COMME UN ARBRE…
Comme un arbre de vie, comme un arbre dans sa vie, comme un arbre dans la ville, chante le poète. Le symbolisme de l’arbre est présent dans presque toutes les traditions, il les traverse, presque comme paradoxe horizontalement, la tradition maçonnique qui puise ses sources dans de nombreuses traditions n’y échappe pas. Notre siècle submergé par la technologie retrouve le chemin de la nature, prend conscience des indispensables équilibres de la biodiversité, les arbres reprennent leur place dans notre espace.
Ils sont l’image des colonnes qui relient la terre et le ciel, ils sont des vecteurs du sacré. John Toland au début de la Franc-Maçonnerie spéculative s’est relié à la nature avec son Panthéisme à l’origine du Druid Order qui est la résurgence du Druidisme qui c’était perdu faute d’une transmission écrite. C’est dans la marmite des Collèges d’Oxford et de Dublin, que se sont mêlés les nouveaux Druides et les Francs-Maçons, l’invisible collège a montrer la voie alchimique, issue de l’antiquité, comme le panthéisme dont les adeptes furent Plotin, Denis l’Aréopagite, Saint-Augustin, Spinoza, Giordano Bruno, Rousseau. Le panthéisme contient le pan grec c’est-à-dire le tout et le Théos qui est dieu, dans son expression multiple.
Mais revenons à nos arbres si j’ose dire, ils sont la source et l’incarnation d’un symbolisme universel, véritables images du cosmos vivant actif, ils déroulent sous nos yeux le chemin de la re naissance, ils expriment le ternaire, leurs racines puisent l’énergie tellurique, s’accrochent sur la terre, ils reçoivent l’eau, leurs branches montent dans l’air, vers le ciel, vers la lumière, sur leurs branches se posent délicatement les oiseaux qui connaissent le langage secret.
Ils sont échelle de Jacob, totems, colonnes de l’esprit, ils recueillent la rosée céleste. Toute une vie ne suffirait pas pour l’étude du symbolisme des arbres, du symbolisme axial, principe et manifestation, l’arbre, est un symbole du microcosme avec ses racines en terre et du macrocosme avec ses branches qui montent au ciel, symbole de l’homme, dont Platon disait : Que l’homme est une plante céleste.
Dans la tradition maçonnique il y a une sacralisation des arbres, les sœurs et les frères connaissent bien des secrets à leur sujet. À l’instar de la paix, de l’harmonie de l’olivier, de la gloire du laurier. De l’acacia du maître, de l’arche d’alliance à la couronne d’épines du christ. Le maître connaît cette sève, ce lait et ce sang qui coule de la pierre qui sue.
L’arbre encore du Voyage en orient de Gérard de Nerval, symbole de vie et de régénération, axe de vie, axe du monde. C’est l’arbre inversé du Zohar, s’étendant d’en haut vers en bas, c’est à la connaissance de cet Arbre de Lumière que nous invite Claude Galinier dans le texte qui suit.
Jean-François Guerry
L’ARBRE SEPHIROTIQUE
Qabbala signifie RECEVOIR, la Kabbale, branche mystique de l’essentiel Judaïsme.
L’essentiel des traditions orales qui la composent a été compilé dans le Sefer Ha Zohar, le livre de la splendeur (Zohar), ce livre est attribué au maître de l’antiquité Rabbi Simon Bar Yohar.
Mais il a en fait été rédigé au XIIIème siècle en Castille par Moïse Ben Shem Tov de Leon à partir des traditions orales et du Sefer Ha Bahir, le livre de la clarté écrit en Provence un siècle plus tôt.
Depuis les origines, la mystique Juive a pris deux orientations :
- L’union à Dieu par le cœur à travers notamment l’expérience de l’extase.
- Un autre courant plus intellectuel s’est également développé dans le judaïsme ; où il s’agit d’accéder à une connaissance de Divin à travers une lecture symbolique des écritures saintes. Cette voie Kabbale Théosophique s’appuie tout d’abord sur les vingt-deux lettres qui composent l’alphabet hébraïque ; chaque lettre a plusieurs sens symboliques, mais aussi une valeur numérique. Aleh correspond au 1, Beit au 2, Ghimet au 3.
En combinant sens symbolique et valeur numérique, on arrive à faire une lettre mystique de la Torah et à trouver des sens cachés beaucoup plus profond qu’une simple lecture au sens littéral.
La Kabbale établit une distinction en soi, l’aspect caché indicible de Dieu et les dix Séphirot qui sont manifestation dans le monde. En Sof, que l’on peut traduire par « sans fin » ou « rien » signifie que Dieu échappe totalement à notre entendement. Aucun mot ne peut le décrire. Aucune image ne peut le représenter. Aucun concept ne peut le saisir.
Comme l’a bien dit notre grand théologien Thomas d’Aquin :
« La chose la plus certaine que je savoir de Dieu est que je ne sais rien de lui. »
Voilà ce que disent tous les grands mystiques de toutes les religions :
« Dieu est au-delà de tout et il est même dangereux de le nommer. »
Il est interdit de prononcer son nom dans le judaïsme, nommer c’est posséder… et nous aurions vite fait de nous emparer de Dieu pour nos propres projets.
Les dix Séphirot sont les dix émanations de ce Dieu insondable.
