LE PARFUM DE LA ROSE
C’était, je ne sais plus quand, mais c’était un matin brumeux, au début de l’automne, comme au sortir d’un rêve, quand on marche sur un sentier qui se découvre peu à peu. Je poussais une porte imaginaire, je rentrais dans un jardin aux mille plantes asséchées qui tapissaient le sol, mes pas s’enfonçant dans cet humus. Puis soudain resplendissant, brillant de mille feux de la rosée apparut une rose exhalant son subtil parfum. J’eus la sensation d’être au bout ou peut-être au commencement du voyage, j’avais laissé en chemin mes certitudes, mes préjugés, toute ma science, mes savoirs, tout ce monde visible, je suivais le parfum de cette rose de la Connaissance.
Jusqu’à présent, j’avais regardé les choses sans les voir, je passais errant dans le monde des apparences. Soudain mon esprit était en feu, il touchait les flammes de la vérité. Je quittais le monde passif des objets. Pourquoi, le parfum, le parfum c’était donc cela et rien d’autre, ce parfum intemporel que l’on ne distingue que quand on est libre, totalement libéré, alors il entre en nous, il suffit de se pencher, puis de respirer profondément, de regarder plus haut, pas son doigt, mais le ciel.
Je croyais tout savoir et j’ignorais l’essentiel, il me manquait l’essence le parfum de la Connaissance de soi.
De la rose enfin je sentais le parfum plus léger que l’air, glissant sur moi, en moi, je marchais sur un chemin plus lumineux, mon âme flottait vers l’invisible, l’incompréhensible, j’étais en mouvement vers moi-même en suivant le parfum de la rose qui brulait d’un feu éternel. J’étais en en marche, il faut être en mouvement disait Pascal :
« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passion, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. »
Ayant quitté l’avoir, j’étais dans un état de bien-être véritable, je quittais temporairement ce jardin mystérieux, en laissant la porte entre ouverte pour que passe toujours le parfum de la rose.
Jean-François.