LE VEAU D’OR ET L’EUROPE
En passant de l’Europe à l’Union Européenne, nous avons construit un veau d’or à la finance, nous n’avons pas su employer les métaux qui nous été confiés pour le bien de la communauté.
En perdant patience, en soumettant l’esprit à la matière, nous avons oublié le mouvement spirituel, l’idéal capable d’entrainer les peuples.
Nous avons cédé, à la raison, à la gestion, la technocratie, et maintenant l’Europe baille, s’ennuie elle ne produit plus que des bilans, des chiffres, des pourcentages. Elle a abandonné l’imaginaire à l’impatience du profit, la douceur, la bienveillance à la brutalité, on ne rêve plus d’Europe on s’échine à respecter des critères, des règles communes qui veulent parler à tout le monde et à personne en particulier.

L’Europe en faisant la part belle à l’immanence a banni toute transcendance, sauf peut-être dans le sport et dans les projets Erasmus, où les hommes sont reconnus comme tels.
Les métaux confiés ont été fondus pour forger des idoles humaines à la finance. Les hommes ont cessé de regarder la nuée dans le ciel, ils marchent hagards les yeux paupières closes, la tête inclinée vers la terre.
L’Europe manque de rêves, de visions, elle compte. Elle n’est plus un continent, mais un archipel. Un voile noir a été jeté sur le drapeau européen, dont le symbolisme censé représenté l’unité, se désagrège peu à peu, l’image de cette femme couronnée d’étoiles, se perd dans la nuit de l’ignorance, la vision de l’apocalypse de Jean s’estompe.

Il est venu le temps de réunir ce qui est épars, de construire une nouvelle cathédrale capable d’accueillir toutes les lumières. Il est venu le temps de ne plus voir en l’Europe qu’une carte de géographie à l’instar de ce que déclarait Paul Valéry :
« Je n’avais jamais songé qu’il existât véritablement une Europe ce nom ne m’était qu’une expression géographique. Nous ne pensons que par hasard aux circonstances permanentes de notre vie ; nous ne les percevons qu’au moment qu’elles s’altèrent tout à coup. »(1)
Il est temps de penser à l’éveil, au réveil de l’Europe, à sa renaissance. Plutôt qu’à je ne sais quel protectionnisme qualifié d’intelligent, par une sorte de pudeur. D’arrêter la récession de l’esprit européen qui inspira la construction de cette cathédrale commune. Il nous faut associer la force et la puissance à la culture, à l’ouverture cesser de regarder le nouveau monde, comme un idéal. Il nous faut inspirer l’universel, refaire une alliance entre tous les hommes.
L’Europe ne fait pas assez son cinéma au sens propre, comme au sens figuré.
Ne voyez pas de nostalgie dans mon propos, sauf à ne garder que la première partie de mot et sa signification grecque originelle de nostos, de retour, retour après un voyage périlleux à l’essentiel. Car c’est toujours des ténèbres que jaillit la lumière.
Jean-François.
(1)Citation de Paul Valéry extraite de Oeuvres Tome 1.