DANS LA CRISE PLUS D’HUMANITÉ
Toute crise est révélatrice, celle-ci nous révèle notre besoin d’humanité. Cela m’amène à me pencher sur la philosophie de Friedrich Nietzsche, philosophe souvent incompris et caricaturé comme étant raciste, promoteur de la race aryenne. En fait il fut le philosophe de la volonté de puissance, dans le sens de la recherche de la complétude de l’homme, de la recherche du sens de la vie.
Nietzsche combat l’homme qui est impuissant à aimer et créer par lui-même et qui se réfugie dans la métaphysique en oubliant la force de l’humain. Il fut très critique de la religion chrétienne, qu’il considère comme une morale ascétique, culpabilisante du corps.
Au contraire, il sanctuarise le corps, réhabilite l’inconscient qui sera pour lui une voie de connaissance de la sagesse. Il humanise tout. L’homme pour lui est le créateur de la beauté, l’homme de Nietzsche est Dionysiaque. Il a décrit une philosophie de la joie naturelle, à l’instar de Lucrèce et Spinoza, il est un des philosophes de la plénitude vitale.
L’homme de Nietzsche n’est pas l’homme de la faute, l’homme coupable. Mais l’homme qui interroge les valeurs, l’homme volontaire créateur du beau et du bien.
Cette philosophie de la volonté, de la force et de la puissance de l’homme, n’est pas à confondre avec la violence, l’égoïsme et l’arrogance stérile :
« Le beau est imprenable pour toute volonté violente. »
À écouter sur France Culture en ce moment, une série d’émissions sur Nietzsche sous le titre « Les quatre malentendus Nietzschéens ». Il est en particulier question de l’expression de Nietzsche :
« Je ne suis pas un homme je suis de la dynamite. »
La crise que nous vivons révèle, dévoile l’homme, tel qu’il est. En maçonnerie et en franc-maçonnerie l’on dit ‘c’est au pied du mur que l’on voit le maçon’. La crise agit donc comme un révélateur de ce que nous sommes. Pour Nietzsche les situations de crise permettent de nous débarrasser des filtres que sont la morale et la religion. L’homme se libère de ses carcans et apparaît selon sa vraie nature, il apparaît nu.
Ne tremblez pas ! Car force est de constater. Que cette crise nous rend plus humain, nous retrouvons nos fondamentaux nous sommes plus solidaires, plus fraternels, en esprit et en actes. Les brûlures intenses de la crise dévoilent, notre formidable potentiel d’humanité. Notre langage change spontanément vis-à-vis des autres en même temps, que notre empathie.
Nous retrouvons des mots oubliés, moqués parfois. Les plus grands économistes jadis nourris aux graphiques, aux courbes et pourcentages. Mettent des noms, les plans : sont sanitaires, humanitaires, solidaires, fraternels.
Les élites, les premiers de cordée changent leurs discours quand la totalité de la cordée tombe, il n’y a plus de premier ni de dernier. Les experts deviennent d’humbles chercheurs, débarrasser de leur carcan de moraliste. Ils contemplent la beauté des plus humbles.
L’homme redevient plus humain, ce qui était surhumain auparavant comme de secourir quelqu’un dans la peine, devient normal, banal, quotidien. La crise a dynamité nos certitudes, nos vanités.
Nous pouvons modestement dire comme Nietzsche :
« Je me suis débarrassé de tout ce qu’il avait en moi d’étranger à ma vraie nature. »
Cette crise est un véritable chemin initiatique.
Jean-François Guerry.