ON NE PEUT PLUS RIEN DIRE ! VRAIMENT ?
C’est le titre de la première de couverture de l’hebdomadaire du journal « La Croix »du Samedi 29 Février et Dimanche 01 mars 2020. Un hebdo et un journal pas seulement destiné aux chrétiens et aux catholiques, ou alors à tous ceux qui se reconnaissent dans l’étymologie grecque du mot catholique c’est-à-dire universel.
Lequel journal qui a été honoré du titre de meilleur quotidien de la presse écrite pour l’année 2019. Sans nul doute pour ses articles de fonds, détaillés et bien renseignés, qui ne se soumettent pas à la dictature de l’immédiateté. C’est avec le recul et la réflexion nécessaire que tous les thèmes sont abordés, que toutes les opinions sont écoutées, avec un maximum d’objectivité, de la véritable information en somme, et non de la communication de crise permanente pour satisfaire au Dieu de l’audimat.
J’ai retenu dans ce dernier hebdo d’abord un article sur la crise de l’hôpital public, puis une série de cinq articles sur les outrances verbales, des polémistes et des militants ainsi que les appels à la censure, et les oppositions à la liberté d’expression, liberté majeure issue du combat pour les libertés en général, victoires de l’esprit des lumières et de la liberté de penser.
- L’article sur l’hôpital public : « Pr Cécile Vigneau Cheffe de service, pourquoi j’ai démissionné. »
Il y a un mois Cécile Vigneau démissionnait avec 50 collègues. Manque de moyens, course après le temps, sentiment d’incompréhension… elle décrit une crise de l’hôpital qui met patients et soignants en danger.
On vante à longueur de temps notre service de santé, la qualité de nos soignants, et on fait semblant de les écouter. Ils sont corvéables à merci, l’on se repose sur leur dévouement et leur vocation, ils sont aux ordres des technocrates et des financiers du nouveau monde, ils sont une bonne image dans la population, mais cette même population les laisse se battre seuls contre une administration qui ne pense que chiffres et bilans.
Le service des urgences de Rennes pour y avoir accompagné à plusieurs reprises ma défunte mère sur la fin de sa vie, est par exemple le jeudi soir, la fameuse soirée festive hebdomadaire des étudiants submergé par les jeunes et les moins jeunes en état de coma éthylique pris en charge dans les rues du centre ville par les pompiers soumis à leurs insultes, cela dans l’indifférence générale.
- Peut-on insulter la religion ?
Il s’agit là d’une analyse de l’affaire Mila.
L’article parle de liberté d’expression, des dérapages verbaux, des insultes à la religion, de blasphème, de la confusion entre la critique d’une religion en général et de la critique ad hominem de ceux qui croient.
- Les artistes doivent-ils s’autocensurer ?
Une mise en scène des suppliantes a été annulée en mars 2019 sous la pression de militants antiracistes.
Le metteur en scène Philippe Brunet a été mis en cause, accuser de Blackface par la ligue de défense noire africaine, il assure n’avoir repris qu’une tradition antique.
Des thèses s’affrontent : « Qu’est-ce qu’une victime ? Être noir ne fait pas de vous une victime ! » « Cessons avec ses assignations identitaires… »
Je tremble encore en pensant au délice de la boulangerie de mon beau-père, qui chaque dimanche me disait « allez on se fait une tête de nègre ! » Lui qui était l’exemple même d’un être bon tolérant, ouvert, humaniste, militaire il avait combattu avec ses frères d’arme sénégalais. Il faudrait qu’il se taise et soit jeté en pâture à l’opprobre publique ?
- Où commence la provocation à la haine ?
« Les saillies débridées d’Éric Zemmour ont entrainé sa condamnation pour provocation à la haine raciale.»
Il avait affirmé : « Dans les innombrables banlieues françaises.. » se jouait « Une lutte pour islamiser le territoire. » « Un djihad » et avoir donné le choix aux musulmans « Entre l’islam ou la France. »
Incitation à la haine, violence verbale, outrance, mensonge ?
- Le débat à la fac est-il menacé ?
« Sylviane Agacinski philosophe qualifiée d’homophobe à été privée de tribune pour avoir voulu débattre du thème : « L’être humain à l’époque de sa reproductivité technique. »
Ce n’était qu’un débat, il a été empêché par un groupuscule d’opposants et la faiblesse de la direction de la fac, malgré l’indignation de la totalité du monde politique indigné, mais inerte. Elle a donc été privée de la liberté fondamentale d’expression, pour inscrite dans la constitution des droits de l’homme et du citoyen. Elle a rejoint en cela un autre philosophe Alain Finkielkraut et un ancien président de notre république François Hollande eux-aussi privés de leur liberté d’expression !
Au mépris de la formule Voltairienne des lumières : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. »
- Peut-on tout dire au nom de l’humour ?
Le bouffon antisémite Dieudonné qui ne s’exprime lui aussi que par des saillies verbales, a été condamné comme « multirécidiviste de l’abus de la liberté d’expression, et d’atteinte à la dignité de la personne. »
Tous ces articles écrits après une nécessaire respiration, une nécessaire réflexion, ont plus de force et d’objectivité que les propos éphémères tenus dans l’instant sous le coup de l’émotion et gonflement médiatique et oubliés sans lendemain.
Ils démontrent que l’on peut encore dire, mais surtout écrire dans notre pays fondateur des libertés et surtout de la liberté d’expression. Alors il faut lire, relire la presse écrite, ne pas succomber à la dictature de l’audimat, faire l’éloge de la lente réflexion, de l’objective sagesse.
Ces articles sont suivis de deux points vue, d’analyses. Par une psychologue Emmanuelle Laurent qui écrit : « On parle, sans être capable de se parler. » L’historien Louis Garrigues écrit : « La violence verbale n’est pas nouvelle. »
Je dirais pour ma part vu sous le prisme maçonnique, l’angle comme disent les journalistes. Quelques soient vos convictions : Sapere Aude pensez par vous même, lisez, lisez tout pas seulement ce avec quoi par avance vous adhérer, ou vous êtes d’accord, le compas de l’esprit doit toujours être largement ouvert, ce qui n’empêche pas une démarche en équerre, pour la défense de la justice contre les oppressions d’où quelles viennent.
Jean-François Guerry.
Sources : LA CROIX l’hebdo du 29 février et 01 mars 2020.
Sa devise : Rencontrer, Explorer, S’inspirer, Ralentir.