SOUVENIRS DE PONDICHÉRY
Hier soir je me suis endormi en fermant un petit livre rouge au titre de « Palingénésies » sur quelques mots de Noël Rousseau ayant trait à l’hindouisme :
« (…) au-delà de l’existence, il y a l’Être et le Non- Être, la Non-dualité, but de toutes les traditions.
Le but de l’hindouisme est, ainsi de ramener le « moi » au « Soi » en sacrifiant le « moi », c’est-à-dire en sacrifiant son individualité son ego.
C’est le « il faut que je m’abaisse afin qu’il grandisse » ou le « je dois me vider de moi-même afin qu’il m’emplisse » de Maître Eckhart, celui-là même qui faisait bien la différence, au niveau principiel, entre l’Être et le Non-Être, entre l’Être qui œuvre, et le Non- Être ou Déité qui n’œuvre pas.
Cette Déité, ce Non-Être est le « Soi » oriental. »
Cela m’a ramené quelques années en arrière alors que j’étais devant le numéro 9 de Marine Street à Pondichéry à l’entrée, du Ashram de Sri Aurobindo ; simple touriste en quête de curiosités orientales.
Pourtant on ne vient pas en Inde par hasard, venir vers l’Orient c’est peu chercher les lumières perdues dans les brumes d’occident. C’est découvrir un autre monde, un monde ou la spiritualité est présente à chaque coin de rue, dans le regard des femmes et des hommes.
L’hindouisme est une religion ancestrale, sans dogme, sans fondateur, sans clergé, c’est peut-être ce qui a guidé mes pas vers cet Ashram. La lumière pure, la lumière éternelle de l’esprit comme celle qui brille sans arrêt à l’orient de ma loge. Cette quête de lumière qui est au début et à la fin de l’initiation, de l’ultime initiation que les profanes appellent la mort.
C’est aussi naturellement comme chaque matin que j’ai allumé la Lumière sur mon bureau et symboliquement dans mon cœur, ce matin je pensais à mon voyage à Pondichéry. Dans la bibliothèque de l’Ashram, j’avais trouvé un recueil des pensées de Sri Aurobindo qui a pris place dans ma bibliothèque et que j’ouvre régulièrement, ce recueil a pour titre : « La Croissance Intérieure ».
Toutes comparaisons avec les valeurs contenues dans les rituels maçonniques sont autorisées. Il ne s’agit pas de tomber dans un syncrétisme facile, mais quand l’on songe que Le Veda a pour but : l’éveil et l’essor de l’être, de l’être intérieur, la levée des voiles qui obscurcissent, la construction, l’élévation des colonnes force et sagesse en beauté.
Quand l’on voit les actions des Rishis les sages hindouistes, l’on peut faire une analogie avec les maximes, les injonctions des rituels maçonniques.
Quand on constate que l’hindouisme est plus que la religion particulière d’un peuple, d’une société mais plutôt une sorte d’ordre, un ordre pour sortir du chao, une assise, un repère, une colonne vertébrale sacrée (comme l’os sacrum), socio-cosmique éternelle, un mode de vie, de pensée et d’action. Une élévation spirituelle individuelle et collective, alors une comparaison avec l’initiation maçonnique ne paraît pas abusive.
Mais, il y a toujours un mais, comme les islamistes radicaux se sont emparés des valeurs ésotériques de l’Islam. Des politiques hindous et au premier rang, le premier ministre Narendra Modi bien que n’étant pas de la caste des Brahmanes a fait de l’hindouisme un instrument de sa politique et persécute les membres des autres religions.
Comme Brahma peut être comparé au Grand Architecte de l’Univers par sa portée universelle, l’affirmation que : « Le Brahman sert de demeure à tous les êtres et demeure en tous les êtres. »Ce n’est pas pour les asservir, mais pour les libérer, pour respecter leur dignité, leurs différences.
Pour terminer avec mes souvenirs personnels de Pondichéry quelques citations inspirantes de Sri Aurobindo.
« C’est par une croissance intérieure constante que l’on peut trouver dans la vie une constante nouveauté et un intérêt qui ne faiblit point. Aucun autre moyen n’est satisfaisant. »
« Il n’y a qu’une chose à faire : devenir soi-même, mais le vrai « soi-même » est celui qui est en nous, et dépasser notre moi extérieur corporel, vital et mental est la condition pour que cet être suprême, qui est notre être véritable et divin, se révèle et devienne actif. C’est seulement en grandissant au-dedans et en vivant au-dedans que nous pouvons le trouver. »
« Un éveil de plus en plus puissant de la conscience et son ascension à des niveaux de plus en plus hauts, une vision et une action qui s’élargissent sans cesse, telles sont les conditions de notre progrès vers cette perfection suprême, totale, qui constitue le but de notre existence. » Sri Aurobindo.
Jean-François Guerry.