En 1786 il rejoint ses terres d’Auvergnates à Chavaniac, il s’alarme de la situation qu’il trouve sur place et que connaissent bien d’autres régions. Il décrit ainsi l’état de la France :
« Ses agriculteurs abandonnent leurs charrues, ses artisans leurs ateliers (…), ses plus industrieux citoyens, dépouillés de ce qu’ils gagnent chez eux (…), n’ont bientôt plus d’alternative que la mendicité et l’émigration. »
Il est excessif de faire une comparaison entre cette situation de fin de régime et notre situation actuelle, mais peut-être pas hasardeux, les prémices sont-t'ils déjà à notre porte.
Lafayette s’indigne dans ses interventions publiques des privilèges injustement accordés aux princes et aux protégés du régime en affirmant haut et fort que :
« Tous les millions abandonnés à la déprédation ou à la cupidité sont le fruit des sueurs, des larmes et peut-être du sang des peuples. »
Le 29 décembre les mécontentements prenant de l’ampleur, le Roi Louis XVI convoque une assemblée de notables à Versailles.
Il est décidé la suppression de la Gabelle, l’abolition des lettres de cachet, la fermeture des prisons d’état. L’institution d’un statut légal pour les protestants qui deviennent des citoyens à part entière. C’est la promulgation de « L’Édit de tolérance » du 19 Novembre 1787.
Lafayette ne saurait se contenter de ce qui est pour lui un ensemble de mesurettes et la reconnaissance de la justice pour tous les citoyens.
Lafayette écrit : « Ce n’est pas la tolérance que je demande c’est la Liberté. » pour « tous ces peuples toujours proscrits, errants, vagabonds sur le globe, ces peuples voués à l’humiliation…les juifs. »
Il réclame une Assemblée Nationale ayant pouvoir de voter les impôts, ainsi qu’une convocation des États Généraux. Il faillit être embastillé, le Roi s’y oppose. Il mène ensuite une révolte fiscale des nobles Bretons, plusieurs seront embastillés, il dénonce les dépenses outrancières de la Reine.
Il est sur tous les fronts de la Liberté il écrit à Georges Washington en 1786 :
« Je vais travailler à affranchir mes nègres, expérience qui est vous le savez, mon rêve favori. » Lafayette possède des propriétés en Guyane. Il sera membre de la Société des amis des noirs. Il sera membre également de plusieurs ou l’on débat d’idées nouvelles, en mars 1789 il est élu député de la noblesse de Riom, quelques jours avant il avait déposé à l’Assemblée Nationale, un projet de « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.» écrite avec l’aide de Thomas Jefferson. Le texte sera adopté le 26 août.
Nous sommes orphelins d’hommes de la trempe de Lafayette, volontaires, courageux, désintéressés qui n’hésitent pas à montrer leur préférence pour l’intérêt de l’ensemble de leurs concitoyens, renonçant à ses propres intérêts.
JFG
Sources : Lafayette par Bernard Vincent, et le Lafayette de Gonzague St Brice, les deux aux Éditions Folio Gallimard.