PROPOS SUR LES SUBLIMES, LES PRINCES, LES ILLUSTRES..
C’est en réponse à notre frère Cincinnatus que je rédige ces quelques lignes au débotté en rentrant d’une tenue de « hauts grades », tenue où j’ai eu le plaisir de travailler avec mes frères, dans la joie et l’humilité, j’ai bien dit humilité à l’image du plus humble de tous.
Il y a dans la franc-maçonnerie des degrés et des grades, ce sont des jalons sur la voie de la spiritualité. De l’apprenti au souverain grand inspecteur général 33ème degré du rite ancien et accepté, ou pour la maçonnerie d’inspiration égyptienne 90 degrés et peut-être plus ?
À chaque degré correspond un titre, qui peut paraître pompeux, démesuré, désuet pour le profane : Maître Parfait, Illustre élu, Prince de Jérusalem, Chevalier du Soleil, Sublime Prince du Royal Secret, Illustre frère etc…Derrière ces titres il y a de simples hommes, qui ont fait de leur libre volonté un bout de chemin vers eux-mêmes et la spiritualité. Mais surtout ces titres sont évocateurs de légendes et correspondent à des vertus incarnées par les personnages acteurs de ces légendes, par exemple la justice de Salomon.
S’il y a un risque de confusion ou d’hypertrophie de l’ego « pour les simples d’esprit » ce qui importe essentiellement pour les maîtres maçons, c’est l’évocation des vertus qu’ils doivent travailler et transmettre, c’est leur devoir d’exemplarité.
Les frères qui pensent avoir atteint un degré de spiritualité élevé pourront le mesurer en fonction de leur capacité à descendre de l’échelle spirituelle, vers leurs frères ayant commencé leur ascension dans les loges symboliques ou bleues.
Ces frères « titrés honorés » ne seront reconnus comme tels que s’ils remplissent leur obligation de transmettre aux autres, ils ont en réalité plus de devoirs que de droits.
Je ne tomberais pas non plus dans une forme de naïveté en niant la possibilité que certains d’entre eux se prennent pour des généraux mexicains, je l’ai malheureusement constaté parfois, et j’ai de la peine pour eux, c’est notre devoir de leur montrer le bonheur qui existe au-delà des apparences. Ces frères font une confusion entre la hiérarchie d’honneur et la hiérarchie spirituelle, la grandeur de leur tablier, ou l’ampleur de leurs décorations est souvent inversement proportionnelle à leur hauteur spirituelle.
Mon cher Cincinnatus je veux te dire ce que tu sais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais surtout témoigner qu’il y a plus de francs-maçons dévoués et fraternels que d’égotistes et d’égocentristes.
Sortant il y a deux heures à peine d’une de mes tenues je garde la vision du très illustre frère 33ème degré venu en visite et qui après l’agape fraternelle s’est saisi du torchon pour essuyer la vaisselle, il n’y avait pas l’épaisseur d’une feuille de papier entre lui et un apprenti d’une loge bleue. J’ai vu aussi bien des apprentis détourner le regard et fuir devant cette modeste tâche.
En toute fraternité.
JF.