DISPARAÎTRE, RENAÎTRE, REVENIR….
« Il faut diriger son regard vers cette activité intérieure et agir à partir d’elle… »
Maître Eckart- La Divine Consolation.
Soudain je m’aperçus qu’il n’y avait rien, ou plutôt trop. Tout n’était qu’apparence, identique, les gens marchaient du même pas les yeux à terre, le front plissé, évitant les regards, le regard de l’autre, sans but.
Il devait bien y avoir un autre continent, derrière la ligne d’horizon, entre le levant et le couchant. Il devait bien y avoir autre chose, j’interroge mon voisin : « Quoi de neuf ? Il me répond :Rien ! D’un air étonné quelle question ! Ça va ? On fait aller ! On fait aller quoi ? Bon à bientôt ! Où et quand je ne sais pas, il faut bien meubler le vide.
En passant devant une porte fermée à double battant. Je suis pris d’un irrésistible désir de l’ouvrir, pour en finir avec toutes ces portes fermées ! Il faut voir le dedans.
Un escalier sombre descend, au loin une faible lueur, un souffle claque la porte derrière moi, pas de retour possible, je suis prisonnier, seul, dans le silence. Je cherche à tâtons une issue, une lumière, finit les rêves, les pensées, il faut agir, agir seul.
Le lieu semble inhabité, il n’y a que moi et pourtant je sens une autre présence, comme un esprit, je perds la tête, la raison, mon cœur bat, s’accélère. La raison ne me semble d’aucun secours, et pourtant peu à peu je me sens mieux, je m’acclimate à la solitude, à moi-même. Les images de ma vie défilent comme un film muet, le sablier du temps se vide, dans un recoin de cette caverne sur une table un vase fêlé se remplit peu à peu de fleurs.
C’est ça il faut tourner son regard vers l’intérieur, c’est à l’intérieur du vase que la vie renaît. Il faut déchirer le voile de l’emballage pour voir à l’intérieur le cadeau, le présent, l’emballage ne sert à rien si l’intérieur est vide.
J’ai saisi les fleurs de la vie à l’intérieur du vase, je peux remonter vers l’extérieur, l’escalier tourne maintenant comme une spirale, je pousse à nouveau la porte elle se déverrouille facilement. Les gens me regardent maintenant, ils me sourient, comme si j’étais parti depuis loin, depuis longtemps et pourtant j’étais juste à côté, à deux pas peut-être trois, nous sommes fin décembre, la lumière commence à grandir.
Jean-François.