L’HOMME SORTI DES TÉNÈBRES.
Il n’a pas de nom, il n’a pas d’âge, c’est vous, c’est moi. Il cherche le passage, la sortie du labyrinthe, il fuit le pays de l’ambition, là ou la mer est rouge de la honte, de la démesure, de la vanité, là où les temples de pierre veulent atteindre le ciel.
Après avoir médité seul dans la caverne, dans le désert, subit les épreuves du temps, le sablier vidé de l’inutile. Il s’est purifié par l’eau, par le souffle divin, par le feu qui régénère toutes choses. Il a repris fermement son bâton de pèlerin, il a repris la route sinueuse vers sa mer intérieure, cette mer morte prête à revivre.
Il aperçoit au loin perchée Massada l’héroïque, la résistante, la lumineuse, dans la chaleur de son cœur. Plus loin les humbles bassins de Qumrân à la sortie du désert et à l’entrée du ciel, lieu symbolique du passage où il entend résonner sur les flancs de la montagne, dans les vallées asséchées la parole de Jean, du Baptiste, plus loin, plus haut !
L’homme a repris son bissac, il voit alors sortir de l’épaisse brume de l’ignorance le mont du temple, flanqué de deux colonnes immenses remarquables par leur beauté, elles dominent la vallée de Josaphat, la vallée où coule Cédron, en bas du mont des oliviers.
L’homme se redresse alors, il se prépare, les yeux décillés oui c’est là, c’est le passage, la sortie des ténèbres, entre les deux colonnes, elle est la porte basse étroite, celle qui s’ouvre sur les mystères. S’en plus attendre il saisit son maillet et son ciseau, genou à terre, il frappe trois fois la pierre symbolique. Il est de retour chez lui. De sa nuit intérieure a surgi un magnifique rayon de lumière, il tremble de joie, son cœur s’ouvre en même temps que ses mains. Il entre dans la chaîne de l’amour fraternel, il a chassé les ténèbres.
Jean-François.
Il est des êtres beaux - Gilles Servat
Il est des êtres beaux comme un matin du monde Des êtres déchirants comme un amour enfui Ils passent lumineux sur nos vies moribondes Comme un jour qui se lève éteint la vieille nuit Leur corp...
La connaissance de soi est une naissance à sa propre lumière, à son propre soleil. L'homme qui se connaît est un homme vivant.
Éditions Puf.