LE MANTIQ AL TAYR
La légende du Roi Salomon retracée dans l’ancienne alliance, sert de support aux loges maçonniques symboliques, dites bleues. Cette légende fournie les outils de l’élévation, de l’essor spirituel aux adeptes. Ils viennent picorer peu à peu leur nourriture spirituelle, comme les oiseaux sortis du nid, ils aspirent à grandir et s’élever vers le ciel.
Ces oiseaux ont été comparés aux âmes qui quittent la chair, la terre, pour partir dans les nuées.
« Et Salomon hérita de David et dit : Ô hommes ! On nous a appris le langage des oiseaux, et on nous a donné part de toutes choses. C’est là vraiment grâce évidente. »
Le Mantiq Al Tayr est un superbe texte Persan Soufi attribué à Farid al Dîn Attar, c’est un masnavi c’est à dire un texte spirituel ésotérique.
Il compare les oiseaux aux âmes qui s’élèvent après avoir parcouru les vallées à la recherche des hommes véritables.
Certains francs-maçons travaillent sans relâche dans les vallées, mais que cherchent t’ils dans ces vallées ? Le texte Soufi dit :
Que la première vallée est celle de la recherche, la deuxième celle qui naît de cette recherche est celle de l’amour, qui est sans limite. La troisième vallée est celle de la connaissance, la quatrième celle de l’indépendance, la cinquième celle de la pure unicité, la sixième celle de la stupéfaction, contemplation, illumination, qui mène à l’ultime celle de la pauvreté, humilité ou l’ego est vaincu, réduit en cendre, en poussière à la porte de l’orient éternel.
Suivre ces oiseaux, c’est suivre son âme, la voir grandir, après avoir vu son corps ses faiblesses et ses forces, voir surgir son âme et se voir tel que l’on est, enfin, en entier.
Je ne sais pas pourquoi plus j’avance en âge, plus je regarde les oiseaux, peut-être parce que j’écoute de plus en plus le son, leurs chants, avant que définitivement ils disparaissent faute de nourriture. Je suis du regard leur vol, comme par instinct, quand j’ai vu ma première huppe au fond d’un jardin, un matin quand mes yeux se sont ouverts, que mon corps s’est étiré face au soleil, j’ai cru voir un pèlerin qui me faisait signe vient, cette huppe se dirigeait vers une cité éternelle, un pays inconnu de l’homme, le pays du paon, le paradis que seul lui peut voir avec les yeux de sa queue, les yeux du cœur, alors le rossignol chante posé sur la rose.
Il se dit que dans nos loges qu’il y a des bijoux mobiles que portent les frères officiers du premier triangle, ces oiseaux qui composent le bestiaire symbolique m’apparaissent comme ces bijoux mobiles, comme des émeraudes vertes d’espérance serties sur ces bijoux que l’on porte sur soi, sur son cœur, dans notre cœur.
Tant que nous saurons regarder les huppes voler et les rossignols chanter, il y aura de l’espérance, de l’amour, et de la vie tout simplement.
Voilà ce que m’inspire en ce matin d’été, ce masnavi persan, ce Mantiq al Tayr, ce langage des oiseaux.
JF.