LA FRATERNITÉ EN DANGER.
Ceux qui ne comprennent pas la discrétion qui doit régner en franc-maçonnerie, trouveront des éléments de réponse à leurs interrogations dans l’actualité récente.
Les procureurs du café du commerce, seront peut être moins critiques envers les francs-maçons. Les nouveaux dirigeants de l’Italie à peine élus ont mis à l’index et jetés à la vindicte populaire, nos frères italiens.
Ce qui paraît viser une petite minorité de la population s’inscrit dans un climat général ou de nombreux pays d’Europe qui bénéficient de la manne financière de tous les européens, de leur fraternité, se renferment sur eux-mêmes dans un égoïsme fratricide, envers les réfugiés et bientôt envers leurs propres citoyens.
Les francs-maçons qui prônent dans leurs loges la fraternité universelle, ne peuvent rester insensible à cette montée de l’intolérance, ce rejet de l’autre est une régression de notre civilisation, les lumières se ternissent.
En même temps le principe de laïcité peut il résoudre seul ce problème ?
Dans un monde individualiste et des excès, nous avons besoin de tendre la main à l’autre, qui est une partie de nous-même, en nous rappelant en permanence que seul nous ne pouvons rien.
Les francs-maçons seraient bien inspirés en étant un trait d’union, un rayon de lumière, dans ce monde ou le quotidien est trop souvent un monde de ténèbres, mais la lumière vient des ténèbres et non pas de l’éblouissement des apparences.
Qu’ils soient riches ou pauvres, athées, agnostiques ou croyants, s’ils sont reconnus comme vertueux, tous ces hommes ont leur place dans la grande maison maçonnique où il y a plusieurs pièces, ils peuvent en être des colocataires responsables et partager ensemble en compagnon le pain de l’amour et le vin de l’esprit à la table fraternelle.
Les francs-maçons qui travaillent ensemble à leur perfectionnement individuel, sont guidés par des préceptes de morale inspirés de leurs rituels tout au long de leur chemin initiatique. Ils se doivent de préférer à toute chose, la justice et la vérité, faire une alliance avec la vertu et les hommes vertueux.
Hommes de raison et de cœur, chaque franc-maçon en conscience fera tout son possible, pour faire régner la raison, il travaille chaque jour en ouvrant la carrière ses outils en main aux rassemblement des pierres vivantes, en pratiquant le bien, en ouvrant son cœur à l’autre. Le franc-maçon sait comme les autres hommes de bonne volonté que sans la justice c’est le règne de la barbarie, que sans le respect de son prochain, de ses convictions c’est la voie du fanatisme qui s’ouvre.
Enfin et surtout que sans la charité, c’est à dire l’amour fraternel, tout le reste est vain et la vie n’aucun sens.
JF.
MEDIAPART le 21 Mai 2018 Extrait.
S’attaquer aux Francs-Maçons n’est jamais anodin. Ce n’est pas par hasard si les premiers actes des dictateurs consistent à les poursuivre, voire à s’en débarrasser physiquement, à l’instar de Mussolini, de Hitler, de Franco, de Pétain mais aussi de Lénine et de Staline. Les rituels maçonniques portent en eux cette liberté de conscience qui est insupportable aux tyrans.
Si la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France avaient pris les mêmes dispositions antimaçonniques que préconisent les deux partis démagogistes italiens, elles se seraient privées de grands dirigeants qui ont marqué leur histoire au XXe siècle tels, entre de nombreux autres, Winston Churchill, Franklin D. Roosevelt et Pierre Mendès-France.
Jean-Noël Cuénod
Italie : l'interdiction des francs-maçons au gouvernement inquiète
Dans le contrat passé la semaine dernière entre la Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles, un «code éthique» interdit aux personnes appartenant aux loges une place dans l'exécutif. Les deux partis se défendent en invoquant l'«opacité» de la franc-maçonnerie italienne.
«En 1925, le fascisme décida d’interdire la franc-maçonnerie. Un an plus tard, ce fut au tour des journaux et des partis politiques d’être fermés par le régime mussolinien.» Le grand maître du Grand Orient d’Italie Stefano Bisi ne cache pas sa vive préoccupation à la suite de l’insertion dans le «contrat pour le gouvernement du changement»passé la semaine dernière entre la Ligue d’extrême droite et le Mouvement Cinq Etoiles d’un «code éthique» qui prévoit d’interdire l’accès à l’exécutif «des personnes condamnées au pénal, qui sont sous procès pour de graves crimes» mais aussi «qui appartiennent à la franc-maçonnerie». «Les citoyens doivent comprendre que ce qui touche aujourd’hui la franc-maçonnerie peut très vite concerner d’autres associations, poursuit Stefano Bisi. La mesure contenue dans le contrat de gouvernement est une sorte de ballon d’essai.» Alors que les partenaires européens de l’Italie s’inquiètent en premier lieu de la tenue de la zone euro en cas de mise en œuvre des mesures économiques proposées par l’alliance populiste, un peu partout dans monde, les membres de la franc-maçonnerie font part de leur stupeur et de leurs craintes auprès de leurs frères italiens.
