APRES VENDREDI C’EST SAMEDI…
« Oh, oh Ronan, Ronan… ». Quand Makiko apprend que son voisin de palier du 5e étage est décédé samedi soir dans l’attentat du quartier de l’Opéra, elle peine soudain à respirer. « Il est mort ? C’est sûr, c’est sûr ? », répète, dans un français approximatif, cette Japonaise au gabarit frêle domiciliée dans une petite rue du quartier des Gobelins, à Paris. Sur le pas de la porte, son mari, Pierre, tout aussi ému, tente de l’apaiser. « Comment mettre des mots ?…. » souffle-t-il avant de nous raconter longuement sa relation avec ce jeune homme de 29 ans, « cheveux bruns, petites lunettes », mortellement poignardé par le terroriste islamiste.
« Ronan ? Ce n’était pas un simple voisin de palier, c’était un copain », confie Pierre, grand gaillard de 61 ans. S’il ne connaissait pas les détails de la vie privée de Ronan, tous deux avaient un lien rare et précieux. Inestimable. Ensemble, ils se sont occupés jusqu’à sa mort d’un autre habitant de l’immeuble, trois étages plus bas : Michel, atteint d’un cancer du poumon.
Témoignage lu dans le quotidien le PARISIEN.
Vendredi 13
Les barbares ont frappé, une nouvelle fois,
En plein cœur de Paris, des gens comme vous et moi.
Je n’ai plus de pardon, mon cœur s’emplit de haine
Devant cette folie, et le temps de la peine
S’amenuise chaque fois au profit du rejet.
Rejet de leurs croyances, de toute religion
Dès lors qu’elles pervertissent avec de noirs projets
De nobles idéaux, en armant leurs légions.
Rejet de ces démons qui salissent et qui tuent,
Mes larmes sont taries, mes paupières rabattues,
Et ma colère gronde ; tant d’innocents fauchés
Et tant de vies broyées, par des monstres sans foi
Prônant vindicte et haine dans leurs camps retranchés.
Ils frapperont encore, lâchement, surgissant
De leurs putrides caches pour imposer leur loi,
Et faire taire nos cœurs à nos âmes attachés.
Je veux me relever, en ces temps oppressants,
Et ne pas me terrer ; relever ma raison
Continuer de vivre après cette oraison,
Et arpenter la terre, esquisser l’avenir,
Loin des dogmes et des fous, et cimenter mon rêve
D’un possible demain, sans larmes et puis sans trêve,
Pour exister encore à défaut de bannir
Mes idéaux de paix, de silence et de joie.
Un rescapé disait :
« Je ne vous ferai pas
Ce cadeau de haïr, car répondre à la haine
Par un juste courroux ne serait-ce qu’une fois,
C’est céder à son tour à de sombres appâts,
A l’ignorance crasse qui derrière elle draine
Des craintes et des peurs ; ce serait sacrifier
Ma liberté chérie pour la sécurité,
Mais c’est cause perdue, je rejoue à nouveau ».
Puissions-nous aujourd’hui trouver enfin la force
Sinon de pardonner, car c’est impardonnable,
Du moins de continuer, ils ont atteint l’écorce
Nous pouvons résister face à l’insoutenable.
Philippe Jouvert.
Avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Je vous emporte dans mon coeur
Demain la route va me prendre Dans les anneaux de ses détoursQu’elle se décide me rendre
Ou qu’elle m’avale pour toujours
Je vous emporte dans mon cœur REFRAIN Par delà le temps et l’espace
Et même au-delà de la mort
Dans les îles où l’âge s’efface
Et même au-delà de la mort
Je vous emporte dans mon cœur
Demain je m’en vais l’âme en fêteVers la patrie de mes amours Avec un chant de joie en tête Avec pour vous un chant d’amour
Qu’importe demain la distance
Si j’ai laissé un peu de moi
Peu ou beaucoup quelle importance On ne mesure pas son émoi
Tous ces mots qui de moi s’envolentDemain vous ne les entendrez plus Les doux oiseaux de nos parolesS’ils ne se croisent jamais plus
Demain quand les étoiles tremblent Cherchez Arcturus ou Véga
Et nous serons encore ensemble
Si vous pensez encore à moi
GILLES SERVAT