LA DESTRUCTION
J’ai été interpellé par un article du « Causeur » un journal catégorisé de droite, voir d’extrême droite. Il publie un article sur le recrutement d’un enseignant-chercheur pour le département philosophie de l’Université de Paris VIII. (Voir Article ci-dessous). Je précise que le « Causeur » ne fait pas partie de mes lectures habituelles.
C’est surtout le mot déconstruire qui a attiré mon attention. Pour moi la vie entière est le récit d’une construction dont les fondations sont lumières, les valeurs du passé, mais aussi les erreurs. Il faut plutôt reconstruire que détruire, mais me direz-vous parfois l’ouvrage est tellement instable ou détérioré qu’il doit être détruit. Ce qui n’empêche pas de garder en mémoire les plans sans pour autant reconstruire à l’identique. Il paraît, qu’il faut construire plusieurs temples pour construire le bon, celui de l’esprit.
Il faut choisir son métier, j’ai opté pour celui des constructeurs à la recherche de la connaissance ce bien héréditaire que chaque génération augmente et quelle transmet à celle qui suit.
Bien sûr chaque époque qui oserait le nier est semée d’erreurs, elles ses impasses ; mais aussi ses sentiers lumineux. Ce sont les sentiers qu’il faut suivre pour parvenir à surmonter les difficultés du présent et espérer peut-être éclairer un peu l’avenir. En reconnaissant avec humilité que la Vérité absolue est inaccessible à l’esprit humain.
Faut-il vénérer ou rejeter le passé ? Faut-il déconstruire les lumières du passé pour construire le présent ? Certains sont aveuglés par le siècle des lumières, si l’esprit des lumières doit être préservé faut-il reprendre ses erreurs jusqu’à l’aveuglement ? Je vous conseille à ce sujet la lecture ou la relecture de l’œuvre de Voltaire, cette figure emblématique des lumières si l’on peut dire n’a pas toujours été clair, en particulier par ses positions sur l’esclavage !
Je vous conseille aussi l’excellent essai d’Antoine Lilti chercheur et écrivain
(L’Héritage des Lumières dont le sous-titre Ambivalences de la Modernité est évocateur.)
La variation du fléau de la balance de la justice humaine, nous impose de maîtriser nos jugements. Etre dans la crainte des erreurs du passé entraine la destruction du passé. La destruction de tous les totems et les statues c’est refuser en bloc l’héritage et les valeurs des traditions. La justice est médiété elle se rend entre l’équerre et le compas, la rigueur de la conduite et l’ouverture de l’esprit dans la chambre du milieu.
Refuser les dogmes qui asservissent n’oblige pas à détruire toutes les valeurs du passé. Ce que nous devons défendre sans concession c’est la justice toujours associée à l’amour fraternel.
Ceci n’est bien sûr que mon simple avis et vous quel est le vôtre ?
Jean-François Guerry.
Dans le numéro 105 de la revue L’Atelier du roman, Jean-Yves Masson, professeur de littérature comparée à la Sorbonne, a l’excellente idée de nous présenter in extenso la fiche de poste d’enseignant-chercheur du Département Philosophie de la toujours très progressiste université Paris VIII (article intitulé « Le monde enchanté de l’émancipation ou comment on recrute un professeur de philosophie »). Les candidats qui en auront saisi toutes les subtilités idéologiques pourront ainsi se présenter pour tenter d’obtenir ce poste. Car, précise J-Y. Masson, cette fiche, trop jargonnante pour être honnête, n’est pas celle d’un poste d’enseignant-chercheur mais plutôt celle d’un poste de militant doctrinaire ou, pour dire comme Nathalie Heinich, d’un futur « académo-militant. » À l’inverse de l’usage universitaire qui veut que le poste soit décrit en fonction d’un grand champ d’investigation, les mots-clés présentés au début de cette fiche annoncent la couleur : émancipation, violence, intersectionnalité, subjectivation politique, féminisme, études postcoloniales.
Premier signe qui ne trompe pas, la fiche est écrite en écriture inclusive. Dans un sabir dissimulant mal l’idéologie qui imprègne l’enseignement attendu, il est par exemple précisé : « Sera alors attendue des étudiant.e.s l’attitude à relier les sources archéologiques multiples de ces enjeux dans la philosophie classique, moderne et contemporaine, et leurs reformulations plus actuelles, et à analyser la normativité inhérente aux discours anthropologiques, les hiérarchies et les exclusions qui en procèdent et rendent leur universalisation polémique… » Traduction : au sortir de cet enseignement, l’étudiant saura “déconstruire” le discours universaliste de la philosophie, remettre en cause des hiérarchies obsolètes, démontrer que la prétendue science occidentale n’est rien d’autre qu’un instrument de domination sur les exclus et les opprimés (les femmes, les « racisés », les homosexuels, etc.).
A lire aussi, Martin Pimentel: Nathalie Heinich dézingue nos sociologues en peau de lapin
La partie de la fiche de recrutement
