La simple évocation de ce mot dans une société de la dictature des apparences, paraît presque une incongruité. Si l’on y regarde pourtant de plus près, à la racine en quelque sorte, ou par la porte « qui est en dedans », pour les grecs « esô » signifiait de l’intérieur, il deviendra « esôterikos »
L’ésotérisme doctrine enseignée à des adeptes, des initiés comme le furent par exemple les Pythagoriciens.
L’ésotérisme côtoie le secret, par extension le mystère, et ainsi de proche en proche, cela commence à sentir le Soufre ou bien le mercure, le langage ne devient accessible qu’aux poètes à ceux qui ont reçus la Lumière, que les rationalistes désignent comme des « illuminés » ceux qui parlent avec les oiseaux, héritiers des troubadours.
Le profane celui qui n’est pas initié y voit un peu tout : des phénomènes paranormaux, magico mystiques, des miracles, une médecine parallèle etc …
Plus sérieusement peut on qualifier de farfelu, ce qui est caché à l’intérieur de soi-même et dont par manque de volonté on refuse, d’observer, de connaître, d’écouter. Dans une société où l’on passe plus de temps à regarder son corps, son apparence, que son cœur et son âme, où la voix de la conscience se perd dans l’individualisme matériel, l’ésotérisme se perçoit plus comme un jeu de l’esprit, plutôt que comme une quête de sagesse.
L’ésotérisme véritable quête de son moi primordial, n’est pas un refus du monde des apparences, mais une quête au-delà de ce monde, une quête vers l’intérieur, une recherche de supplément d’âme.
Comment définir ce qui tient de l’indéfinissable, peut être avec le secours de l’historien observateur du passé, mais aussi acteur dans son temps. C’est par l’étude des « symptômes » que l’on peut définir cette « maladie bizarre ».
L’historien Antoine Faivre a fait de l’étude de l’ésotérisme sa spécialité, Directeur émérite de l’École pratique des Hautes Études (section V des sciences religieuses), il a été le premier a créé une chaire consacrée à l’ésotérisme. Franc-Maçon membre de la célèbre Loge de recherche « Quatuor Coronati » de Bayreuth (Allemagne).
Pour Antoine Faivre les traits de l’ésotérisme occidental sont les suivants :
« La pratique de la concordance entre les religions et l’attachement à la transmission. » Se dessine là un rapprochement avec la Tradition Primordiale de René Guénon. Les marqueurs qui font fondement pour l’historien sont : « La quête sont la quête de correspondance entre toutes les parties de l’univers visible et invisible » ; le souci d’une nature vivante, « Cosmos complexe, pluriel, hiérarchisé », la valorisation de « l’imagination et des médiations » : des rituels, images symboliques, mandalas, esprits intermédiaires » et la recherche de l’expérience d’une « transmutation.» C’est aussi la notion de passage, présente tout au long du parcours initiatique offert par les rituels Maçonniques, « passage d’un plan à un autre », la modification de l’adepte « dans sa nature même » avec une dynamique « Alchimique ».
Antoine Faivre décortique si j’ose dire l’ésotérisme et le secret se révèle, les idées cachées à l’intérieur des symboles, surgissent et font croître peu à peu notre vie intérieure. Ainsi l’initié Franc-Maçon devient acteur, militant de l’élévation de l’esprit au-dessus de la matière, sa force intérieure retrouvée, sa carapace brisée, le libérera pour accomplir sa transmutation personnelle, il ouvrira alors son cœur aux autres.
JF.
Pour aller plus loin : L’Ésotérisme d’Antoine Faivre Collection que Sais-je ? PUF : 9 €