LE RETOUR DE L’OBSCURANTISME ?
Les francs-maçons sont les enfants de la lumière, plus précisément enfants de la lumière ou des lumières, sans doute des deux. Il y a trois courants dans la franc-maçonnerie contemporaine grossièrement un courant traditionnel, qui fait référence aux traditions regroupées dans une tradition primordiale disait René Guénon, un courant sociétal qui entend agir directement sur la société et un troisième courant, une voie du milieu en quelque sorte, imprégnée par les traditions à la fois spirituelle et humaniste. Les trois courants revendiquent la transformation de l’homme profane, qui par son initiation progressive tendra vers la sagesse et la connaissance, conscient qu’il ne l’atteindra jamais, mais qui se met sur le chemin, faisant le choix du bien, du vrai, du réel et par son exemple entend influer à son modeste niveau sur la société pour la rendre plus juste, plus solidaire, plus fraternel, éloignée du monde des apparences.
La franc-maçonnerie opérative proche des compagnons bâtisseurs avec la fin des constructions de pierre, s’est transformée en une franc-maçonnerie spéculative qui a progressé avec le siècle des lumières, qui mettait un terme à l’emprise de l’obscurantisme sur l’homme. C’est cette franc-maçonnerie qui est encore pratiquée dans les loges, où se retrouvent des hommes libres de bonnes mœurs, sans distinction, sociale, religieuse ou politique.
La franc-maçonnerie est une éponge imprégnée du meilleur des traditions religieuses, philosophiques, des courants de pensée comme l’alchimie, elle ne se fixe aucune limite elle ne vise qu’à l’amélioration de l’homme et de l’humanité dans son ensemble, c’est son universalité. De cette marmite bouillonnante de l’esprit, s’élèvent des volutes chargées des vertus les plus nobles.
Cette franc-maçonnerie de l’humain, de la bienveillance, du doute moteur de recherche de la connaissance, accueille tous ceux qui veulent s’élever spirituellement, donner du sens à leur vie, renoncer à leurs certitudes, pour avancer humblement vers eux-mêmes et vers les autres.
Force est de constater que cet esprit des lumières est en danger, il est attaqué de toutes parts. Cela est né sans doute d’une confusion, certains d’entre nous confondent spiritualité et religion, à l’exemple de ceux qui furent prompts à détourner de son sens la pensée d’André Malraux quand il aurait dit :« Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas. »En réalité il aurait dit : « Le XXIème siècle sera spirituel (ou mystique) ou ne sera pas. »
Il n’existe aucun écrit attestant cette citation, mais simplement le témoignage du journaliste du Point André Frossard qui aurait entendu cette citation de la bouche d’André Malraux.
Les idéaux défendus par les Lumières sont-ils en voie d’extinction ? En tout cas il y a des symptômes visibles de la maladie qui les atteints : les critiques des nouvelles technologies, la recrudescence des mouvements extrémistes, intégristes, la perte d’influence des religions anciennes au profit de nouvelles églises, comme les églises évangéliques, les formes déviantes des religions traditionnelles qui attaquent les idéaux des lumières et veulent prendre part au débat public, à la politique.
La raison, l’universel deviendrait-t-ils obsolète, avec le renforcement des communautarismes.
Has been les enfants de la Lumière ? Oublié Voltaire, Newton, Kant etc…
L’ascenseur social est en panne, et il semble qu’il en soit de même pour l’ascenseur spirituel, ce dernier est remplacé chez certains jeunes par l’intégrisme.
On parle de moins en moins des Droits de L’Homme, si ce n’est que comme une gène dans les relations diplomatiques, on ferme trop souvent les yeux refusant de voir les atrocités, pour protéger le profit économique. Le sentiment d’inégalité se renforce de jour en jour, sur le plan social, fiscal, cela nourrit les extrémismes. Les progrès, la philosophie née des Lumières n’ont plus de sens que pour des élites intellectuelles, isolées du reste de la société.
Nos loges maçonniques ont du mal « à recruter » dans les jeunes générations, il n’y a pas d’enthousiasme pour la pratique des vertus.
Plus graves des mouvements anti-siècle des Lumières voient le jour, la notion d’universel se perd, ont reconstruit des frontières, des murs, on clive de plus en plus, le peuple souffre et les élites développent leur emprise. Il semble que l’esprit des Lumières se dissout dans l’éther, il parfume simplement de beaux discours.
Le cosmopolitisme valeur chère aux philosophes, et l’humanisme valeur universelle est un terme que l’on n’emploie plus que chez les francs-maçons ironise Jacques Guillebon, fondateur de la revue d’extrême droite « L’Incorrect ».(Lancé en septembre 2017 L’Incorrect prolonge la ligne conservatrice et identitaire de Marion Maréchal Le Pen, qui s’est mise en retrait de la vie politique, et milite pour une union du FN et tout ou partie des Républicains. Source Journal La Croix Laurent de Boissieu le 06/09/17.)
Le refus des Lumières se nourrit aussi de la théorie du complot, on doute de tout de l’utilité des vaccins, des antibiotiques, des nouvelles technologies.
À force de ne pas expliquer, les progrès, à force de ne pas reconnaître le meilleur des religions, de celles qui ont sues faire leur chemin vers l’homme, vers la tolérance, la bienveillance, on laisse se propager l’intégrisme, c’est le retour à la barbarie.
Le mondialisme et le rationalisme adossés aux nouvelles technologies ne peuvent pas prolonger la philosophie des Lumières. Il manque le souci de bonheur de l’homme, il manque le ciseau de l’éthique.
Les vertus apparaissent de plus en plus comme des valeurs moralisatrices, sans intérêt, des obstacles à l’expansion économique.
Les loges maçonniques sont peut-être les derniers endroits, les dernières universités où l’on propage le désir, l’intention, la volonté, de pratiquer les vertus, de mettre de l’ordre dans le chaos, de réunir les hommes dans un centre d’union fraternel, comme l’ont rêvé les fondateurs de l’institution il y a plus de 300 ans, un creuset où les hommes libres et de bonnes mœurs peuvent développer ce qu’il y a de meilleur en eux, pour en donner modestement une parcelle, à ceux qui ont faim de Connaissance et soif de Spiritualité, à leur frères et a tous les hommes.
JF.