LE RETOUR DES TÉNÈBRES ?
Après, sans doute pour apaiser nos douleurs, tous ceux submergent les médias nous promettais que rien ne serait comme avant, que tout serait différent. Que l’expérience des erreurs permettrait de reconstruire un monde meilleur.
Un article du Monde Diplomatique signé par Pierre Rimbert, dont j’ai pris connaissance sur les conseils d’Egidio un lecteur du Blog, m’a inspiré ces quelques lignes. Son titre : La société des asociaux, sur fond de crise sanitaire mondiale et de numérisation du monde accélérée par cette crise.
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Deux ans de vie avec le virus, non pas suffit pour changer le monde et réaliser le monde d’après, trop tôt diront certains, ou trop tard peut-être ! Le monde d’après risque de changer en pire avec l’accélération de l’économie numérique et les asociaux qui la dirige.
À côté des algorithmes, des applications numériques, du développement de l’intelligence artificielle, les humains du monde d’avant les utiles, les indispensables sont toujours là, toujours les mêmes, toujours en attente de considération. Les aides-soignantes, les infirmières, les auxiliaires de vie qui côtoient la mort, les nettoyeurs de nos déchets, les caissières de nos supermarchés, en majorité des femmes sont toujours solidaires et fraternelles. Nos applaudissements résonnent de moins en moins dans leurs oreilles, nos regards se tournent à nouveau vers les visibles, et les invisibles retournent dans les ténèbres d’où elles avaient surgi un moment. Il paraît que la femme est l’avenir de l’homme, mais quel est l’avenir de ces femmes ?
Pour les G A F A M, merci tout va bien, leurs profits sont bien au rendez-vous du monde d’après, une fois leurs impôts optimisés grâce aux paiements des nôtres. Leurs bénéfices ont bondi de 90% entre le monde d’avant et le monde d’après soit 75 milliards après leurs impôts minorés en un seul trimestre. « En nous vendant ce que l’état a cessé de nous offrir ». Cerise sur leur gâteau, ils permettent à nos milliardaires de s’offrir l’espace d’un instant de somptueux vols au-dessus de notre planète, leur regard d’en haut nous émerveille. À l’instar de la nouvelle profession de foi du patron de Facebook : « Construire l’infrastructure sociale de long terme qui réunira l’humanité. » Comment ne pas accorder une confiance aveugle, à ce génie du lien social de qualité comme le démontre son réseau social capable d’influencer notre vie dans toutes ses composantes, jusqu’à pénétrer dans notre intimité, en frappant toutes ses actions du sceau de la liberté, et quelle liberté ! Non pas celle des Lumières qui nous demandait de penser par nous-mêmes, la liberté des réseaux c’est de donner tout ce que nous possédons, jusqu’à notre liberté de penser. Devenir transparents jusqu’à être invisible, pour ceux qui promettent la célébrité comme le bien suprême ! La communauté, des indispensables, des utiles, des invisibles, des oubliés, un temps célébrer. Ont été confiés aux asociaux maîtres des réseaux sociaux.
Les esclaves modernes sont remontés sur leurs vélos, avec pour toute protection un casque en plastique emprisonnant leur cerveau, leur smartphone greffé sur leur bras, sans bruit, sans aucun rejet de carbone. Ils sillonnent nos villes endormies pour livrer leur nourriture végétarienne à quelques avachis sur leurs canapés, ébahis devant le tir des fusées spatiales. Avant de reprendre leurs conversations virtuelles sur les réseaux qui neutralisent petits à petits le reste de leurs neurones innovants. « Ces réseaux des asociaux qui structurent les relations de la moitié des habitants de la planète, reflètent en creux la mutilation des rapports humains, source d’une frustration insondable au sein d’un monde parcellisé, pressé, et peureux ».
Il n’est plus question des lumières, ni même de l’esprit du siècle des lumières, si ce n’est dans quelques discours jamais suivis d’actes forts. La devise du jour n’est plus Sapere aude pensez par vous-mêmes, mais nous pensons pour vous !
Seule la quantité compte et se compte, le palmarès des statistiques, la publicité des chiffres seule guide l’action.
La dictature des réseaux, du numérique incontrôlés et incontrôlable fait surgir les incompréhensions, les ressentiments, l’assentiment n’est pas le souci premier, la manipulation remplace l’assentiment, les gestes de solidarité et de fraternité. Nous devenons des proies faciles pour tous les extrémistes. Il est urgent de s’occuper des utiles, des indispensables, des humains, de ceux qui font la société des hommes, arrêtons les applaudissements et les indignations passons aux actes. Parlons-nous, dialoguons en dehors des réseaux sociaux dirigés par des asociaux. Notre société manque d’homme comme Cicéron que Stefan Zweig qualifia de : Premier avocat de l’humanité.
Jean-François Guerry.
SOURCES : Le Monde Diplomatique de septembre 2021 article de Pierre Rimbert.: La société des asociaux.