LE TRAVAIL DU MAÎTRE, LA RÉUNIFICATION DU MOT
Il est parfaitement clair, que le travail du Maître Maçon consiste à répandre la Lumière, qu’il a reçu, qui l’a éclairé, puis illuminé et de rassembler ce qui est épars, cela passe soit par un sacrifice librement consenti ou par le meurtre pratiquement consenti par son refus de donner le mot.
Il fallait bien ce sacrifice du Maître pour que tous les hommes puissent renaître, revenir à leur unité primordiale. Le passage de l’unité à la multiplicité, puis ensuite la reconstitution, la reconstruction du cercle, pour que le Maître Maçon puisse en investir le centre, refaire le chemin de la multiplicité à l’unité.
« Le Maître est le sacrifiant et le sacrifié. »
Il est au commencement du processus d’initiation, du processus universel de mort renaissance, l’initié franc-maçon est Hiram. Le message de la Kabbale hébraïque, cette partie voilée, secrète de la religion juive, est identique en ce sens qu’il y a désintégration, fragmentation du corps originel, du mot, puis le mot est retrouvé, les lettres sont reliées.
Le Maître maçon ne fait pas autre chose quand il dit : donnez-moi la première lettre, je vous donnerais la seconde…Le mot réunifié est la nouvelle re naissance, la nouvelle alliance. La connaissance du mot fait le maçon.
Celui qui n’est pas encore Maître ne sait qu’épeler. René Guénon a écrit dans sa somme symbolique et maçonnique, éditée en 1962 chez Gallimard sous le titre Symboles de la Science sacrée :
« Rassembler ce qui est épars » est la même chose que « retrouver la parole perdue ». Car, en réalité et dans son sens le plus profond cette « Parole perdue » n’est autre que le véritable nom du « Grand Architecte de l’Univers ».
Jean-François.
NOTES ET RÉFLEXION :
René Guénon travailla à la construction d’une spiritualité universelle, , ancrée dans une tradition primordiale située un cran au-dessus de toutes les traditions capable de les fédérer en préservant leurs identités propres et se retrouvant dans des symboles communs universels. Une spiritualité ouverte, ne rejetant aucune tradition. André Breton à écrit à propos de René Guénon : « …il dégagea la métaphysique des ruines de la religion qui la recouvraient. »
On se prend à rêver de la mise en œuvre de cette utopie, dans notre monde contemporain, fracturé par tous les intégrismes qui ne sont pas que religieux, ces intégrismes destructeurs de l’unité humaine, de cette fraternité qui semble de plus en plus sacrifiée au matérialisme générateur de l’individualisme. Si l’on pouvait faire vivre cette spiritualité sans bornes, sans dogmes, cet empire dominé par l’amour fraternel. Il suffirait de presque rien, un peu moins d’hubris, un peu plus d’humilité, une rectitude, une exemplarité au service de tous, un compas ouvert avec mesure, pour tracer un cercle lumineux ou tous les hommes seraient frères.
Jean-François.
Symboles de la Science sacrée est une œuvre posthume de René Guénon parue en 1962 aux Éditions Gallimard, c’est le résultat d’une compilation d’articles écrits pour Les Études Traditionnelles, et réunis par Michel Vâlsan.