DU PROFANE AU SACRÉ
Si l’on admet que l’initiation est un chemin de vie, la recherche de la direction, qui donnera du sens à notre vie, un mouvement, un commencement qui nous mène de notre état actuel, vers notre état natal, du profane vers le sacré.
C’est cette tension, ce désir du sacré qui nous a incité à frapper à la porte du temple, c’est-à-dire aussi à la porte de notre cœur, pour comprendre les mystères de la vie. Pour passer du visible à l’invisible.
Notre confinement actuel, nous place face à nous-même, comme nous l’étions déjà dans le cabinet de réflexion, puis plus tard quand nous avons été mis devant le miroir.
Nous sommes partis à la conquête de nous-même, avec le soutien des autres.
Nous pouvons voir dans ce confinement un moment magique d’introspection, un arrêt sur nous-même, semblable au passage du temple matériel profane, à la loge sacralisée, à la connaissance de notre homme intérieur. C’est un moment de dépassement de la surface des choses, les métaux montrent qu’ils ne sont utiles que pour faire le bien, sinon ils doivent rester à la porte de la loge.
Ce confinement est donc un moment d’espérance, pour que le monde soit plus vrai, plus bon, plus beau.
Notre pensée illumine la cellule où nous sommes reclus, nous comprenons ainsi mieux la valeur de la vie des moines, comme me l’écrivait récemment l’un de mes frères, la force de l’esprit qui est en eux.
Le rythme de nos réunions, de nos tenues a été brisé, il nous manque ses mains, ses accolades fraternelles. L’on se rend compte que ces espaces-temps, où à couvert règne la spiritualité partagée, sont bien différents de simples conférences où brillent les connaissances intellectuelles. Dans ces tenues flotte dans l’air la puissance de la spiritualité qui réunit tous les frères, suivant un rythme sacré, la force du collectif nous manque.
Cela démontre la particularité de l’initiation maçonnique, ses deux faces inséparables, l’individuel et le collectif. Cela démontre que l’assiduité aux tenues, n’est pas une simple contrainte réglementaire, mais est nécessaire à la réalisation de l’initiation. Il n’y a pas d’initiation véritable, sans fidélité et persévérance, vis-à-vis de ses frères, de l’ordre et de soi-même. Celui qui s’éloigne de sa loge par paresse ou négligence s’éloigne de lui-même. Il retombe dans la profanité, il perd la mémoire sacrée.
Comment faire dès lors, pour renouveler ce passage du profane au sacré dans cette période d’obligation de distanciation avec les autres, qui va à l’inverse de notre pratique de l’amour fraternel. Nous ne devons pas être égoïste et avant tout protéger les autres, c’est un témoignage d’amour fraternel.
Il y a toujours un bien à l’inverse du mal, nous pouvons adopter un rythme de pratique individuel de moments de concentration, de méditation sur un texte sacré par exemple, ou tout simple faire le vide pour être plus réceptifs, accueillants face à la spiritualité, aux murmures qui viennent de l’intérieur, en attendant le moment de nos retrouvailles, c’est à mon sens le meilleur moyen de rester dans la joie.
Jean-François Guerry.
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