L’on sent un certain parfum de nostalgie dans ces quelques mots, comme un regret, comme une branche de bois mort qui se brise et tombe à terre. Une année de perdue diront les éternels pessimistes.
Il y a de nos jours comme une certaine coquetterie qui atteint non plus seulement les actrices, mais l’ensemble de notre société. Il faut rester jeune !
Au début c’est comme le refus de voir apparaître quelques rides, sur notre visage, puis peu à peu cela devient une course à la jeunesse perdue, une obsession de l’apparence, qui tourne souvent au ridicule, de crèmes rajeunissantes en prothèses, de botox en liposuccions, les cheveux tombent et repoussent en implants teintés. L’extérieur se remodèle dans l’espoir de changer l’intérieur, être vieux prendre de l’âge devient une calamité.
Aujourd’hui le vieux n’est plus sage il est senior, car le senior rentre dans un panel de consommateurs.
Il y a pourtant des raisons de se réjouir de vieillir en effet si notre corps perd en jeunesse comme par un effet de compensation notre esprit, notre âme s’éveillent, se gonflent jusqu’à souffler vers l’extérieur. Plus notre corps se rétréci plus notre âme monte.
Nous prenons le temps de mieux admirer, savourer les merveilles de la nature qui nous entourent. C’est la jeunesse, l’expansion, l’essor de notre âme, c’est ce vieillard qui prend par la main son petit fils, dans l’allée forestière quand le soleil du printemps transperce la canopée pour les réchauffer, il fait beau dans leurs cœurs.
Le vieillard et l’enfant ont le temps de jouer avec le soleil et les étoiles, de s’asseoir au bord de l’onde pour admirer les cercles des ricochets, écouter le frémissement, la voix du vent dans les feuilles.
J’ai remarqué que plus je prenais de l’âge, plus j’étais gagné par l’émotion, plus mon cœur battait vite devant la souffrance, l’injustice, plus j’avais besoin que les hommes se parlent et s’aiment.
Le Franc-Maçon est heureux de prendre de l’âge, il avance pas à pas sur le chemin de sa connaissance, il apprend à lire avec son cœur et à écrire sa vie véritable, il reçoit alors son salaire placé au centre de l’étoile flamboyante, il apprend à se comprendre, se redécouvrir, il s’enrichit sur sa route de tous les arts qui parlent à son esprit. Son corps s’efface peu à peu il peut contempler son âme qui se dresse verticale radieuse et son cœur comme le compas s’ouvre de plus en plus en franchissant les degrés de son âge maçonnique. Les petits désagréments du corps vieillissant, ne sont rien comparés aux joies quotidiennes vécues dans la fraternité. J’ai hâte de découvrir les nouveaux mystères, de voir l’âme de mes frères dans leurs brillants.
Victor Hugo disait :
« Le vieillard, qui revient vers la source première, entre aux jours éternels et sort des jours changeants ; Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, mais dans l’œil du vieillard ont voit de la Lumière. »
Alors réjouissons nous d’avoir un an de plus.
JF.