Le titre de l’ouvrage interroge en effet j’ai souvent entendu en Loge et sur les parvis cette formule « Nous sommes tous des Apprentis ». Cela à un certain parfum de condescendance vis à vis des jeunes Francs-Maçons ou de fausse modestie. En effet il est curieux après avoir été reconnu digne par ses Frères de gravir les marches de l’escalier, de confesser qu’en fait cette augmentation de salaire est usurpée. Bien entendu l’assimilation totale ou plus justement optimale d’un grade ne se réalise souvent que dans le vécu du grade suivant.
Bien entendu nous ne sommes pas des Éternels Apprentis au sens premier, que nous ayons toujours des pas à accomplir et des degrés a assimiler cela ne fait aucun doute, que l’escalier tournant soit en forme de spirale c’est une évidence, cela nous permet de revenir avec constance et persévérance sur le chemin initiatique. La deuxième partie du titre « L’intelligence des Mystères » interroge également sur le rapport entre intelligence et Mystères. Je verrais personnellement plus de rapprochements à faire entre intuition et Mystères, qu’entre intelligence et Mystères. Est-ce avec le secours de l’intelligence que je puis comprendre et expliquer les Mystères ?
Ces deux réflexions m’ont poussé a essayer de comprendre la démarche des deux auteurs : Marie Lorenzi Agrégée de Littérature Classique et Maxime Giraudon historien de l’art et
d’archéologie.
Extraits :
De l’intention des auteurs : « Il s’agit d’éviter d’enfermer l’apprenti dans le piège de la symbolomania, symbolatrie ou symbolocratie comme l’affirme Maître Eckart ‘ l homme qui s’arrête aux délices des symboles n’arrive jamais à la vérité toute entière. »
« …La lecture de l’image. En effet en ce qui concerne les supports iconiques, textuels et gestuels qui s’offrent dans le temple et durant les tenues, l’interprétation se situera, au point de rencontre de trois intentions :
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Intentio auctoris (l’intention de l’auteur des Rituels), ici il s’agit de contenus rituéliques voulu par les pères fondateurs à savoir les messages qu’ils entendent transmettent, leur visée étant de participer à la construction du Franc-Maçon.
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Intentio operis (intention de l’œuvre ou du travail de l’œuvre) on entend par « œuvre » l’ensemble des symboles, des outils, des rituels, des métaphores composant la culture Maçonnique. A un moment donné, cette œuvre dépasse l’intention de ses auteurs, existe par elle-même comme une œuvre ouverte. Elle engendre des pistes de lecture qui ouvrent sur des possibilités interprétatives.
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Intentio lectoris celle du Maçon herméneute qui peut interpréter subjectivement l’œuvre. Cela fait partie de la réception de l’œuvre. En effet il s’agit de la part de subjectivité de celui qui lit. Il doit être le propre lecteur de soi même.
L’ouvrage d’un écrivain n’est qu’un espèce d’instrument d’optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans le livre il n’eût peut-être pas vu en soi-même. Autrement dit l’interprétation se situe au croisement de ces trois intentions. »
Cette approche globalisante, voire intellectuelle qui dissèque le processus de la démarche initiatique par une sorte d’analyse, pour ensuite faire une tentative de globalisation dans l’esprit de l’adepte, laisse t’elle une part suffisante au ressenti à l’expression des émotions issues du cœur.
Je crains que cette didactique ne rebute l’apprenti cherchant entrant récent dans le chemin de l’initiation, et qu’il ne fasse une confusion certes hâtive mais bien compréhensible entre recherche initiatique et intellectuelle.
Ce livre conviendra sans doute à celui qui ayant gravi les premières marches et est en recherche de sens, ou à celui qui s’égare et ce disperse dans le symbolisme, ayant des difficultés à réunir ce qui est épars et pourtant à sa portée.
C’est en tout cas une propédeutique pour passer des connaissances à la connaissance. C’est ce qui fait l’utilité du livre et le justifie.