CHARITÉ BIEN ORDONNÉE….
On fait souvent une confusion entre les corporations de métiers, les clubs services et les corps maçonniques. Si l’on peut attester les liens historiques entre les guildes de constructeurs et la franc-maçonnerie opérative, il est plus difficile de rattacher à cette chaîne humaine, les clubs services, les réseaux professionnels etc…
Il y a cependant un point commun la pratique de l’entraide entre les membres, et le rayonnement qu’ils souhaitent avoir dans la société.
« La charité bien ordonnée commence par soi-même. » D’emblée la maxime mets mal à l’aise, l’amour de soi et l’intérêt pour soi primerais sur la charité, l’amour envers les autres.
Selon Saint-Augustin l’univers entier s’organise suivant une échelle (scala naturae) dont l’homme serait au milieu. La charité se développe suivant différents degrés de perfectionnement de l’homme, en quelque sorte plus l’homme gravit les échelons de l’échelle, plus il devient charitable, bienfaisant, pour lui d’abord et pour les autres ensuite. C’est « l’Ordo Caritatis » de Saint-Augustin.
Cette charité imprègne le désir, la conscience de l’homme, il faut donner à chacun c’est « l’ordo amoris » ou « l’ordo caritatis » qui devient la clé de voûte l’aboutissement de la construction de l’homme, dans l’ordre cosmique. L’amour de soi, qui mène à l’amour du prochain, qui n’est autre que soi. Cette thèse développée par Saint-Augustin, provient probablement d’une exégèse des idées de Saint-Ambroise : « le respect de soi, de notre propre vie est le plus grand des biens. »
En franc-maçonnerie il est demandé au nouvel initié d’apprendre à se connaître, à admettre ses parts d’ombre, mais aussi à cultiver ce qui est bien en lui, pratiquer la vertu, prendre soin de soi disait Marc Aurèle. Pour ce qui est de la charité, des œuvres de bienfaisance, l’initié doit d’abord avoir soin, de sa famille donc de lui-même, de ses proches et de ses frères, l’utilisation des métaux se fera sans ostentation.
La formule latine « Caritas bene ordinata incipit a seipso.» qui date de la fin du XIIème ou du XIIIème siècle peut être traduite par, la charité doit d’abord bien commander l’homme. Pour s’initier peu à peu à la charité, ne convient-il pas d’être charitable avec soi-même ? Avec l’écueil si l’on n’a pas humblement trouvé sa juste place dans le monde, par finir par se préférer aux autres.
Dans cet état comment être prêt au sacrifice au don de soi ?
Alberto Frigo dans une étude approfondie de cette maxime (charité bien ordonnée commence par soi-même), souligne que cet ordre caritatis prône une forme d’égoïsme en contradiction avec les paroles de Paul selon lesquelles la charité ne cherche pas son intérêt.
Le célèbre franc-maçon Jean-Baptiste WILLERMOZ dans un discours de réception d’un apprenti franc-maçon datant de 1780. Indique que la bienfaisance pratique maçonnique essentielle, est plus facile à pratiquer envers soi, ses frères, ses proches, mais que nous avons le devoir de ne pas assigner de limites à cette bienfaisance. La fraternité se doit d’être universelle.
Jean-François.
L’ESPRIT DU CORPS.
A la différence des moralistes, Pascal n'entend ni éradiquer l'amour, ni en décrire les effets. Mais il pose la question décisive : à quelle condition l'amour peut-il être juste ? Un amour juste est un amour bien réglé, qu'il s'agisse d'aimer Dieu, son prochain ou soi-même. Car la philosophie du Grand Siècle n'est pas une philosophie de l'oubli de soi. Et pour régler l'amour qu'on se doit à soi-même, il faut "s'imaginer un corps plein de membres pensants" et conformer l'amour de soi à l'amour que le tout, le corps, a pour chaque partie. La définition cartésienne de l'amour permet alors de penser l'exigence paulinienne par où Pascal, répondant à une requête philosophique, renouvelle profondément la tradition de l'ordo caritatis et du corps mystique, dont ce livre analyse les grandes mutations.
Alberto Frigo.