ARCHIPEL, REUNIR CE QUI EST EPARS
Archipel , la dernière fois que j’ai été confronté à ce mot, ce fût lors de la lecture de l’Archipel du Chiende Philippe Claudel. Cette fiction qui n’a bien sûr rien à voir avec la réalité ! Retrace la vie tranquille d’une communauté d’iliens, sans doute dans une île de méditerranée où viennent s’échouer malencontreusement deux migrants africains, cela bouleverse la vie de cette île et révèle les tréfonds de l’âme de ses habitants.
Un archipel aujourd’hui, fait penser à un ensemble d’îles paradisiaques, mer, sable et cocotiers, ce mot nous transporte en Polynésie ou aux Maldives. A l’origine ce mot vient du Grec Aigaion(Egée) et Pélagos- Pélagien (mer) et archi donne l’idée de mer principale, d’étendue de mer parsemée d’îles. Par une sorte de glissement sémantique, nous sommes donc passés d’une mer principale, au particulier, aux îles individuelles.
Nous avons construit des îles, des bouts de territoires isolés où nous nous sommes regroupés par affinités « raciales », sociales, nous nous sommes peu à peu atomisés, retranchés sur nos îles respectives en évitant de se laisser aborder par les autres. Nous sommes passés d’une communauté d’humains au communautarisme.
Il suffit de sortir de son « quartier » de franchir le périphérique pour les Parisiens, pour découvrir des mondes différents.
Nous sommes dans un mouvement totalement contraire à l’idéal maçonnique qui vise à réunir ce qui est épars, qui vise à la rencontre d’hommes totalement différents, c’est l’enfermement contre l’éveil, le compas complètement fermé, le renoncement à la fraternité humaine, le refus du chemin vers l’autre.
Nous sommes dans un raisonnement totalement binaire, le pavé mosaïque, est devenu tout blanc ou tout noir. Nous vivons un entre nous, un entre soi. Il est des endroits à deux rues de chez nous, où l’on ne va pas, où l’on ne va plus, nous avons construit nous-mêmes des zones de non droits parce que nous avons renoncé à notre fraternité.
Sur notre mer commune, nous avons construit des archipels d’indifférence.Pourtant nous savions construire des cathédrales ouvertes pour tous, assez grandes pour accueillir la population de villes entières. Nous ne construisons plus que des tours sécurisées ou des résidences pour séniors, à l’intérieur même de nos groupes, nous construisons des sous-groupes, nous fracturons sans cesse.
Sous les coups de boutoir de notre conscience, nous glosons quelquefois laissant échapper des mots, ce sont le vivre ensemble, la nécessaire intégration, la mixité sociale.Nous francs-maçons nous déclarons que notre institution rassemble sans distinction les femmes et les hommes, quelle que soit leur couleur de peau, leur classe sociale, leur opinion politique, pourvu qu’ils soient libres et de bonnes mœurs. Mais est-on libre, isolé sur une île, fut-elle dans un archipel ?
JF.
Note Editeur l’Archipel du Chien
« Le dimanche qui suivit, différents signes annoncèrent que quelque chose allait se produire. Ce fut déjà et cela dès l'aube une chaleur oppressante, sans brise aucune.
L'air semblait s'être solidifié autour de l'île, dans une transparence compacte et gélatineuse qui déformait ça et là l'horizon quand il ne l'effaçait pas : l'île flottait au milieu de nulle part. Le Brau luisait de reflets de meringue. Les laves noires à nu en haut des vignes et des vergers frémissaient comme si soudain elles redevenaient liquides.
Les maisons très vite se trouvèrent gorgées d'une haleine éreintante qui épuisa les corps comme les esprits. On ne pouvait y jouir d'aucune fraîcheur. Puis il y eut une odeur, presque imperceptible au début, à propos de laquelle on aurait pu se dire qu'on l'avait rêvée, ou qu'elle émanait des êtres, de leur peau, de leur bouche, de leurs vêtements ou de leurs intérieurs. Mais d'heure en heure l'odeur s'affirma. Elle s'installa d'une façon discrète, pour tout dire clandestine. »
Critique du livre : Bookycooky
Philippe Claudel dans son dernier livre nous revient avec un conte noir pour nous rappeler, remettre à la lumière du jour, une triste vérité, un sujet douloureux toujours actuel, depuis presque deux décennies. Un beau jour sur une île paisible de pêcheurs de l'Archipel du Chien, trois cadavres de jeunes noirs échouent sur la plage. « C'est une erreur », dira le Maire de l'île, qui les découvre, voilà pour l'attitude, qui vous donne aussi une idée de ce qui va suivre.
Claudel, confronte divers morales de divers personnages très typés, le Maire, l'Instituteur, le Curé ( avec lequel, il est sans pitié), le Docteur, la Vieille....et le C.....,face à la tragédie et y insère une énigme, reprenant l'argument, "The big Brother is watching you", un caractère d'Orwell, qui malheureusement entre-temps est devenu réalité. Partant d'une tragédie humaine, il développe une farce tout aussi humaine, mais dommage, truffée de clichés et peu convaincante.
