TERRE DES HOMMES, TERRE DES MACHINES
Le siècle des lumières a sorti l’homme de l’obscurantisme, il a placé la raison au centre, mettant à mal les traditions au mieux les reléguant au domaine de la foi. Le développement des sciences et des techniques est devenu un projet de vie, l’homme se préoccupant de plus de son enveloppe corporelle, nous assistons à la réduction des croyances, l’imagination est mise uniquement au service de la technique, les soins du corps, la vie quotidienne seront exécutés par des machines. L’empathie, la solidarité, la fraternité sera remplacée par des robots, est-ce un problème ?
La dictature de la technique dépasse notre libre arbitre, dans les plus infimes détails, il faut remplacer les bougies de cire dans nos temples maçonniques, sécurité incendie oblige, il faut de l’efficacité, de la productivité à tout prix. La valeur de l’échec, de la rêverie, de la surprise, de l’imprévu doit absolument disparaître, risque zéro. Dans ce monde hyper rationnel l’homme se confond avec les automates dont il est le créateur, il semble heureux de la réussite de sa création, de ses gestes répétitifs sans âme.
Les processus, les techniques naissent dans les conseils d’administration, une très faible minorité décide pour l’ensemble des citoyens sans les consulter, on ira sur la Lune pas au secours des affamés ou de notre planète. Les décisions des conseils d’administration seront exécutés par des comités de techniciens dont ne font pas partie les poètes, les sages, les philosophes, les artistes au mieux il y a quelques « designers » au service de l’esthétique des objets pour mieux les vendre.
Ces techniques nous sont imposées par ceux qui investissent dans notre vie quotidienne, nous sommes envahis par des machines qui se connectent entre elles et nous connectent à elles. Comment sommes-nous arrivés à cette sorte d’uniformité, il faut peut-être remonter à la Grèce ancienne, au passage du Muthos, des mythes incarnés par tous les « bons dieux », symbolisant chacun une vertu à ce « Dieu généraliste Logos » unique, parlant mieux à notre raison. Une volonté sans doute de mettre de l’ordre dans ce panthéon, de rendre plus lisible pour tous les hommes le divin, avec les conséquences que l’on connaît une guerre entre les religions. Il semble que les Grecs anciens étaient plus sages avec leurs dieux spécialisés, des courtiers en connaissance comme pourrait le dire nos cousins du Québec.
Et rien n’empêche de réunir tous ces dieux pour une agape fraternelle, comme les francs-maçons savent le faire dans leurs loges.
Nous sommes bien loin pensez-vous d’un monde de machines, mais si proche d’un monde d’hommes.
À trop vouloir aduler, adorer nos machines, nous oublions quelles ne sont rien comparer à l’histoire de l’homme. « Que sont les cent années de l’histoire de la machine en regard des deux cent mille années de l’histoire de l’homme ? » Ecrivait Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des hommes. Il ajoutait « Nous sommes tous de jeunes barbares que nos jouets neufs émerveillent encore. » « Nous avons un peu oublié que nous dressions ces constructions pour servir les hommes. » Il nous reste encore beaucoup de travail, de résistance et de conscience à privilégier pour vivre dans un monde d’hommes et non dans un monde de machines.
JF.
L’homme est tout.
Si une chose lui manque,
C’est qu’il ignore sa richesse.
Angelus Silesius Livre I, 140.