Par je ne sais quelle bizarrerie il est 18 h à ma montre et ce sera bientôt le point du jour, l’heure de mon éveil, de mon réveil. Je sors de la torpeur de mon quotidien, je traverse quand le feu au vert, rouge dans mon esprit, c’est comme un renversement, tout ce qui m’entoure s’estompe progressivement dès les premiers pas dans le couloir étroit qui mène au parvis du temple, les bruits et l’agitation du dehors sont déjà loin.
C’est comme un étirement le matin face au soleil qui efface les ténèbres de la nuit, c’est peut-être, la deux millième fois que je fais mes premiers pas d’apprentis, je ne sais plus mais il en reste tant et tant à faire, pour atteindre le centre de la loge, de moi-même, de l’idée.
Ca y est cette fois il est midi plein le soleil est à son zénith, je suis éveillé, réveillé, sur ma colonne, prêt à accueillir en moi la Lumière, le souffle du verbe, j’étais il y a longtemps dans l’attente, j’errais aux abords du temple, quand un frère m’a dit vient pousse la porte qui est en dedans. Ce fût le moment, le déclic ma conscience et mon cœur m’ont poussé à frapper, les trois coups, je suis sorti de ma solitude, j’ai brisé la croûte de ma surface.
J’ai découvert soudain l’infini, l’immensité de la connaissance qui était au dedans sans aucune limite, j’ai balbutié le nombre, j’ai épelé le mot, j’étais réveillé il était l’heure. J’étais au commencement. « Le Verbe était dans la chair, le soleil dans la nuée, la Lumière dans le récipient de terre, le miel dans la cire, le flambeau dans la lampe. »(1) La grande Lumière commence à paraître, c’est le début de la métamorphose intérieure, le cœur parle et surpasse l’intellect.
L’expert lit le prologue de Jean, et la parole pénètre en moi, la révélation, l’Apocalypse résonne aux portes de ma conscience intérieure, il est l’heure.
« Voici que je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai…je souperai avec lui et lui avec moi. »(2)
C’est l’heure ou la parole vient habiter chez moi. C’est l’heure où j’abandonne, les images, les analogies, les symboles, les structures ont été posées, je pénètre dans la chambre intérieure, je contemple, la pierre coule, sue elle s’est transformée en nectar et coule dans mon cœur, il est l’heure du silence.
JF.
Notes : (1) Apocalypse III -20
(2) Jean XV, 4-5
pierres et vitraux sur les chemins de Saint Jacques
écouter le silence des vieilles pierres et observer la transparence des vitraux...