MA BIBLIOTHEQUE
J’aime les livres, parce que dès la première page ouverte, ils sont une initiation au voyage, ils portent en eux une espérance de terres nouvelles, de nouveaux mondes, d’aventures vers l’infini, là où nous ne pouvons aller physiquement dans l’instant. Soudain volant sur la plume de l’auteur, nous sommes à Tibériade, au pied des pyramides, au sommet de l’Olympe ou du mont Fuji, nous glissons avec notre jonque dans les brumes de la baie d’Along.
Dans ma bibliothèque, il y a des étages, comme dans la vie, en bas il y a les fondations, la philosophie antique et ses exégèses, il paraît que Platon a tout dit, alors on commente. Légèrement au-dessus coincé entre les encyclopédies, une histoire des religions en 7 volumes, comme le hasard des 7 jours. A côté, on prit place les romans, plaisirs des sens et de l’imagination.
Mais plus haut, juste en levant les yeux, sont posés les livres du réel, les fleurs odorantes de l’esprit et de l’âme, les messages d’amour, de joie, de sagesse, de la vie tout simplement les recueils de poésie, là sont les voyages vers l’intérieur, vers la Vérité et la parole perdue.
Là se révèle souvent ce que l’on croyait incommunicable, la pudeur des mots chuchotés, un soir de tempête, l’hiver devant l’âtre, quand dépouillés ni nus, ni vêtus l’on a vaincu la peur d’être.
vêtus l’on a vaincu la peur d’être.
Peu à peu la lumière augmente en nous, nous avons franchi la porte du solstice d’hiver.
Ouvrir un livre de poésie, c’est un peu comme le dit Christian Bobin dans son recueil « La grande vie », s’éveiller, sortir : « d’un camp de concentration invisible qui couvre la terre dont parfois, par un sursaut d’éveil, un éclair de l’œil, nous sortons l’un des nôtres, nous délivrant du même coup. »
Du banquet d’hiver de ma loge à la fête de la Saint-Jean d’été, se prolonge dans ma loge la chaîne d’union fraternelle avec mes frères, ces femmes et ces hommes neufs, métamorphosés par leur découverte de leur lumière intérieure, cette lumière qui brille de plus en plus au fur et à mesure de leur initiation.
Alors comme l’a dit cette semaine passée, un de mes frères dans sa colonne gravée, quand j’ouvre un livre de poésie, je marche « sur le toit des mots », je suis prêt à comprendre et recevoir le message d’amour du plus humble de tous.
JF.
Extraits de Faire la paix avec soi de Etty Hillesum. Editions Points vivre.
Il est beau et bon de vivre
« Je voudrais pouvoir trouver le mot unique qui me permette de tout dire, tout ce qui est en moi, ce trop plein, cette opulence du sentiment de la vie. Pourquoi ne m’as-tu pas fait poète, mon Dieu ? Mais si, je suis poète, je n’ai qu’à attendre patiemment que lève en moi les mots qui porteront le témoignage que je crois devoir porter, mon Dieu : qu’il est beau et bon de vivre dans ton monde, en dépit de ce que nous autres humains nous infligeons mutuellement. »
Transmettre à l’autre un peu de sa force
« Je trouve non moins puéril de prier pour un autre en demandant que tout aille bien pour lui : tout au plus peut-on demander qu’il ait la force de supporter les épreuves. Et en priant pour quelqu’un, on lui transmet un peu de sa propre force. »
Esther Hillesum sous l’influence de Julias Spier élève de Jung entreprend une longue démarche introspective et se lance dans l’écriture d’un journal. En août 1942, elle rejoint Westerbork, un camp de transit et de rassemblent réservé aux juifs, où elle à obtenu un petit emploi.
Elle pense pouvoir être plus utile dans cette antichambre de l’enfer. Le 7 septembre 1943, elle part pour Auschwitz. Etty y serait morte le 30novembre 1943.