Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
Je me suis interrogé suite à la démission de trois jeunes Frères proches de moi, pourquoi une telle décision après quelques années d’initiation et pratique maçonnique ? Au delà du sempiternel mea culpa : nous n’avons pas su les entourer, les aider ! Ou de la relégation à une erreur leur incombant : ce n’était pas leur voie ! Fermer le ban, il n’y a plus rien à dire, plus rien à voir.
Force est pourtant de reconnaître, qu’ils ont pendant plusieurs années garnis les colonnes et travaillés à leur perfectionnement individuel. Le constat, est donc qu’ils n’ont pas trouvé dans l’initiation maçonnique le sens qu’ils souhaitaient donner à leur vie. Pourtant nous répétons à l’envie, que la Franc-Maçonnerie est belle, vivante, après trois siècles d’existence alors tout cela est t’il bien normal, il y a des Frères qui partent et des profanes qui arrivent, et nous ne sommes pas là pour faire de la quantité, mais de la qualité, certes.
Mais si l’on pousse un peu la réflexion, pour savoir de quelle Franc-Maçonnerie nous parlons ? Je sens comme un embarras, le même que j’ai face à un profane qui m’interroge, la discussion se termine après quelques généralités, par un pour comprendre il faut être initié !
Malheureusement l’état de la Franc-Maçonnerie est à l’image de notre société, comment pourrait-t ‘il d’ailleurs en être autrement nous sommes dans la société et nous le revendiquons. Il y a plus de multiplicité dans notre société, que ce soit les partis politiques, les centres de réflexion, les associations et c’est bien. Mais cela manque cruellement d’un centre ou de centres d’union où au-delà de la nécessaire expression des différences, il pourrait y avoir une réunification harmonieuse, fraternelle.
Il y a, dans notre société, plus de droits que devoirs, comment dans ces conditions faire régner l’ordre. Je sais que l’ordre maçonnique se situe sur un autre plan, plus universel, plus spirituel, donc appelle aussi la tolérance, mais tolérance n’est pas renoncement.
En réalité la Franc-Maçonnerie n’a plus d’influence dans et sur la société, c’est la société qui a de l’influence sur la Franc-Maçonnerie. Les obédiences suivant leur sensibilité propre, sont des commentatrices des faits de société, elles diffusent bientôt journellement des communiqués pour affirmer leur présence et éviter de tomber dans l’oubli, dans une société hyper médiatisée et chronophage. Nos obédiences, s’insurgent, s’indignent et s’arcboutent sur des traditions, mais proposent peu. Leurs commentaires exposent au grand jour leurs divergences.
Notre société est fracturée entre un matérialisme mondialisé que rien n’arrête l’économie ayant pris depuis longtemps le pas sur la politique, qui gère les problèmes au jour le jour. Le matérialisme promet de nous transformer en demi dieu en prenant possession de notre cerveau, après tout, tout s’achète et tout se vend, c’est l’avènement du transhumanisme.
De l’autre bord les religions traditionnelles en manque de fidèles pratiquants tout du moins en occident, regardent impuissantes la montée des intégrismes, des phénomènes sectaires refuges des plus fragiles d’entre nous, on connaît les dérives.
La Franc-maçonnerie est divisée entre les humanistes attaqués par le trans humanisme et spiritualistes assaillis par les extrémismes, qui accueillent ceux qui sont en recherche de plus de spiritualité, et qui n’ont pas la patience de gravir les marches de l’initiation une à une, ils veulent du prêt à porter spirituel tout de suite ils sont souvent la proie facile des Gourous.
La voie du milieu est certes étroite, mais elle est, celle qui tient compte de la condition humaine entre terre et ciel, celle qui reconnaît l’homme dans sa position intermédiaire, fait de chair et d’esprit. Le point de divergence de cette voie est la reconnaissance d’une transcendance nommée Grand Architecte de l’Univers ; par un phénomène de compensation certains Francs-Maçons humanistes parlent de spiritualité laïque, ils ne reconnaissent que l’homme qu’il place au centre de l’univers.
