LA FRATERNITÉ EN QUESTION
La franc-maçonnerie est un ordre initiatique fraternel, la fraternité est donc consubstantielle à l’institution, sans elle les frères ne pourraient ne pourraient pas se reconnaître entre eux comme tels.
La fraternité est donc un pilier, une colonne dirions nous en langage maçonnique de notre initiation. Inséparable de l’égalité ou plutôt de l’équité qui donne de la grandeur aux hommes libres et de bonne volonté. Sans cette fraternité comment pourrions nous êtres libres et paix avec notre conscience.
La fraternité n’est pas naturelle, innée, elle est un jardin qu’il faut cultiver sans cesse pour y faire pousser les fruits de l’amour fraternel.
Dans notre société de compétition, des premiers de cordée où des gens de peu, peuvent parfois êtres qualifiés de gens qui ne sont rien. Il faut un certain courage pour être fraternel avec les plus proches de nous. La misère recule, c’est la moindre des choses quand les inégalités s’accroissent, conséquence directe les associations caritatives se multiplient, elles sont les marqueurs, les substituts du manque de fraternité de notre république, notre devise est mise à mal. En même temps de plus en plus d’hommes et de femmes se lèvent pour palier aux carences pour aider les plus humbles d’entre nous, nous avons besoin de fraternité.
C’est dans les associations caritatives que s’exerce, que vit la fraternité, là où il n’y a plus de barrières, de murs entre les hommes, les religions, les partis politiques, là où l’action remplace les colloques sur l’étude de la manière de faire, là où les grands débats cèdent la place aux mains tendues, où quelques mots de réconforts remplacent les plus beaux discours, dans ces lieux où tous les hommes retrouvent leur dignité.

Quand en même temps les états ouvrent des brèches dans cette fraternité, ne sachant plus comment endiguer cette demande d’accueil de l’autre, bien sur il ne faut pas faire preuve de naïveté, le problème est complexe, il faut simplement prendre part, prendre sa part de fraternité.
Des décisions récentes de création de hot spots hors de nos frontières chez nos voisins pour contenir les migrants en quête de fraternité, interroge.
Dans un article de l’hebdomadaire l’Express, Laurent Bigot ancien diplomate, spécialiste de l’Afrique, combat l’idée selon laquelle que c’est à l’Europe de développer l’Afrique pour mettre fin aux flux migratoires. Il écrit : « Tant que l’Europe entretiendra une vision paternaliste de l’Afrique et une méconnaissance de ses traditions migratoires, elle échouera à trouver des réponses aux défis actuels. »
L’aide au développement cinquantenaire à échouée, une aide nouvelle à ces pays en contre partie du contrôle de leurs frontières est une autre chimère.
Laurent Bigot observe que nous continuons à vouloir importer nos idées en Afrique, comme un post colonisation, un sorte de racisme inconscient.
L’aide occidentale ne correspond qu’à une succession de rentes, rente pour le développement, rente pour contenir le terrorisme, rente maintenant pour le contrôle des frontières. La plupart de ces aides détournées de leur but par les dirigeants politiques.

L’ Asie qui dans certaines de ses parties n’était pas mieux lotis, a su se développer sans ces rentes.
Notre désir d’aide à ceux que nous considérons comme plus faibles que nous confine parfois à l’insulte et à leur dignité.
Le franc-maçon sait que quand il aide il doit le faire sans ostentation, avec réserve et discrétion en fonction de ses moyens, de manière à ne pas s’enorgueillir et humilier celui qui reçoit, on ne fait pas l’aumône à son frère.
Laurent Bigot délié de son devoir de réserve parle cash, sans langue de bois, c’est à la mode. Il s’indigne quand notre président reçu à Ouagadougou s’érige en donneur de leçons, comme au temps du colonialisme dont il a en même temps fait état à Alger en période électorale oblige en dénonçant un crime contre l’humanité.
Nous continuons à vouloir imposer aux Africains notre modèle de développement à nos frères africains, ce n’est pas de la fraternité, il faut admettre et respecter nos différences. Les sages d’Afrique ne rêvent pas tous d’êtres des traders à la city !
Laurent Bigot nous montre l’exemple de nos frères ivoiriens qui accueillent et gèrent quelques 3 millions de réfugiés burkinabés, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Les migrations et les déplacements de populations en Afrique durent depuis des décennies.
« La réalité, c’est que n’importe quel migrant, qu’il soit en situation régulière ou pas, parvient à travailler en Europe. »
« Le mieux que l’on puisse faire, c’est les gérer, intégrer les migrants légaux et reconduire les autres. »
Nos politiques dans toutes l’Europe ont peur, de la montée des extrêmes, peur pour leur carrière, Laurent Bigot nous dit : « Ils parlent aux peuples européens comme ils parlent aux africains, c’est à dire comme à des enfants. »
Une fois encore Laurent Bigot ne fait pas dans la demi mesure, dans l’hypocrisie, mais pour revendiquer la fraternité, il faut être sincère et d’abord avec soi-même.
Observons que ces jours derniers tous les pays à qui l’Europe voulait imposer la création de hot spots sur leur territoire sans d’ailleurs leur avoir demandé leur avis ont refusés ces camps de rétention.
On n’impose pas aux autres la fraternité que nous sommes incapables de réaliser, même avec l’aumône de quelques euros.
JF.
Source : L’Express du 18 juillet 2018. Page 86 IDÉES : « Ce n’est pas aux Occidentaux de développer l’Afrique. » Par Laurent Bigot.
LAURENT BIGOT.
Ancien sous-directeur chargé de l’Afrique de l’Ouest au Quai d’Orsay (juillet 2008-mars 2013), ce diplomate de carrière a été remercié, dit-on, en raison de son franc-parler. Laurent Bigot a depuis fondé Gaskiya, une société de conseil.