HUMEUR : CEUX QUE L’ON NE VOULAIT PAS VOIR !
Ils étaient au bord de la route, courbés, fourbus sous la tâche, nous ralentissions à peine. Ils venaient chaque jour, sans rien dire prendre soin de mamie, de papy que nous ne voulons plus chez nous, ils poussent de leurs balais dans nos villes, nos mégots, nos papiers, ils sont sur des vélos livrant nos repas, ubérisés pour quelques euros, ce sont nos artisans qui peinent faute d’apprentis, nos paysans qui se suicident tous les jours, nos infirmières, nos soignants exténués dans nos hôpitaux etc…
Le nombre de ces travailleurs pauvres augmente « en même temps » que le nombre des yachts, des Châteaux, des milliardaires réfugiés dans les paradis fiscaux, des GAFAM qui se goinfrent insatiables, sans aucune solidarité fiscale.
Ceux qu’on ne voulait pas voir on les a nourri avec des smartphones, des abonnements soi-disant indispensables. Ils ont appris à regarder plus haut en restant en bas, il fallait courir du matin au soir pour survivre, et puis un jour épuisé, ils ont pris peur de tomber encore plus bas, de rejoindre les SDF qu’ils voient depuis des décennies dans la rue, il font la queue dans les restos du cœur, antichambre de la misère.
Alors, alors ils ont appliqué les consignes, on leur avait dit si vous êtes en panne au bord de la route, protégez-vous enfiler un « gilet jaune », il est dans votre boîte à gants de la voiture ou dans votre poche revolver, c’est une arme de défense.
Il n’est pas beau ce gilet jaune, mais l’on vous regardera enfin, vous les « cocus », les transparents, ceux qui ne sont rien, les illettrés, les Gaulois réfractaires, les fainéants incapables de traverser la rue. Vous vous êtes levés, vous avez envahi les campagnes, les villes, ceux qui ne sont rien sont apparus en plein jour, ils ont brisé le silence, pour leurs enfants, pour leurs parents, à l’arrogance et au mépris ils ont opposé leur dignité de femme, d’homme, ils refusent d’êtres des assistés permanents, car ils se lèvent tous les matins de bonne heure pour aller au travail. Ce sont des citoyens comme les autres, ils sont nos sœurs et nos frères, ceux à qui l’on demande en permanence mais que voulez-vous exactement ? Ils veulent simplement être regardés comme des femmes et des hommes, ce ne sont pas des animaux de bâts, c’est pour être vu qu’ils sont en gilet jaune, ils sont aussi notre soleil, ils ont leur juste place dans notre société.
JF.