AUTOUR DES LUMIÈRES- « Qu’est-ce que les lumières ? »
Efants des lumières, de la Lumière, chercheurs de la Vérité, orphelins, en perpétuel questionnement sur les mystères de notre être, de ce que nous sommes, il est naturel que nous nous interrogions sur cette philosophie des lumières, sur l’esprit des lumières.
Depuis Kant, nombreux sont les philosophes, les historiens, les sociologues qui se sont intéressés au phénomène des lumières, pour marquer leur ouverture d’esprit, leur désir de rassembler les politiques se revendiquent de l’esprit des lumières, en opposition avec une société de plus en plus gangrénée par les intégrismes à l’exact opposé de cet esprit de liberté.
Michel Foucault a lui aussi donné ‘son éclairage’ sur ses lumières de la raison. « Il considère, que l’identité des lumières, n’est pas tant un ensemble déterminé de thèses philosophiques, mais plutôt une attitude particulière à l’égard de sa propre actualité et d’un souci de définir sa propre identité. »
Une forme de courage dans la recherche de son soi, une mise en route, en chemin, un commencement, une initiation à la recherche de son soi.
Il rejoint ainsi Kant et son Sapere Aude . Penser par soi- même. C’est aussi une injonction faite au maître maçon, qui se doit avec la plus large ouverture possible du compas de son esprit accueillir toutes les pensées qu’il considère comme dignes d’intérêt pour les examiner avec la rigueur de l’équerre et le ciseau de l’éthique, avant de les faire siennes. Cela implique courage, travail et persévérance. C’est l’interrogation permanente sur le sens de sa vie, au présent tout de suite, car le temps presse et le travail doit se faire lentement.
Le titre de Michel Foucault : « Qu’est-ce que les lumières ? » n’est que la reprise de celui d’un court travail de Kant, Foucault reconnaît en Kant son travail philosophique de diagnostic du présent. C’est-à-dire le questionnement de sa propre identité, et celle de notre temps. Il voit une distinction entre Kant et Descartes, ce dernier propose le questionnement individuel, le « qui suis-je, moi qui pense ? » Kant se demande par conséquence « qui sommes-nous ? »On passe de l’individuel à l’universel, du je au nous.
On trouve une modernité dans la pensée de Kant comme dans celle de Foucault, une recherche de libération de l’homme. Foucault nous propose son ‘êthos’philosophique, propre à l’ontologie critique de nous-mêmes, comme épreuve historico-pratique des limites que nous pouvons franchir et donc comme travail de nous-mêmes sur nous-mêmes étant des êtres libres.
Les lumières de Kant ne marquent pas une nouvelle ère, un nouveau monde, comme le concevait les philosophes antiques. Mais plutôt une rupture avec le passé. Je dirais que les lumières, provoquent un choc initiatique libérateur, nous étions dans les ténèbres, et nous avons demandé la Lumière. Nous étions dans les contraintes de la vie matérielle, de celle des apparences, soumis aux regards d’autres, à l’avoir. Nous avons voulu être. C’est ce que Kant appelle sortir de l’état de minorité, ne plus se soumettre à autrui mais faire usage de notre raison. C’est l’acte de courage de penser par soi-même, être soi-même.
Il ne s’agit pas pour Foucault de tomber dans une idolâtrie du présent, mais il s’inspire plutôt de Baudelaire qui ne se limite pas, à un rapport au présent, mais à une méditation sur soi, à l’élaboration de soi-même. Comme un objet à modifier, je dirais opérer une métamorphose du moi en soi et un essor de son soi, de son être intérieur.
L’interrogation, le souci du présent par Kant débouche sur un modèle de vie philosophique, une pratique (Praxis), donc une vie de travail au sens moral, qui vise à effacer les bornes, les limites, lentement pour parvenir à une vie de liberté.
A suivre….
Jean-François Guerry.
Mes sources d’inspiration : Emmanuel Kant, Michel Foucault, Olivier Dekens.