RECONNAÎTRE
« Les symboles sont des portes ouvertes sur les réduits occultes de l’âme. »
Basil Ivan Rákóczi.
Le verbe se conjugue comme connaître. Il inclut l’acte de connaissance, c’est un verbe dynamique, actif. L’on comprend sa signification d’abord par son origine latine recognoscere, retrouver rappeler à sa mémoire. C’est aussi immédiatement en tirer les conséquences, faire un examen critique de ses actions.
Le verbe reste lié à la connaissance de ce qui est, comme un retour au réel. C’est une opération fondamentalement intellectuelle, l’esprit reconnaît un objet, une chose, une action en reliant des images. Reconnaître c’est donc se lier à, faire reliance avec, et ce d’une manière certaine et véritable. Reconnaître s’est se confronter à la Vérité.
Les mots des francs-maçons sont des symboles sonores qui résonnent dans leur cœur, ils enrichissent les rituels, les francs-maçons se reconnaissent à travers ces mots, ils symbolisent les vertus qu’ils se sont engagés à pratiquer.
« Êtes-vous maçon ? Tous mes frères me reconnaissent comme tel. »
Dans une conversation entre maçons, l’on entend souvent l’expression : je te reconnais bien là ! Un peu comme ceux qui sont du même pays. Ils sont nés au même endroit, ont connu les mêmes épreuves et les mêmes joies.
Reconnaître c’est se relier à la vérité et à la lumière, c’est reprendre conscience, reprendre sa conscience en main, oublier son arrogance, faire preuve d’humilité.
Dans une société de la vitesse et de l’immédiateté, nous peinons à reconnaître nos erreurs, quant à la reconnaissance nous la noyons dans un flot de paroles, rarement suivi d’actes et de retour d’expérience, on oublie de reconnaître vraiment, c’est-à-dire la vérité, l’orgueil passe d’abord.
En ce moment l’on applaudit aux fenêtres dans un élan d’émotion, l’on redécouvre l’altérité, l’on se rend compte que notre cœur bat toujours, il était prisonnier en cage comme nous le sommes actuellement. Nos applaudissements sont les battements d’ailes de notre cœur qui veut se montrer, renonce à la pudeur. Ce qui passait pour de la mièvrerie, devient de la fraternité. Il nous reste à conclure avec la solidarité.
Reconnaître les êtres pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils ont.
Reconnaître pour les francs-maçons, c’est aussi re naître, c’est-à-dire s’initier.
En cette période de confinement nous avons le temps de reconnaître, de confirmer, d’admettre, d’accepter. Que nous nous sommes trompés sur le sens de la vie que nous avons privilégié le superflu par rapport à l’essentiel.
Reconnaître que nous avons trop ignoré non pas ceux qui sont « utiles » comme l’a dit notre président. Car enfin ils ne sont pas des ustensiles dont on se sert quand on en a besoin ! Mais ce sont des femmes et des hommes, au milieu et aux bouts de la cordée, maillons d’une chaîne dans laquelle nous sommes tous. Ils ont droit a être reconnus comme tels, en eux est la force qui nous soutient. Ils font partie de la grande loge universelle de l’humanité.
On les reconnaît à leurs œuvres. Ils sont les symboles vivants de ce qu’il y a de mieux dans l’homme. Ils font briller la lumière dans les ténèbres, ils ne parlent pas de morale, d’éthique et de vertu, car pour eux cela est naturel ils font leur devoir. Ils sont des exemples, ils sont du pays, ils font le pays, ils sont notre pays.
Je nourris avec vous l’espérance, qu’une fois l’orage passé, quand l’arc sera à nouveau dans le ciel, nous saurons leur témoigner notre reconnaissance par des actes, comme eux ont agi pour nous.
C’est à eux que je dédie ce modeste témoignage, à eux tous qui ont l’œil du cœur, et qui portent aujourd’hui le fardeau de nos erreurs et de nos ignorances, avec leur courage et leur amour fraternel.
Jean-François Guerry.