«L’interdiction est déjà prévue dans nos statuts, revendique-t-on au siège du M5S. Car en Italie, il ne faut pas penser à la franc-maçonnerie de Garibaldi ou de Goffredo Mameli [auteur de l’hymne italien, ndlr] mais à celle des cinquante dernières années.» En particulier la loge secrète P2, dirigée par le néofasciste Licio Gelli, qui avait infiltré les institutions italiennes avant d’être démantelée en 1982 car soupçonnée d’avoir comploté contre l’Etat. Pour Stefano Bisi, «la P2 c’est une chose, les loges maçonniques une autre, il ne faut pas tout confondre. Ce n’est pas parce qu’un prêtre est pédophile qu’il faut condamner toute l’église catholique». Le Mouvement Cinq Etoiles justifie la décision en estimant que si «les principes originels de la franc-maçonnerie de progrès social et de liberté sont justes, les loges italiennes sont toutefois encore trop opaques». Le M5S s’appuie notamment sur les travaux de la dernière commission parlementaire antimafia qui a souligné que la franc-maçonnerie «est très souvent une couverture pour les clans». En vertu de ses statuts, le M5S a déjà expulsé Piero Landi, l’un de ses candidats au parlement (qui a tout de même été élu) après avoir découvert qu’il appartenait à une loge.
«En Italie la franc-maçonnerie est peu transparente et elle manœuvre en coulisses pour acquérir du pouvoir. Elle n’a pas grand-chose à voir avec les loges étrangères», ajoute de son côté le député de la Ligue Daniele Belotti, qui minimise la question de l’interdiction en laissant entendre que c’est avant tout le Mouvement Cinq Etoiles qui a voulu cette mesure : «Le pays à d’autres questions plus urgentes à régler.» D’autant que la Ligue qui, au début des années 90, avait fait campagne contre Silvio Berlusconi en tant qu’ancien adhérent à la loge P2, s’est ensuite parfaitement accommodée du passé de franc-maçon de l’homme d’affaires pour gouverner avec lui pendant huit ans. A Rome, il se murmure aussi que certaines personnalités dont les noms circulent dans la presse comme éventuels membres du futur exécutif populiste pourraient être des francs-maçons. Il n’empêche.
Pour les responsables du Grand Orient, l’interdiction est «inconstitutionnelle», ils appellent à la plus grande vigilance. L’organisation souligne que «les francs-maçons jurent solennellement fidélité à la République et s’engagent à respecter les normes et les lois». Les «frères» italiens s’en remettent désormais au chef de l’Etat Sergio Mattarella pour qu’il veille «à ce que la Constitution soit entièrement appliquée et sans discrimination».
Source le Journal Libération du 23 mai article de Eric Jozsef correspondant à Rome.
Pour le Grand Orient d'Italie, cette clause anti-francs-maçons "rappelle les lois fascistes que les francs-maçons ont toujours dénoncé et qui représentent les conséquences d'une dérive liberticide dangereuse". Il assure que "les francs-maçons jurent solennellement fidélité à la République italienne (...) et s'engagent à respecter les normes et les lois"
Source RTL.
Unification italienne
Les relations ambiguës entre les droites, voire les extrêmes droites, et les francs-maçons remontent aux années précédant à la création de l’Italie en tant qu’État-nation en 1871.
À cette époque, pour une très large part, les francs-maçons italiens étaient « garibaldiens » du nom du général Giuseppe Garibaldi, considéré comme le père de l’unification italienne et lui-même franc-maçon. En effet, ils soutinrent à la fois la création de l’Italie en tant qu’État-nation et l’annexion des États de l’Église, qui occupaient une large part de l’Italie centrale (ils comprennent les actuelles Emilie-Romagne, Marche, Ombrie et Latium.
Les francs-maçons italiens étaient aussi pour beaucoup, comme en France, des anticléricaux. Mais, ils n’étaient pas forcément positionnés à gauche sur l’échiquier politique. L’origine de cet élitisme est lié à sa sociologie initiale et une histoire qui remonte au moins au XVIIIe siècle.
