DU RITUEL, DES RITUELS MAÇONNIQUES
Les rituels sont la parole du rite, comme il y a plusieurs rites maçonniques, il y a donc plusieurs rituels le capitaine Jacques de la Palisse n’aurait pas dit mieux, et pourtant souvent dans les loges on entend du parler du rituel et non de notre rituel.
Posé le fait incontestable que le rituel est la parole du rite, c’est donc son véritable maître initiatique, il est porteur de la tradition d’où l’obligation d’une pratique rigoureuse, presque rigoriste. Puisqu’il est le vecteur de la transmission du rite, tout écart, transformation, modification doit en préserver le sens, la pureté, les modifications sont souvent réalisées avec sagesse en prenant le temps nécessaire, si le maître des cérémonies veille à l’organisation de la loge, l’expert sera attentif au respect du rituel.
Pourquoi ce que d’aucuns considèrent comme du pointillisme, justement parce que chaque point du rituel a une signification, à l’origine les rituels se transmettaient oralement on attachait de l’importance à chaque lettre, à chaque mot, l’expansion des corps maçonniques en même temps que le développement de l’imprimerie a rendu nécessaire l’écriture des rituels, des erreurs de transcription sont apparues au fil du temps, elles n’ont pas toujours été corrigées, cela est dommageable à la compréhension du rite et sa transmission, mais, peut être corrigé, par la vigilance de frères qui pratiquent vraiment.
Plus grave à mon sens ce que je qualifierais d’intellectualisation du rituel, cette propension à vouloir faire l’exégèse de chaque mot, de chaque ligne, on en arrive à des élucubrations dignes des sophistes. L’intellect à mon sens doit rester un levier de compréhension, pour une acquisition personnelle des valeurs contenues dans chaque rituel.
Le travail initiatique oblige la connaissance de son rituel et comment mieux comprendre son rituel qu’en le pratiquant régulièrement, c’est l’effet, l’éveil qu’il produit sur l’initié qui le fait avancé dans la voie de la Connaissance degré après degré. Il y a là quelque chose d’incommunicable par le seul intellect.
C’est un peu comme en philosophie faire de la « Platonisation »sans avoir lu ni compris Platon.
Les rituels se vivent, c’est leur partie vivante qui initie fait remarquer Alain Pozarnik. C’est ce vécu des rituels qui libère l’initié de ses connaissances, de ses certitudes, il devient en quelque sorte nu, libéré de ses apparences, du vernis de ses connaissances et se met dans un état propice à accueillir son être véritable au-delà, au-dessus du paraître. Le rituel vit en lui-même il est comme un exercice spirituel, du même type que ceux que pratiquaient les philosophes antiques, le rituel produit dans l’adepte une transformation, il humanise, la pratique collective renforce et soutient cette transmutation.
Le rituel permet la construction ordonnée, graduée, d’un homme nouveau, neuf, je cite encore Alain Pozarnik : « le rituel d’apprenti explique comment travailler à se connaître, celui de compagnon y ajoute la découverte des lois qui régissent le monde et l’univers, celui du maître complète achève le travail par la prise de conscience d’un être intérieur assassiné par nos comportements. »
Le rituel impose donc le travail, si la raison prend sa part dans son étude, sait surtout l’expérience qui permet l’initiation. L’instruction et la pratique sont indissociables. Il faut raison mais surtout expérience. C’est un aspect du secret maçonnique renfermé dans le cœur de l’initié, incompréhensible même par les hommes les plus cultivés.
JF.