LA POÉSIE LANGAGE DE L’INITIATION
J’aurais pu dans ces quelques lignes vous parler du rapport de l’art en général levier de l’initiation. J’ai restreint volontairement ma réflexion à une seule forme d’art que j’affectionne particulièrement la poésie. La musique provoque également chez moi des émotions particulières, mais j’ai plus de mal à les traduire étant néophyte dans ce domaine, il y a un côté instantané à la musique qui submerge, elle s’envole et j’ai du mal à la saisir.
La poésie de mot à mot, de mots en mots, me permet une approche progressive de mon être intérieur. Comme la musique me met en joie, la peinture m’impressionne, la poésie guide mes pas, elle est un commencement perpétuel, un étonnement sans fin.
Dans l’initiation maçonnique ce que certains appellent un jargon, est un ensemble de mots symboliques, qui ouvrent des passages, des mots de reconnaissance, des mots qui mènent au sacré, des mots qui sont des signes vers les autres.
La parole est demandée, donnée, prise, dirigée vers soi et vers ses sœurs et ses frères, puis elle est perdue, recherchée, et sera peut-être retrouvée. La parole circule autour du mantra, du tableau de loge tracé sur le sol.
La parole maçonnique ouvre la voie du cœur.

Le livre des poèmes posés sur la table, invite sans cesse à la lecture, sporadique, aléatoire, hasardeuse. Le poème stimule l’imagination, la réflexion vient après-coup, après reçu la flèche d’un mot qui transperce le cœur, fait couler le sang qui rougit l’intérieur, embrase et illumine l’esprit. Les pages tournent alors au gré d’un nouveau souffle, c’est comme une fulguration.
Au delà du lire, le dire chuchote en moi, me mets en joie, je retrouve le poème récité dans l’enfance, il était resté en moi comme une pierre précieuse, qui brille d’infini.
La perlaboration par la répétition des émotions remplace la mémoire, elle est plus vivante. La poésie permet l’échange comme les Koãns Japonais, qui mène à l’éveil et favorise la méditation, ils ne font pas appel à la raison, mais à l’intuition. Ces Koãns révèlent les plus grandes énigmes, le comment et le pourquoi de la vie.
Siddharta Gautama selon la légende, peu après sa naissance, fit un geste bien connu en montant avec une main la terre et avec l’autre le ciel, il aurait dit :
« Entre les cieux et la terre je suis le seul vénérable. »
Est-ce le premier des Koãns ?
Nul doute en tout cas que la poésie permet l’élévation spirituelle et elle nous procure une forme de joie intérieure.
Jean-François Guerry.
Renaissance.
Sèche tes larmes
Dans ton cœur vierge
Coule un sang un peu plus amer
Enterre ce qui a été
Reviens à tes couleurs claires
Reviens à ta renaissance
L’ombre que tu croyais être l’amour
Le vent l’a déjà emporté.
Poème de Luigi Carotenuto un sicilien qui travaille à Milan à l’école primaire G Rodari de Nova Milanese. Il a publié : l’Amico di famiglia et Vi porto Via aux éditions Prova d’Autore (Catania). La traduction est de Irène Duboeuf.