Des loges proches du pouvoir
À cette époque, dans le royaume de Naples, les loges étaient principalement des loges militaires, composés de mercenaires à la solde de la monarchie. Par la suite, comme dans le reste de l’Europe d’ailleurs, la sociologie des loges était plutôt élitiste, composée d’aristocrates et de hauts prélats.
La volonté d’unifier la péninsule italienne au XIXe siècle, le Risorgimento, se diffusa dans les loges qui devinrent assez rapidement nationalistes (dans le sens d’un nationalisme d’existence). La franc-maçonnerie devint alors un acteur de la vie politique italienne. Son âge d’or se situe ainsi au tournant des XIXe et XXe siècles : en 1900, tous les membres du conseil communal de Rome sont francs-maçons. Ils dominent aussi largement les chambres parlementaires. À la même époque, il y avait dans toute la péninsule, environ 500 loges et 20 000 maçons.
Ces loges italiennes, peu organisées, étaient aussi assez marquées par les pratiques irrégulières, illégitimes, c’est-à-dire ne respectant pas les pratiques de la franc-maçonnerie anglaise et de ce fait n’ayant pas obtenu une patente de la Grande Loge Unie d’Angleterre, à l’origine de la franc-maçonnerie.
Elles étaient aussi marquées par l’ésotérisme, ayant par exemple recours aux rites dits de Memphis-Misraïm, nés de spéculations ésotériques et maçonniques aux XVIIIe et XIXe siècles. Garibaldi en était l’un des initiés.
Indulgence pour les fascistes
Dans l’immédiat après-guerre, l’instituteur socialiste Benito Mussolini fonde en 1919 les Fasci Italiani di combattimento, Faisceaux italiens de combat, plus connu sous le nom de fascisme. Certains francs-maçons voient d’un œil indulgent l’arrivée de ce mouvement violent d’extrême droite au discours irrédentiste. Cette indulgence résiste à l’interdiction des Loges en 1923, peu après sa marche sur Rome de 1922 et sa prise effective du pouvoir.
Cette interdiction n’est pas propre au fascisme : l’URSS naissante l’avait également promulguée et il était interdit aux militants communistes d’être francs-maçons. Une phase plus radicale est franchie le 25 septembre 1925, lorsque des francs-maçons furent l’objet d’une littérale chasse à l’homme dans les rues de Florence. Certains furent tués, les autres internés à Lipari et les loges détruites. Le Grand Maître Torrigiani décida alors la dissolution des loges de l’obédience « Palazzo Giustiniani », marquée à gauche, avant d’être lui-même interné. Les francs-maçons les plus à droite restèrent favorables au régime fasciste jusqu’aux Accords du Latran de 1929, signés entre le Saint-Siège et le régime fasciste confirmant le catholicisme comme seule religion de l’État italien.
Malgré ce contexte tendu, certains francs-maçons célèbres, comme Arthuro Reghini ou Guido de Giorgio restèrent favorable au fascisme. À partir de ce moment, la franc-maçonnerie italienne se met en sommeil. Elle ne réapparaîtra qu’après la Seconde Guerre mondiale, exsangue.
Années de plomb et loges autoritaires
C’est ainsi que naît en 1944 la Loge P2, de son vrai nom « Propaganda massonnica 2 » pour initier et surtout accueillir, sur le modèle de l’ancienne loge « Propaganda massonica » (fondée en 1877), des personnalités politiques et des élites – économiques ou culturelles. l’objectif était de reconstruire une franc-maçonnerie exsangue. Jusqu’à la fin des années 1960, elle remplit son rôle, vivotant. À compter de la fin des années 1960, le patronat, dominant dans la loge, voit arriver de nouveaux membres issus de l’armée et des services de renseignement. Tous sont foncièrement anticommunistes.
Nous sommes alors dans l’Italie des années de plomb et du terrorisme, tant d’extrême gauche que d’extrême droite. Or des membres de la loge, qui comprenaient 962 personnes, tendaient vers l’extrême droite, favorables à la mise en place d’un régime autoritaire.
La liste rendue publique comptait par ailleurs nombre de personnalités italiennes. On pense ainsi à Roberto Calvi président du Banco ambrosianno (retrouvé pendu sous un pont londonien en 1982), Michele Sindona (le banquier de Cosa Nostra, empoisonné en prison en 1986), des directeurs de journaux dont celui de Il Corriere della sera, les chefs d’État Majors de la marine, de l’air, des officiers des carabiniers, le directeur du SISMI (le service de renseignement militaire), des officiers de renseignement, des présentateurs TV et évidement des industriels comme Silvio Berlusconi (numéro d’adhésion 625).
