EN MODE ESTIVAL. III.
Philosophie, Franc-Maçonnerie, l’art de vivre.
On ne peut rien sur les choses qui ne dépendent pas de nous, elles sont ce qu’elles sont. Mais nous pouvons changer nos jugements, convertir notre regard sur les choses qui dépendent de nous, c’est presque réussir à changer les choses.
Jean-François Guerry.
« La réelle valeur qu’à pour l’homme la philosophie, c’est de l’éclairer sur la nature de son être, sur les principes de sa psychologie, sur ses rapports avec le monde et avec Dieu, sur les lignes fixes ou les vastes possibilités de sa destinée.
Sri Aurobindo.
Le 7 octobre 1964
les choses, non du point de vue ordinaire mais du point de vue supérieur, ont pris nettement un tournant vers le mieux. mais les conséquences matérielles sont encore là — toutes les difficultés sont comme aggravées. seulement, le pouvoir de la conscience est plus grand — plus clair, plus précis ; et aussi l’action sur ceux qui sont de bonne volonté : ils font des progrès assez considérables. mais les difficultés matérielles sont comme aggravées, c’est-à-dire que c’est... pour voir si nous tenons le coup !
c’est comme cela.
il n’y a pas longtemps (c’est depuis hier), quelque chose s’est clarifié dans l’atmosphère. mais le chemin est encore long — long, long. Ça, je le sens très long. il faut durer. Durer, c’est surtout cela l’impression — il faut avoir de l’endurance. ce sont les deux choses absolument indispensables: l’endurance, et garder une foi que rien ne peut ébranler, même une négation apparemment complète, même si l’on souffre, même si l’on est misérable (je veux dire dans le corps), même si l’on est fatigué — durer. s’accrocher et durer — avoir de l’endurance. Voilà.
mais d’après ce que l’on me raconte, je veux dire ceux qui écoutent la radio, qui lisent les journaux (toutes choses que je ne fais point), le monde tout entier est en train de subir une action... qui, pour le moment, est bouleversante. il semble que le nombre de « fous apparents » augmente considérablement. comme en Amérique, par exemple, toute la jeunesse semble être prise par une sorte de vertige curieux, qui serait inquiétant pour les gens raisonnables, mais qui est certainement l’indication qu’une force inaccoutumée est à l’œuvre. c’est la rupture de toutes les habitudes et de toutes les règles — c’est bon. Pour le moment, c’est un peu « étrange », mais c’est nécessaire.
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Notes sur le Chemin
La vraie attitude, actuellement, n’est-elle pas d’essayer d’être aussi transparent que possible ?
transparent, réceptif à la force nouvelle.
Je me pose la question, parce que l’on a l’impression que cette transparence, c’est transparent, mais c’est un peu rien — un « rien » qui est plein, mais c’est quand même rien, on ne sait pas. On ne sait pas si c’est une espèce de tamas1 supérieur, ou...
surtout être confiant. la grosse difficulté dans la matière, c’est que la conscience matérielle (c’est-à-dire le mental dans la matière) s’est formée sous la pression des difficultés — des difficultés, des obstacles, des souffrances, des luttes. elle a été pour ainsi dire « élaborée » par ces choses, et cela lui a donné une empreinte, presque de pessimisme et de défaitisme, qui est certainement le plus grand obstacle.
c’est cela dont je suis consciente dans mon propre travail. la conscience la plus matérielle, le mental le plus matériel est habitué à agir, à faire effort, à avancer à coups de fouet; autrement, c’est le tamas. et alors, dans la mesure où il imagine, il imagine toujours la difficulté — toujours l’obstacle ou toujours l’opposition, et cela ralentit le mouvement terriblement. il lui faut des expériences très concrètes, très tangibles et très répétées, pour le convaincre que derrière toutes ses difficultés, il y a une Grâce, que derrière tous ses insuccès, il y a la Victoire, que derrière toutes ses douleurs, ses souffrances, ses contradictions, il y a l’Ânanda. De tous les efforts, c’est celui qu’il faut répéter le plus souvent : on est tout le temps obligé d’arrêter ou d’écarter, de convertir un pessimisme, un doute ou une imagination tout à fait défaitiste.