Ces deux courants on du mal à s’imposer dans une société de la performance, de la compétitivité, où l’individuel prime sur le général, c’est le monde de l’ego et de la célébrité érigés en vertus.
Il faut que la Franc-Maçonnerie clarifie son offre comme disent les commerciaux. Les actions entreprises auprès de la jeunesse peuvent êtres des leviers de la renaissance de cette vieille dame, qui a encore tant de vigueur, elle peut, elle doit être une source de joie et d’espérance dans l’homme, pour les jeunes générations. La voie du milieu est la seule voie de l’équilibre et de l’harmonie, la seule capable de donner du sens à notre vie. Il n’y a pas qu’au Bouthan que le bonheur existe ! Il est dans l’univers en général et en France en particulier. Je termine sur un extrait du billet écrit par Jean d’Ormesson dans l’Express du 28 septembre 1995.
« S’il y a un endroit où il est encore possible de vivre, non pas sans doute comme coqs en pâte ni comme anges du paradis, mais enfin sans trop de honte ni de ridicule, c’est peut-être bien chez nous (…) Nous avons fini par mettre au point quelque chose d’assez rare dans le monde d’aujourd’hui : une sorte d’art de vivre fondé sur la tolérance et où les legs d’un passé qui en remontre à tout le monde ne se mêlent pas trop mal aux espérances de l’avenir.
(…) Répétons-nous plutôt, en tâchant toujours d’aider la divine providence, qui en a souvent besoin, un vieux dicton allemand qui n’a pas trop perdu, malgré tant de malheurs, de son actualité : « Heureux comme Dieu en France. »
UN COMMENTAIRE DE CINCINNATUS :<br />
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Article courageux et qui ne conduira sans doute pas son auteur à recevoir une augmentation de salaire car le petit monde maçonnique n'appréciera probablement pas de se faire étriller de la sorte!<br />
"l’état de la Franc-Maçonnerie est à l’image de notre société" est il dit dans cet article, hélas oui et c'est sans doute la raison pour laquelle trois jeunes frères ont démissionné...et que bien d'autres les ont précédés ou suivis!<br />
Si je suis entré en Maçonnerie c'est parce que j'avais cru, ou tout au moins espéré, que les membres de cette honorable société étaient différents des autres hommes, ou tout au moins qu'ils aspiraient à le devenir, cela en taillant consciencieusement leur pierre au fur et à mesure qu'ils "progressaient" dans l'Art Royal.<br />
Hélas la réalité est toute autre, quelle déception, et si certains des "Enfants de la Veuve" ont la noble ambition de « s’améliorer », combien ne sont que des "porteurs de tabliers" d'opérettes , soucieux d'obtenir de la Maçonnerie les titres honneurs et décors que la vie profane leur a refusés, et qui n'ont en vue que la conservation d'intérêts bien compris!<br />
Certes, personne n'est parfait, mais les querelles entre les obédiences sinon en leur propre sein, la rivalité des rites, les conflits à l’intérieur d'une même loge, les jalousies, suspicions et autres, brouillent chez ceux qui y croyaient, la belle image qu'ils avaient de notre institution.<br />
Ceci peut donc expliquer cela et il serait plus que temps de redéfinir les bases sur lesquelles s'est forgée la Maçonnerie afin que personne ne puisse déplorer un jour d'avoir été quelque peu abusé.!
le pas de côté du compagnon : faire de la maçonnerie une authentique école initiatique, à la recherche des origines de la matière, de l'esprit, par l'étude des anciennes traditions mais aussi par celle de la science contemporaine, ce qui n'interdit pas, à l'extérieur du temple, d'avoir des projets politiques, philosophiques, mais qu'on peut développer dans des partis, des syndicats, des cafés philosophiques