LE PHENIX QUEL DRÔLE D’OISEAU
Dans le bestiaire de la symbolique maçonnique le Phénix occupe une place particulière, comme la Salamandre emblème de François 1er, il se joue des flammes et même il y puise sa force. Souvent mis en correspondance avec l’Aigle et le Pélican, il est présent dans presque toutes les traditions.

Cet oiseau gazouille un peu partout, sur les bords du Nil avec l’Ibis, quoi de plus normal, il y a de l’alchimie là-dedans. Les Égyptiens, du moins ceux de l’Égypte ancienne étaient ivres d’éternité, il fallait pour eux renaître après la mort physique, passer de la putréfaction à la régénération, ne pas interrompre le cycle.
Le bestiaire symbolique Égyptien est impressionnant, les divinités portant des masques d’animaux sont légion. Les métamorphoses portées par ces têtes d’animaux, suggèrent l’évolution, c’est-à-dire l’initiation, le chemin de la partie animale, vers la partie spirituelle de notre être.

Quand les métamorphoses protéiformes atteignent leur apogée, des couples se forment de divinités doubles, figurant les vertus.
Et puis après tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut.
Le phénix, représente un exemple de l’art de mourir, les traditions tibétaines et indiennes sont aussi imprégnées de cette symbolique. Ce savoir traditionnel est parvenu jusqu'à la Perse avec Attâr et se retrouve dans son cantique des oiseaux, mais est aussi caché derrière les vers d’Ovide dans ses Métamorphoses.
Et que dire du nid du Phénix situé au sommet de la montagne de Qaf, considérée comme le centre du monde.
Carl Gustave Jung évoquait lui aussi, ce renouvellement de l’homme, cette quête du deuxième Adam, puissance de la vie de l’esprit.
C’est ainsi que de nombreux rites maçonniques en particulier le Rite Ecossais Rectifié et le Rite Ecossais Ancien et Accepté, ont fait dans leurs rituels initiatiques une place de choix au Phénix. Le feu qui le régénère est l’image de l’homme qui passe des ténèbres à la lumière. L’apprentissage de la mort devient plus facile, puisqu’ elle devient une étape vers la vie. De la mort resurgit la vie plus radieuse que jamais.
Alors, ne naissons-nous pas de nous-mêmes comme le Phénix ?
Jean-François.

Texte de Attâr dans le Cantique des Oiseaux
Extraits : Du Phénix
Il y a dans l’Hindoustan un oiseau étonnant
Et de grande beauté qu’on appelle Phénix (…)
Il vit près de mille ans et sait exactement
Quand sonnera pour lui l’heure où il faut mourir
Au moment de mourir, s’arrachant à lui même
Il rassemble un grand nombre de fagots de bois
Et se jette éperdu au milieu de ces branches
En exhalent des plaintes à déchirer les cœurs (…)
Le jour où sa complainte fait couler tout ce sang
Est un jour parmi tous, bien extraordinaire
Alors quand il ne reste en lui qu’un dernier souffle
Il bat une fois des ailes et soudain de ses plumes
Jaillit un feu brûlant qui le prend tout entier (…)
Bois et Phénix alors se transforment en braise
Puis de l’état de braise, se réduisent en cendres
Lorsqu’il ne reste plus aucune trace de braise
De la cendre apparaît un nouveau Phénix (…)
Vit-on jamais au monde un semblable prodige : renaître de la mort et sans naître pourtant ?
(…)
Ô toi qui vins au monde dans le dénuement
Sans force et misérable, en chevauchant le vent
Même si tu siégeais à la tête d’un empire
Tu n’en repartiras qu’avec du vent dans les mains.
(Allusion à Salomon)

Texte : des Métamorphoses d’Ovide extraits
(…) et la tribu des oiseaux, tout ce monde est né du milieu d’un œuf ?
Si on ne savait pas que c’est vrai, qui le croirait ? (…)
Ces animaux doivent à d’autres le principe de leur naissance, mais il y en a un qui se rétablit et se réengendre lui-même, un oiseau, les Assyriens l’appellent Phénix, ni de grains ni d’herbes il ne vit, mais des larmes de l’encens et du suc de l’amome
Dès qu’il a accomplit les cinq siècles de sa vie, sur la branche d’une yeuse ou au sommet d’un palmier tremblant, de ses griffes et de son bec pur il construit un nid.
Ici il entasse de la cannelle, les épis du nard doux, et, écrasée avec la myrrhe fauve, la cinname ; il s’installe dessus et finit, dans les odeurs, sa vie.
On raconte que va renaître, qui vivra tant d’années, du corps de son père, un petit Phénix.
Qui renaît de ses cendres,
Comme cet oiseau sacré
Ressemble à s'y méprendre
A ta vie, à ton sort,
Depuis le temps qu'on crie ta mort.
Par ceux qui disparaissent,
Ta tête est mise à prix
Chaque année dans la presse
Et ta vie et ton sort
Défient tous ceux qui crient ta mort,
Et ta vie et ton sort
Défient tous ceux qui crient ta mort.
Du sang de tous les hommes,
Comme lui tu as le cœur
Offert à ceux qui donnent
Et ta vie et ton sort
Font un torrent de l'eau qui dort,
Et ta vie et ton sort
Font un torrent de l'eau qui dort.
Solitaire et sans âme,
Tu n'aurais pas vécu
Sans l'amour de ta femme
Et ta vie et ton sort
Seront pour elle jusqu'à ta mort,
A la vie, à la mort
Je serai là jusqu'à ma mort.
A la vie, à la mort,
Je te suivrai jusqu'à ma mort,
A la vie à la mort.