Le numéro 13 d’Ultreïa est paru, c’est le numéro de l’’automne. Mais il est vert d’espérance courez, courez chez votre marchand habituel.
Dans sa feuille de route Bernard Chevillat le directeur de la rédaction nous dit : « les nouvelles qui font du bruit ne sont pas forcément les nouvelles les plus importantes. »
Bernard Chevillat nous demande de poser notre regard sur des ouvrages qui traitent de l’islam et de nos interventions dans cette terre déchirée.
Il s’interroge sur « notre inconséquence, notre irresponsabilité, notre amnésie et notre cynisme. »
Au Sahel où on laisse corruption et entrisme Wahhabite prospérer en toute impunité.
Ce numéro d’Ultreïa, livre magazine avec de magnifiques photos, est toujours un bouleversement vers une spiritualité sans frontières, tournée vers le ciel.
JF.
Édito
En prenant pour fil conducteur le thème du voyage réel et spirituel, Ultreïa ! s’affirme comme un magazine-livre de passion et de conviction destiné à tous ceux qui estiment que la spiritualité universelle mérite mieux qu’un regard distancié et froid, à tous ceux qui considèrent que la philosophie et la métaphysique ont encore beaucoup à nous dire et que l’école de la nature est une formidable source d’inspiration.
DOSSIER:
La parole mythique – Françoise Bonardel
À quoi sert la mythologie Hindoue? – Dominique Wohlschlag
Le jour de la « première fois » – Florence Quentin
L’épopée de Gilgamesh du mythe originel au mythe éternel – Nicole Vray
Le héros, monomythe universel – Florence Quentin
La Bible, entre mythe et réalité – Rabbin Pauline Bebe
Mythes grecs et quête d’immortalité – Jacqueline Kelen
Mythes celtiques – Sylvie Verchere Merle
La dégradation des mythes – Michel Clermont
FEUILLETEZ ici les premières pages du DOSSIER ULTREÏA! #13
À l’origine, s’opposant au logos et sa définition de parole rationnelle, philosophique et religieuse, le muthos fut un récit, avant de désigner une légende suggérant un ordre de réalité autre, entre réel et imaginaire, porteur d’un sens symbolique.
Le mythe tente d’expliquer la naissance du monde et des hommes, permet l’identification de l’individu à sa communauté mais montre aussi des ambitions eschatologiques et métaphysiques. Il se veut reflet des drames humains et permet de s’identifier aux héros qui le traversent et qui symbolisent l’humanité et ses tentatives d’évolution, et plus encore d’individuation, selon la terminologie jungienne. Si ces récits ont disparu depuis longtemps, la dynamique de ces histoires existe toujours dans l’expérience et le langage humains. Mais, dans une société sécularisée comme la nôtre, comment le mythe se maintient-il et sous quelles formes – religieuse,
artistique, psychologique ?
Françoise Bonardel nous répond que le mythe ancre “l’homme d’aujourd’hui dans le temps immémorial des origines ; un temps d’avant le temps historique, où la parole ne cherchait pas à argumenter mais à raconter comment le monde en est venu à exister”.
Cette parole, l’hindouisme l’a incarnée à travers une foisonnante littérature mythologique au premier rang de laquelle figure le Mahâbhârata. Et Dominique Wohlschlag de rappeler que “la diffusion à grande échelle d’une mythologie centrée sur les descentes répétées de la Divinité suprême parmi les hommes a de multiples répercussions cultuelles et culturelles”. Ainsi une “sacralisation de la terre de l’Inde”.
Territoire lui aussi sanctifié par la naissance des dieux, l’Égypte ancienne a quant à elle élaboré pendant quatre mille ans de multiples versions du récit cosmogonique pour dire le prodigieux
jaillissement de la vie le “Jour de la Première fois”.
“Le mythe est-il une savante articulation de vérités historiques et géographiques entrecoupées d’imagination et d’irrationnel ?” se demande Nicole Vray qui traite ici d’un mythe fondateur, L’Épopée de Gilgamesh : “Rend-elle bien ces entrelacs de réalité et de rêve, où vont se côtoyer successivement un roi semi-légendaire, un être sauvage, des déesses et des femmes ordinaires, le survivant du Déluge et des animaux ?”
Gilgamesh, Achille ou Moïse : l’idée de “voyage du héros” tiendrait d’une structure universelle ou archétype, au sein de laquelle des étapes s’enchaînent et que tous les héros mythiques suivraient dans les grandes lignes, selon le mythologue américain Joseph Campbell.
Pour le rabbin Pauline Bebe, qui revient sur certains épisodes de la Bible, mythe et réalité sont indissociables, qui “se tiennent main dans la main pour parcourir un chemin d’exploration et de sagesse”.
“La vie des hommes se déroule sous le regard des dieux, l’avions-nous oublié ?”, nous interpelle Jacqueline Kelen qui déchiffre ici la symbolique des histoires d’Ulysse, Thésée ou Narcisse et des principaux mythes grecs dont les “héros nous laissent avec notre soif, le cœur battant, l’esprit en éveil”.
Sylvie Merle nous assure quant à elle que les mythes parlent encore et elle l’illustre à travers les récits celtes toujours à l’œuvre dans nos vies et dans les expériences que nous traversons. Ainsi du “féminin blessé” qui descend aux enfers, chute ou tombe d’un trou du ciel, dans une caverne, dans un cercueil, dans une tombe, image symbolique d’un vécu intérieur qui se rencontre dans la vie de nombreuses femmes.
