LA LOGE RESTAURANT SPIRITUEL
Quand on évoque les nourritures terrestres, spontanément l’on pense à l’indispensable nourriture de nos corps, à leurs entretiens en bon état car nous sommes à la fois corps et esprit. L’expression humaniste de Juvénal « mens sana in corpore sano », dont la traduction courante est un esprit sain dans un corps sain. Ainsi l’homme uni, devient le centre de tout. Certes l’esprit élève le corps, et ne peut s’épanouir que dans un corps sain.
Mais, il semble qu’aujourd’hui, la préoccupation principale soit « le bien-être du corps », la restauration, l’entretien du corps, la prolongation de la vie corporelle, supplante le développement de l’esprit, le plaisir immédiat passe avant le désir, l’intention du bien.
On néglige l’esprit certains ambitionnent même son remplacement, sa substitution par l’intelligence artificielle sous couvert de nous faciliter les tâches les plus courantes, les plus répétitives qui doivent selon eux échapper à notre réflexion.
La santé du corps se vend bien, les marchands sont nombreux, le créneau est porteur, la demande forte, le chaland important. On réduit donc l’expression « mens sana in corpore sano »au paraître. Cela ne saurait suffire, il y a un manque qui apparaît comme une évidence à celui qui veut donner un sens à sa vie.
C’est ainsi que souvent, quand on est au midi de sa vie l’on frappe à la porte du temple, pour pouvoir accéder à la loge en recherche de ce restaurant ou sont offertes les nourritures de l’esprit. C’est dans cette loge qu’à partir d’une méthode de travail, qui ne peut être unique standardisée, chaque homme étant différend, il n’existe pas de Kit prêt à monter. L’initiation est personnelle, individuelle, les marchands de manuels du parfait initié, sont des charlatans, c’est la praxisen loge avec ses sœurs, ses frères, l’étude de son rituel, son interprétation qui font le chemin pour l’initié. C’est par soi-même que l’on prépare le festin de l’esprit, pour atteindre cet état d’âme qui mène à la joie d’être, de partager.
Cependant pour entrer dans ce restaurant il faut un guide, comme il existe des guides gastronomiques pour trouver le meilleur restaurant qui correspond à son attente, dans ces restaurants de l’esprit il n’y a pas de menus imposés, on choisira ce qui convient le mieux à son appétence, à ses aspirations personnelles, intellectuelles, affectives, par surcroit l’on fera découvrir à ses sœurs et ses frères des plats inconnus aux saveurs inédites, partagées en commun.
Notre rite maçonnique jalonne notre parcours initiatique, comme ces plats consommés dans un ordre particulier, s’initier, c’est commencer par la recherche du restaurant, puis apprendre à savourer l’entrée du repas en silence, découvrir tous les épices. Puis suivre la méthode, méthode qui est le chemin, faire ses courses choisir de bons produits simples, naturels, avec lesquels nous pourrons élaborer peu à peu des plats plus complexes quand nous aurons découvert les recettes au fur et à mesure de notre progression, il faudra remettre souvent le couvert à la table de l’esprit.
Et quand apparaîtra le gâteau final, la pièce montée symbolisant, l’alliance avec les hommes, la réalisation du temple de l’esprit, le chef-d’œuvre, construit grâce à l’amour et le soin apporté à chaque étape de cette lente ascension spirituelle, quand les plats auront mijoté dans la loge, au banquet la joie sera dans les cœurs.
Bon appétit mes sœurs et mes frères.
JF