Mon ennemi, mon frère.
Jorge Valls Arango est mort le 22 octobre 2015 à l’âge de 82 ans, il était né à la Havane, dans le quartier de Mariano le 02 février 1933, il était le fils d’un immigré catalan et d’une cubaine, inscrit à la faculté de philosophie et lettres de la Havane, il manifeste tout de suite son opposition au coup d’Etat de Batista, il est alors arrêter en 1952. En 1956 il rejoint le Directoire révolutionnaire, une organisation fondée par des universitaires, qui va lancer la résistance armée contre Batista dans les villes. Selon l’historien Rafael Rojas, la trajectoire du jeune homme montre l’influence du Parti révolutionnaire cubain, dit Parti authentique, et sa méfiance à l’égard du Parti orthodoxe d’Eduardo Chibas, à cause de sa « démagogie » et de son culte de la « pureté ». Or, ce dernier était justement le mentor de Fidel Castro. Il est arrêté comme activiste politique par Castro en 1964 il fera 20 ans de prison en 1984, il s’exile à Miami. Il a payé cher son engagement civique contre deux dictatures. Jorge Valls catholique social démocrate, à écrit un livre : Vingt ans et quarante jours : la vie dans une prison cubaine. Il a écrit également des poèmes. Cet homme qui a tant souffert a toujours préconisé la miséricorde et le pardon, jamais il n’a appelé à la vengeance et au ressentiment., tout en montrant sa détermination contre les dictatures, il a été porteur de la vérité, il refusait un avenir sanglant pour son peuple. Après sa libération il est venu en France, puis s’est rendu à Rome, François Régis Hutin directeur du quotidien Ouest-France, qui était alors en voyage également à Rome raconte, qu’il failli être refoulé de Rome n’ayant pas de passeport, c’est le Saint-Siège qui pris l’initiative de lui fournir les documents nécessaires. Quand Jean Paul II arriva dans la salle de l’audience, Jorge Valls se jeta dans ses bras en pleurant. Il avait apporté dans un linge un peu de terre du tertre ou l’on fusillait ses amis prisonniers. Ce geste résumant en un instant symbolique toute sa vie, de combat, de prisonnier, mais aussi et surtout d’homme miséricordieux.
Jorge Valls cet homme exemplaire, nous rappelle l’enseignement de certains grades Maçonniques dit de vengeance, et dont la légende, nous incline à fuir l’esprit de Vengeance et a pardonner à nos frères et à tous les hommes. Vivre dans la vengeance, ne distille en nous que peu à peu le fiel de l’amertume et nous rends malheureux le bonheur, la paix et l’harmonie ne se trouvent que dans la force du pardon. Cette valeur du pardon est une valeur universelle que nous soyons chrétien ou non, croyant ou non. Merci à Jorge Valls pour son exemplarité et son témoignage.
A Cuba la Franc-Maçonnerie depuis des temps reculés à une histoire forte, la Maçonnerie Cubaine s’est beaucoup développée sur place et en exil. Une des figures de la Franc-Maçonnerie à Cuba, fût José Marti né le 28 janvier 1853 mort le 19 mai 1895 à 42 ans. Fidel Castro se réclame de ses idées, il lui servi plutôt de faire valoir. Pablo Neruda a loué José Marti dans un de ses poèmes, il existe plusieurs statues dans le monde de José Marti à Cadix en Espagne, à Mexico et à New York et bien sûr à la Havane de nombreux monuments lui sont dédiés.
José Marti a été initié en 1871 en Espagne à Madrid dans la loge Caballeros Cruzados Nº 62, Gran Oriente Lusitano Unido, dont il a été secrétaire. Ces loges étaient connues comme indépendantistes et travaillaient plus ou moins dans la clandestinité. La loge madrilène de Marti, considérée comme un repaire de Cubains indépendantistes, a été fermée.
José Marti est actuellement considéré comme l’âme de la nation cubaine, et la chanson dont ses vers composent les paroles, « la Guantanamera », comme l’hymne non officiel du pays.
Fermín Valdés Domínguez, a été le premier à mentionner le lien de Martí avec la franc-maçonnerie. Ses déclarations ont été publiées en mai 1908 dans le journal El Triunfo et elles parlent de la période où le penseur cubain était en Espagne.
« Je dédiais les soirées de mes jours de trêve aux théâtres ou à la loge maçonnique, cette loge – Armonia -, que présidait le général Pierrat ou le notable musicien Max Marchal, dans laquelle Martí était l´orateur ; un endroit où se donnaient rendez-vous hebdomadairement tous les jeunes cubains se trouvant à Madrid (…) »
A Santiago de Cuba, la statue qui représente José Marti, et dont le socle est orné de l’équerre et du compas, l’unit au Frère Carlos Manuel de Cespedes, puisqu’elle est érigée sur la place Cespedes. Tous deux ont combattu et donné leur vie pour l’indépendance de Cuba.
A Cuba, à l’extérieur du temple maçonnique de Viñales, sont inscrites ces paroles de José Marti un Franc-Maçon :
La maçonnerie n'est que la mise en oeuvre de la pensée autour de la liberté
Travailler de manière irréprochable, perfectionner l'exercice de la liberté, préparer les citoyens à la vie publique, soutenir la réalisation de toute idée noble, voilà, sans rien d'anonyme ni de caché, quels sont les mystères de l'ordre maçonnique.
La maçonnerie n'a pas plus de secrets que l'intelligence et l'honneur. Le fardeau des passions malsaines est laissé à l'entrée et on s'applique à oeuvrer de manière irréprochable en son sein.
JFG