Ce sont les qualités divines qui se sont projetées hors de lui et qui imprègnent le monde. Elles ne sont pas Dieu, mais ses manifestations, ses forces et c’est à travers elles que nous pouvons connaître quelque chose de Dieu.
La première Séphirah :
Kéther signifie « la Couronne ». Elle reçoit la lumière infinie, « Aïn Soph Aor », qui coule ensuite dans tout l’Arbre, de Séphirah en Séphirah. Elle est la tête par laquelle s’amorce le processus d’émanation et qui permet aussi la réintégration de toutes choses dans le principe premier. Dieu se diffuse et s’épanche par elle ainsi que toute la création transformée retournera à Dieu.
Hokhmah la « Sagesse » lapremière cause agissante, la pensée divine.
Binah « l’intelligence » créatrice. L’Ordre encore caché dans Hokhmah devient manifeste dans Binah. Hokhmah symbolise aussi la dimension paternelle du Divin et Binah sa dimension maternelle.
Les septe autres Séphirot sont enfantés par l’intelligence créatrice de Dieu. Le principe trinitaire des trois premiers Séphirot, Kether, Hokhmah et Binah constitue ce que les kabbalistes appellent « L Grande Face de Dieu », les sept autres Séphirot qui en découlent constituant sa « Petite Face ».
Au cœur de l’arbre séphirotique se trouve la sixième séphirah :
- Tiphereth la « beauté ». On l’appelle aussi le « Soleil ». Elle est reliée directement à toutes les séphiroth, (sauf Malkuth) harmonisant leurs qualités respectives. Si on regarde vers le haut Kether il y a deux chemins qui proviennent de la sagesse et de l’intelligence.
- Hesed, quatrième séphirah la « Grâce, la miséricorde » par laquelle se révèle la bonté suprême de Dieu.
- Guéburah la « Force, la Rigueur » dans laquelle la grâce de Dieu se manifeste.
- Netzah la « Victoire » est la septième séphirah. Elle est aussi l’endurance, le pouvoir mâle du créateur.
- Hod la « Gloire » est la puissance féminine réceptive du Divin.
- Yésod le « Fondement ». Elle représente un enjeu particulier puisqu’elle est aussi le monde de l’astral du psychisme. Les pensées-énergies de séparation en ferment la Porte. Mais lorsque ce lieu est purifié et que viennent les nouveaux Cieux, la Porte s’ouvre.
Yésod le fondement de l’existence, la base du monde créé comme le montrent les deux chemins qui viennent de Netzah et de Hod, Yésod représente aussi l’union des deux émanations précédentes. Le pôle masculin et le pôle féminin du Divin.
- Malkuth le « Royaume de la Terre », le monde de l’incarnation, de l’action manifestée, reçoit l’abondance de la Vie Divine, reliée à Tiphereth et, au-delà, à Kether son Roi.
Malkuth le Royaume de Dieu, le réceptacle de toutes les autres émanations. C’est la séphirah qui régit le monde ; Dans l’arbre séphirotique, il y a de nombreux chemins de traverse mais seulement trois grandes allées : on peut rejoindre Kéther par le pilier central androgyne, c’est-à-dire par le Fondement (Yesod), la Beauté (Tiphereth).
On peut rejoindre par le pilier de droite yin, à savoir le principe féminin, la grâce et la sagesse ou par le pilier gauche yang, à savoir le principe mâle, la rigueur et l’intelligence.
Alors apparaît Daat, la séphirah cachée, qui signifie connaissance.
Elle est représentée par une Coupe juste en dessous de Kéther, car unie à lui, elle est le Graal, Kabbalah, la splendeur des splendeurs, Isis dévoilée…
L’arbre des séphiroth représente aussi l’Homme debout, fait de toute éternité à l’image de Dieu, la Couronne en Kéther et les pieds en Malkuth.
Le pentagramme étoile à cinq branches ou l’homme s’inscrit, par le génie de Léonard De Vinci. On constate que l’homme est vraiment l’ombre de Dieu par Binah l’intelligence, Hokhmah la sagesse et Guéburah la rigueur. Hesed la grâce et miséricorde et Tiphereth la beauté.
L’homme, dans le pentagramme devient androgyne par Tiphereth, Yésod et Malkuth.
L’arbre séphirotique peut évoquer par son image la nature par Kether la Couronne. Quand les astres tournent dans le ciel, ils dessinent une perfection mathématique. Quand les fleurs s’ouvrent, elles dévoilent un univers d’architecture harmonieuse. Les saisons se déroulent selon l’ordre créateur : Naître, s’épanouir, mûrir et faner, parce que là où il y a la mort, il y a la récolte.
Intelligence de la nature qui maintient l’équilibre entre la lumière et les ténèbres.
Évolution universelle du mouvement perpétuel infiniment puissante et infiniment délicate.
Par sa main, Dieu applique les lois invisibles qui fertilisent les champs, déplacent les étoiles, appellent les oiseaux migrateurs.
Claude Galinier.
Une branche à la fenêtre - Gilles Vigneault
UNE BRANCHE À LA FENÊTRE (Gilles Vigneault) Une branche à la fenêtre M'a rappelé qu'à renaître L'amour ne se lasse pas Et qu'à traverser l'espace Tout oiseau...