Les portes de la loge s’ouvrirent alors aux néofascistes et aux mafieux. Dans les années 1970, les francs-maçons de la loge P2 réfléchirent à une réforme de la société, en particulier à une purge de celle-ci des militants et des intellectuels d’extrême gauche. Ce projet est connu sous le nom de « schéma R »
Source : THE CONVERSATION expertise universitaire et journalistique.
Paris - Les "frères" et "soeurs" du Grand Orient de France (GODF) lancent samedi un "appel de la fraternité": une réponse à la montée de l'extrême droite et des "intégrismes religieux" qui mettent "en danger" la République, explique le grand maître de la principale obédience maçonnique.
"La fraternité, c'est un peu notre ADN", explique dans un entretien à l'AFP Philippe Foussier, le dirigeant du GODF, sous la devise maçonnique et républicaine "Liberté, Egalité, Fraternité" qui orne le grand temple du siège de l'obédience, rue Cadet dans le IXe arrondissement de Paris.
C'est ici que le grand maître lancera samedi un "appel de la fraternité" dans l'espoir de "restaurer l'universalisme républicain, qui seul libère l'individu et garantit l'égalité des droits". Parmi les premiers signataires: la Licra (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme), l'association de lutte contre l'homophobie Le Refuge, l'essayiste Caroline Fourest...
"Beaucoup d'autres que nous incarnent la fraternité: l'idée est de les rassembler autour d'un texte", explique Philippe Foussier.
La principale obédience maçonnique française revendique 53.000 membres - dont près de 3.500 femmes, accueillies depuis 2010 - répartis dans 1.300 loges parmi les quelque 160.000 à 180.000 maçons de France, qui défendent une société plus humaniste au travers de rites initiatiques et symboliques.
Trois siècles après la naissance de la franc-maçonnerie en 1717 à Londres, le GODF affiche une "hausse continue" de ses effectifs, assure Philippe Foussier.
Mais le grand maître sonne l'alerte sur l'état de la société, qui "est bien mal en point". La faute à "tous ceux qui veulent encore dresser des murs et des barrières, opposer les uns aux autres, à raison de leurs origines ou convictions".
"Entre l'extrême droite d'un côté et les intégrismes religieux de l'autre, entre ceux qui veulent la +préférence nationale+ et ceux qui pensent que les personnes extérieures à leur communauté sont des +mécréants+, ça ne fait que monter en permanence", accuse le grand maître du GODF, évoquant une "tenaille identitaire".
Son "appel" anticipe le 70e anniversaire en décembre de la Déclaration universelle des droits de l'Homme (DUDH), qui postule dans son article 1er que les êtres humains "doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité".
"Nous estimons que la DUDH, dans sa conception universaliste des droits, vient rejoindre ce qu'a toujours porté la franc-maçonnerie: abattre les séparations entre les hommes ou, comme nous disons nous francs-maçons, +abolir les catégories du monde profane+", fait valoir Philippe Foussier.
"Dans nos loges se rassemblent des gens dont il nous est indifférent de savoir ce qu'ils sont censés représenter: il n'y a pas de patrons, d'ouvriers, de noirs, de blancs, de riches, de pauvres, de militants de gauche ou de droite, on rassemble tout le monde - à part les intégristes religieux et l'extrême droite", soutient-il.
- "Air du temps concordataire" -
En France, c'est par un regard vigilant sur la laïcité que le Grand Orient entend construire "une même communauté de destins".
"La laïcité est en recul et elle n'est pas suffisamment défendue et promue par nos dirigeants. Depuis plusieurs décennies déjà, ce n'est pas nouveau", dit-il comme en réponse aux articles de presse décrivant un "bras de fer" entre le président Emmanuel Macron et le GODF.
"Nous sommes dans un air du temps concordataire", estime-t-il en déplorant les "flatteries permanentes" de l'exécutif à l'égard des cultes, comme au temps du concordat ayant précédé la séparation (1905) des Eglises et de l'Etat.
"Le coeur de notre combat pour la laïcité, c'est la séparation entre le spirituel et le temporel, ce n'est pas la négation du spirituel. Au contraire: dans nos temples, nous sommes là pour révérer la vie spirituelle! Et ça peut passer par la foi religieuse", remarque-t-il.
En citant le cas du père Pascal Vesin, "frère" du Grand Orient démis de ses fonctions de prêtre du diocèse d'Annecy en 2013. "Il a malheureusement perdu son ministère car sa hiérarchie estime qu'il y a incompatibilité, mais il est toujours dans nos rangs", observe Philippe Foussier en rappelant le combat du GODF pour une "liberté absolue de conscience