Qu’en est-il aujourd’hui de la vigueur et de la portée des mythes ? Michel Clermont parle quant à lui de leur “dégradation” actuelle et déplore que l’individu contemporain, perdu dans une société qui ne repose plus sur aucun “grand récit”, se reconstruise ainsi une mythologie gratuite. S’accommodant d’un fast-food pour “tromper sa faim” plutôt que de se nourrir d’un imaginaire authentique.
Dossier complet à lire dans ULTREÏA! #13
La sagesse
Visionnaire, prophétesse, sainte, docteur de l’Église, Hildegarde de Bingen est une femme d’exception, qui contredit tous les préjugés de son sexe au Moyen Âge. Écrivain, musicienne, médecin, elle s’est imposée à son époque comme un phare spirituel pour ses contemporains.
Extrait: « Son hagiographie rapporte que, née en 1098 dans une famille noble, près d’Alzey en Hesse Rhénane, dans l’Empire germanique, Hildegarde reçoit dès son plus jeune âge des visions issues de “la lumière divine” qui ne cesseront jamais. Elle entre au monastère bénédictin de Saint-Disibod comme oblate à 8 ans, sous la tutelle de Jutta de Sponheim, et prononce ses voeux vers 15 ans. Se sentant différente de ses soeurs en religion, elle cache ce don et traverse plusieurs épisodes de maladie, pendant lesquels elle reste alitée. Néanmoins, tandis que “l’homme extérieur” souffre, “l’homme intérieur” se fortifie. Rassemblant de nombreuses qualités, elle devient l’abbesse du monastère à 38 ans. »
Louis Massignon
Vie aventureuse, curiosité intellectuelle insatiable, soif inextinguible d’absolu, passeur entre l’islam et le christianisme qui l’habitèrent sa vie durant, Louis Massignon, brillant islamologue, se consuma au feu de la foi et s’engagea corps et âme dans le dialogue interreligieux. Une vie et des Écrits mémorables qui prennent aujourd’hui plus de relief encore.
Extrait: « Homme complexe, d’une “curiosité intellectuelle insatiable”, qui va s’étendre à l’échelle de la planète, Louis Massignon est aussi un homme politique animé par un grand désir de justice, qui aura l’occasion à plusieurs reprises de se trouver là où l’histoire se réalise, et un homme spirituel dont la foi chrétienne passée au crible de l’islam est aussi séduisante à observer qu’impossible à imiter. C’est d’une “géographie spirituelle des intercessions” qu’il est question, au soir de sa vie, dans ses entretiens avec Vincent Monteil, qui évoque pèlerinages à des sanctuaires mariaux ( La Salette ) et visites pieuses sur des tombes aimées où il se recueille à la manière des soufis, mais dans la communion des saints : “Il y a, sur la surface terrestre, des points privilégiés, pour y élever la voix de la prière, la voix haute”. »
Georges Bernanos
Extrait: » « Et maintenant, à nous deux » : telles furent, d’après le témoignage d’André Malraux, les dernières paroles que Georges Bernanos aurait prononcées avant de mourir, le 5 juillet 1948. S’il est vrai que la manière dont on entre dans la mort résume et déchiffre toute une vie, le cas de cet écrivain parfois décrit comme “le Dostoïevski français” en offre un bel exemple.
On entend en effet dans cet adieu et ce défi les trois principes qui l’ont toujours guidé : le présent, le combat, le mystère. Trois clés pour comprendre une vie assez courte – à peine plus de soixante ans – mais d’une intensité rare. »
Bénarès
“Il est des villes, telle Bénarès, encore tellement imprégnées de prière, malgré l’invasion du doute moderne, que l’on y est, plus qu’ailleurs, libéré d’entraves charnelles, et plus près de l’infini.” Pierre Loti
Extrait: « Bénarès, Kashi, la ville sainte de l’univers hindou, est la rencontre du dieu Shiva et de la déesse Ganga. C’est le fruit sacré de l’alchimie spirituelle du feu et de l’eau, le feu de la pure mort et l’eau de la pure vie. La pure mort, celle qui prélude à la vraie vie, celle qui ouvre la voie vers l’éternel Brahman. La pure vie, celle qui ne connaîtra plus jamais la mort, puisqu’elle est à jamais dés-identifiée d’avec ce qui meurt. »
Les gardiens de la forêt des ombres
En Amazonie, les sociétés tribales sont confrontées à un monde de plus en plus globalisé. Dans un tel contexte, elles doivent s’adapter et être capables de se réinventer ou de se rénover sans pour autant renoncer à leur indianité. Depuis plus de trente ans, Serge Guiraud accompagne les Amérindiens dans leurs revendications pour retrouver et reconstruire leur identité
Serge Guiraud, photographe, réalisateur de films documentaires et ethnographe, spécialiste de la culture matérielle des Amérindiens du Brésil, parcourt le bassin amazonien depuis trois décennies pour étudier les relations entre les populations tribales et le “monde du dehors”. Fruit de ses voyages et des missions de terrain, un fonds documentaire composé de photographies, de films, de documents écrits et audio a pu être constitué ainsi qu’une riche collection d’art amérindien. Ce fonds est mis à la disposition d’établissements scientifiques. Des expositions, des publications internationales et des ouvrages permettent de présenter au public l’Amazonie, dont l’avenir paraît aujourd’hui plus incertain que jamais.
Autour du Mont Kailash
Olivier FÖLLMI, Jean-Marie HULLOT