Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le
L'AUMÔNE ET LA BIENFAISANCE

L’AUMÔNE ET LA BIENFAISANCE

 

              « Il ne faut pas confondre l’aumône avec la bienfaisance, l’aumône abaisse celui qui reçoit sans élever celui qui donne. » (Extrait de Rituel Maçonnique)

 

 

L’aumône serait une philautie de la bienfaisance, propre à flatter notre ego, toujours cet ego qui a plus d’une ruse dans son sac !

 

Les Francs-Maçons ont des œuvres de bienfaisance, ils n’en font pas une publicité malsaine, les trompettes de la renommée sont parfois mal embouchées. Les galas de bienfaisance maçonniques sont des fêtes à la vertu, les destinataires des dons doivent restés anonymes. Les loges maçonniques ne doivent pas se transformer en sociétés caritatives, il y a des pour cela des ONG, des Associations Caritatives qui font parfaitement leur travail, le Franc-Maçon peut y œuvrer et y faire aussi des dons.

La bienfaisance des Francs-Maçons vient en aide aux sœurs, aux frères, à leur famille et versent leurs dons aussi pour soutenir de nobles causes, le tout dans la discrétion.

 

Il y a bien sûr des excès en particulier aux États-Unis où des loges se sont transformées en société caritatives et où les généreux donateurs sont souvent récompensés de leurs dons par l’octroi rapide de grades maçonniques, propres à les enorgueillir.

Un peu à la manière des mécènes modernes, qui créent leur fondation, pour se donner bonne conscience, fondations dans lesquelles ils déversent leur surplus de fortune, après avoir acheté leurs multiples résidences et le dernier yacht, c’est leur ultime don pour sauver les apparences. En donnant de manière ostentatoire, ils enrichissent l’image de leur société, et ils en tirent encore, un profit supplémentaire. Un beau retour sur investissement, paré des atours de la bienfaisance. Il y a aussi des chefs d’entreprises, des mécènes sincères qui agissent dans la discrétion.

 

L’abondance richesse est sensée tomber en pluie fine, c’est la fameuse théorie du ruissellement, mais il y aurait comme un réchauffement climatique, une sécheresse dans nos sociétés occidentales et beaucoup attendent avec impatience ce ruissellement.

Quand un pour cent des plus riches détiennent, plus de 80% des richesses, les inégalités croissent plus vite que l’amélioration du niveau de vie des plus pauvres, on en revient à l’aumône.

 

Ne vous trompez pas je ne suis pas contre l’enrichissement par le travail, bien au contraire. Je suis pour la volonté et la gloire au travail. Mais je suis opposé aux élites, qui confondent force et volonté. La force est le contraire de l’humilité et de la charité. Ces élites sont Nietzschiens, ils croient en un homme supérieur aux autres, pour eux la charité encourage les faibles et les paresseux. Ces gens-là trient les bons et les mauvais, les forts et les faibles. Alors que c’est tout le genre humain qui constitue l’élite.

 

Le monde n’est pas fait que de comptables et de mathématiques.

 

Nous sommes souvent confrontés à des choix difficiles, voire impossibles : faut-il lors d’un accouchement difficile choisir entre la mère et l’enfant ? La vie d’un seul petit enfant est elle aussi précieuse que la survie du genre humain ? La charité, l’amour doit nous guider face à la brutalité de tels choix, et quel que soit le choix, on ne peut jeter la pierre à personne.

 

Je reviens plus précisément à cette charité contestée par de nombreux penseurs moralistes qui mettent en exergue la dignité humaine personnelle, comme Kant ou Dostoievski qui écrit dans les Possédés II :

 

« Je tiens la pitié du riche envers le pauvre pour injurieuse et contraire à la fraternité humaine.

Épargnez aux pauvres votre pitié, ils n’en n’ont que faire. Pourquoi la pitié et non pas la justice ? Vous êtes en compte avec eux. Réglez le compte. Ce n’est pas une affaire de sentiment, c’est une affaire économique. Si ce que vous leur donnez gracieusement est pour prolonger leur pauvreté et votre richesse, ce don est inique et les larmes que vous y mêlerez ne le rendront pas équitable. Il ne faut pas améliorer la condition des pauvres ; il faut la supprimer. Je n’induirai pas les riches en aumône, parce que l’aumône du bien à celui qui donne et du mal à celui qui reçoit, et parce qu’enfin la richesse étant par elle-même dure et cruelle, il ne faut qu’elle revête l’apparence trompeuse de la douceur. »

 

C’est l’humilité du don qui est en cause plus que le don, on en revient à la phrase de mon rituel maçonnique.

L’aumône est donc bien une ruse de l’ego. La Rochefoucauld l’exprime ainsi : « D’abord l’aumône nous permet, en rendant un peu, de garder beaucoup. »

 

Cela se traduit souvent dans le langage de certains aristocrates de naissance ou d’esprit, qui confondent bienfaisance et propriété, ils appellent d’ailleurs souvent leurs employés par leur seul prénom leur enlevant un peu de leur dignité, vous me direz que c’est une pratique commune aujourd’hui, on appelle souvent par son prénom des personnes que l’on ne connaît même pas !

Ainsi Madame et Monsieur ont leur jardinier, leur peintre, leur médecin, leur mendiant, Madame et Monsieur sont trop bons !

 

Ils ne font pourtant pas ainsi œuvre de justice, ils rendent l’injustice éternelle, ils oublient que le pauvre à les mêmes droits que le riche, que le pauvre n’est pas la propriété, ni un objet, ni le domestique de Monsieur et Madame depuis la déclaration des droits de l’homme. Je soulignerai encore ce principe maçonnique : le franc-maçon est l’ami du pauvre et du riche pourvu qu’ils soient vertueux.

La pratique de l’aumône n’exonère pas du combat contre l’injustice, et la justice est un acte d’amour.

 

Jean-François Guerry.

 

À suivre….   

Commenter cet article