique, immobile selon Platon, c’est l’œil de l’âme, l’œil de la Connaissance.
Les Égyptiens pratiquaient le culte du soleil, les francs-maçons se déplacent dans le sens solaire, le frère Goethe voyait aussi cet œil solaire, cet œil de la Lumière :
« Si l’œil n’était pas de nature solaire. Comment pourrais-tu apercevoir le soleil ? »
L’œil central du delta lumineux, est le principe réunificateur, il préside aux travaux qui se font à la Gloire du Grand Architecte, travaux qui visent à régénérer l’unité en nous, à réunir ce qui est épars.
C’est bien avec ce troisième œil, cet œil intérieur, que l’on passe du visible des apparences à l’invisible du réel. Jacques Rolland dans « Symbolisme Maçonnique de l’Ancienne Égypte » écrit :
« Ce troisième œil, permet alors de voir dans l’invisible, un peu à la manière du spectre de l’arc-en-ciel, où l’ultra- violet est absent, mais cependant présent. »
L’œil d’Horus permet de voir la réalité pure, débarrassée des impuretés profanes. Il devient l’œil de notre conscience, l’œil de la justice, cette justice qu’Isis que n’a cessé de réclamer Isis pour Osiris et Horus. Que nous demande la franc-maçonnerie si ce n’est de défendre la justice ..
Les rites de maquillage égyptiens et encore présents de nos jours sont-ils pratiqués pour attirer notre regard vers l’intérieur et ensuite répandre la beauté du cœur vers l’extérieur ?
L’œil au centre du delta lumineux maçonnique, inspire les travaux, incline à la pratique des exercices spirituels propres à faire jaillir la lumière intérieure, l’œil du delta, est-il comme l’œil divin d’Horus qui demandait aux scribes et aux Pharaons, de porter à l’extérieur du temple la lumière qu’ils avaient reçus à l’intérieur. De transmettre cette hiérophanie, cette manifestation du sacré, dans la société qui en avait besoin et qui en a encore besoin de nos jours. Je terminerais par cette remarque le signe du silence de Horus et son œil du cœur, peuvent-ils êtres comparés au silence de notre maître secret, notre maître intérieur et à cet œil descendu de l’orient et présent la bavette d’un certain tablier maçonnique.
Jean-François Guerry.