Cow Boy sur la Plage de Quiberon et a poor lonesone comboy.
Je me souviens de mes jeunes années, des dimanches après-midi qui s’étiraient lentement après les agapes familiales, de la télé en noir et blanc que nous allumions avec parcimonie et du western que nous attendions avec impatience, celui qui passait après les « histoires sans paroles ».
Les grands espaces, le rio Grande, la Monument Valley, la poussière, les cow-boys et les indiens, les Winchester et les colts qui tuaient sans verser de sang visible, des histoires simples et faciles à comprendre, le bien était de ce côté-ci, le mal, c’était les autres, les méchants. Dans ce pays aux habits neufs où se pressaient tous ceux que faisaient rêver la rédemption d’une vie recommencée, il fallait réinventer des traditions, revisiter les légendes et donner aux héros des visages inédits.
Or far-west ou pas, les mots de Lucrèce restent pertinents par-delà les siècles et les océans : Ex nihilo nihil, rien ne nait de rien et, si le western a si longtemps été un genre à succès, c’est bien que les mythes qui le sous-tendent nous sont particulièrement familiers. L’un d’entre eux surtout qui, depuis des milliers d’années, nous aide rien moins qu’à supporter les malheurs grands ou petits auxquels tout humain fait face chaque matin.
Car le western, comme dans les contes pour enfant et sur le même schéma que les légendes de nombreuses cosmogonies, nous raconte toujours une tragédie qui se termine bien. A l’instar de la vie que nous menons (ou, plus souvent, qui nous mène…) nous aimons croire que, malgré tout, tout ça se terminera bien et qu’après la pluie, les orages et les tourmentes viendra le beau temps, un jour ou l’autre. De même, quels que soient les aléas où les plonge le scénario, les dangers qu’affrontent les personnages, les périls auxquels ils s’exposent, le western dramatique se termine toujours sur le célèbre happy end.
Or la désaffection du public pour ce genre aux codes si précisément identifiés est peut-être bien la marque la plus sûre du désenchantement où nous baignons aujourd’hui. Très loin de la tragédie qui se termine bien nous sommes, de nos jours, plus enclins à envisager la vie et ses vicissitudes naturelles comme une comédie satirique qui se termine mal. Hic terminus haeret.
Théodore Neville.