Philippe Claudel est un auteur que j'aime énormément. Ce dernier livre est toujours bien dans la forme, mais le fond, en plus des clichés, m'a parue rafistolé et moralisateur; quand à sa morale de justice divine, elle est peut cohérente avec sa non « croyance ». Ce n'est que mon avis bien sûr. Je le préfère dans la vraie fiction ou dans ses passions et ses vécus. Après une dizaine de livres, c'est ma première petite déception. Mais je recommande quand même sa lecture car "in fine fine" c'est du Claudel et vous pourriez en avoir un tout autre ressenti.
"La plupart des hommes ne soupçonnent pas chez eux la part sombre que pourtant tous possèdent. Ce sont souvent les circonstances qui la révèlent, guerres, famines, catastrophes, révolutions, génocides. Alors quand ils la contemplent pour la première fois, dans le secret de leur conscience, ils en sont horrifiés et ils frissonnent."
L’ARCHIPEL DU GOULAG
Résumé :
Immense fresque du système concentrationnaire en U.R.S.S. de 1918 à 1956, " L'archipel du goulag " (ce dernier mot est le sigle de l'Administration générale des camps d'internement) fut terminé par Soljénitsyne en 1968. " le c¿ur serré, je me suis abstenu, des années durant, de publier ce livre alors qu'il était déjà prêt : le devoir envers les vivants pesait plus lourd que le devoir envers les morts. Mais à présent que, de toute façon, la sécurité d'Etat s'est emparée de ce livre, il ne me reste plus rien d'autre à faire que de le publier sans délai. " 227 anciens détenus ont aidé Soljénitsyne à édifier ce monument au déporté inconnu qu'est " L'archipel du goulag ". Les deux premières parties, qui composent ce premier volume, décrivent ce que l'auteur appelle " l'industrie pénitentiaire ", toutes les étapes par lesquelles passe le futur déporté : l'arrestation, l'instruction, la torture, la première cellule, les procès, les prisons, etc. - ainsi que le " mouvement perpétuel ", les effroyables conditions de transfert. (Les deux parties suivantes consacrées à la description du système et de la vie concentrationnaires feront l'objet du second volume à paraître prochainement.) " L'archipel du goulag " n'est pas un roman mais, comme l'intitule Soljénitsyne, un essai d'investigation littéraire. La cruauté parfois insoutenable des descriptions, l'extrême exigence de l'auteur vis-à-vis de lui-même et l'implacable rigueur du réquisitoire sont sans cesse tempérées par la compassion, l'humour, le souvenir tantôt attendri, tantôt indigné ; les chapitres autobiographiques alternent avec de vastes aperçus historiques ; des dizaines de destins tragiques revivent aux yeux du lecteur, depuis les plus humbles jusqu'à ceux des hauts dignitaires du pays. La généralisation et la personnalisation, poussée chacune à leur limite extrême, font de " L'archipel du goulag " un des plus grands livres jamais écrits vivant au monde, " notre contemporain capital ".
Critique Akhesa
Livre hautement intéressant d'un point de vue historique car l'auteur reprend la création et l'organisation des premiers goulags en Russie, puis il nous décrit les différents types de goulags ainsi que les types de population qui y sont enfermés.
L'auteur nous y décrit les terribles conditions de vie et de travail.
Tout comme d'autres ouvrages qui traitent des systèmes d'emprisonnement, de détention; surtout sous les régimes totalitaires, cet ouvrage est très dur à lire mais je crois sincèrement qu'il faut aller jusqu'au bout de l'innommable et de l'abaissement à cette cruauté qui n'est finalement qu'humaine
A LIRE CETTE SEMAINE DANS l’EXPRESS :
« Nous vivons dans une société d’Archipel » de Jérôme Fourquet directeur du département Opinion de l’Ifop.
« …pour les français la question des équilibres démographiques est désormais centrale et les taraude de manière plus ou moins aiguë : qui est majoritaire dans un endroit donné ? Qui est la majorité dans ma ville ? Mon quartier ? Mon immeuble ? Nous ne sommes plus chez nous. »
PAROLES
♪ L'île Saint-Louis ♪
D'être à côté de la Cité
Un jour a rompu ses amarres
Elle avait soif de liberté
Avec ses joies, avec ses peines
Qui s'en allaient au fil de l'eau
On la vit descendre la Seine
Ell' se prenait pour un bateau.
Quand on est une île
On reste tranquille
Au cur de la ville
C'est ce que l'on dit,
Mais un jour arrive
On quitte la rive
En douce on s'esquive
Pour voir du pays.
De la Mer Noire à la Mer Rouge
Des îles blanches, aux îles d'or
Vers l'horizon où rien ne bouge
Point n'a trouvé l'île au trésor,
Mais tout au bout de son voyage
Dans un endroit peu fréquenté
On lui raconta le naufrage
L'île au trésor s'était noyée.
Quand on est une île
On vogue tranquille
Trop loin de la ville
Malgré c'que l'on dit,
Mais un jour arrive
Où l'âme en dérive,
On songe à la rive
Du bon vieux Paris
L'Ile Saint-Louis a de la peine
Du pôle Sud au pôle Nord
L'océan ne vaut pas la Seine
Le large ne vaut pas le port
Si l'on a trop de vague à l'âme
Mourir un peu n'est pas partir
Quand on est île à Notre-Dame
On prend le temps de réfléchir.
Quand on est une île
On reste tranquille
Au cur de la ville
Moi je vous le dit,
Pour les îles sages
Point de grands voyages
Les livres d'images
Se font à Paris