L’HUMILITÉ
Notre société contemporaine qui pousse à la consommation, à la croissance a-t-elle atteint ses limites, son apogée, le projet de vie est-il de devenir milliardaire. L’extériorité doit-elle prendre le pas sur la vie intérieure ?
Certains osent parler de décroissance on en est loin ! Aujourd’hui il faut être beau, maigre, riche, célèbre comme Narcisse contempler avec suffisance son apparence, enrichir son ego.
Honte, aux humbles, assimilés dans un ricanement à des simples d’esprit. On confond souvent l’humilité avec l’humiliation, la honte.
Les jeunes et moins jeunes manipulateurs de vidéos sur leurs smartphones sont des créateurs de honte et ne songent qu’à humilier leurs semblables, pour se distinguer, ils se réjouissent dans un éclat de rire en lançant leur cri de ralliement « Oh ! La honte !
L’ignorance, des traditions différentes déclenche des actes de mise en dérision des cultures, des mœurs. On ne s’enrichit pas des différences, elles deviennent le prétexte à des moqueries propres à humilier. Pire l’on met en ligne, l’on diffuse les faiblesses de l’autre.
La justice trop lente, dépassée ne peut plus mettre de barrières à ces humiliations. Ce sont « les modérateurs », les nouveaux justiciers de la cité, comme dans un mauvais film de série B, les internautes jugent leurs semblables, orientent les pensées, les influenceurs vendent les produits, évitant à la plupart d’entre nous de juger par nous-mêmes.

La honte, l’humiliation provient sans doute de la faute de la culpabilité de l’homme érigée en dogme par la religion. L’homme des lumières en redonnant à l’homme sa place, son pouvoir de jugement, lui a redonné sa dignité. Mais si l’évolution des sciences et des techniques a libéré l’homme elle l’a aussi rendu dépendant de celles-ci, le règne sans partage de la raison a mis à mal la foi.
La dictature des techniques a fait croire à l’homme qu’il pouvait tout comprendre, tout dominer, qu’il n’y avait pas limites à la raison, il devient un demi-dieu, créateur de tout y compris de l’intelligence.
Honte alors à ceux qui ne possèdent pas les dernières innovations, ils ne sont rien. La morale, l’éthique se dissout dans la matérialité que rien ne doit freiner.
Le franc-maçon dans cette cité automatisée, connectée, prend du recul, suit un chemin de travers pour retrouver son être intérieur, libéré de la dictature de la raison, il ouvre son cœur, son imagination. Il recherche ce qu’il y a de mieux en l’homme, conscient de l’existence d’un principe supérieur, il est humble devant ce principe. Avec ses frères il travaille à la maîtrise de ses passions et se dirige pas à pas vers la source, la lumière qui brille en lui, vers l’amour fraternel. Quand il regarde dans le miroir, il voit à la fois son plus proche ennemi, sa part d’ombre, mais aussi sa possibilité de perfectionnement à hauteur d’homme.

Il n’a pas honte d’être humble, il pressent la longueur du chemin, il regarde en confiance et en sérénité les merveilles de la nature, et les possibilités infinies de l’amour.
Il se garde bien d’humilier les plus faibles, il se garde bien de toute arrogance vis-à-vis de ceux que les circonstances ont mis dans la détresse, il fait son possible aider ceux qui ne peuvent se défendre. Car ces derniers regardent ceux qui les humilient, et ils les humilieront à leur tour, il est aisé aujourd’hui de détruire la réputation d’un état, d’une firme, d’un produit, sans que la justice ne puisse intervenir à temps.
C’est donc aux plus forts de défendre les plus faibles et de donner toute sa gloire à l’humilité.
Jean-François.