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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François Guerry
ATLAS

ATLAS

LA RESPONSABILITÉ EN QUESTIONNEMENT

 

 

Au risque de choquer, nous avons admis il y a longtemps le fait que nous pourrions être responsables mais pas coupables. Sommes-nous toujours responsables d’autrui, ou plutôt suis-je toujours responsable de mon proche, de mon prochain, de tous.

 

Ce qui fait dire à F.M. Dostoïevski : « Nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous, et moi plus que tous les autres ». (F.M. Dostoïevski -Les Frères Karamazov La Pleïade Page 310.) Ce qui a été repris dans la philosophie

d’Emmanuel Levinas, autrui me regarde et je suis responsable de lui. Je dois tout à autrui, je suis responsable du mal fait à autrui et même du mal fait par autrui. Le moi est toujours une responsabilité de tout, je suis l’otage de l’autre. Je me sacrifie pour l’autre, à l’instar du Maître architecte Hiram ou de Jacques de Molay. En endossant cette responsabilité morale vis à vis d’autrui, je me sépare de la masse, je suis désigné comme élu, être séparé et élu c’est être saint, sans vanité. C’est simplement être humain. Je suis responsable même au-delà de ce que fait, cette gratuité de l’altérité est la responsabilité véritable.

 

Ce sacrifice, cette épreuve de la responsabilité infinie, cette utopie insensée, est négociée par la réalisation de petites choses, de petits gestes quotidiens. C’est de l’ordre de l’humain, j’ai promis d’aider et d’aimer mes sœurs et mes frères jusqu’au péril de ma vie. Pour donner du sens à ma vie, il faut vivre cette épreuve qui me met en question.

Cette épreuve arrive toujours par l’extériorité par la surprise, par l’étonnement, par la rencontre de l’autre. Alors se met en œuvre l’altérité qui est toujours présente dans mon cœur. Le lien avec autrui est un rapport de responsabilité même sans savoir que faire, que donner il est parfois plus facile de faire son devoir que de le connaître.

Levinas dit à peu près : l’autre me demande et m’ordonne, c’est la signifiance de son visage, il me dit tu ne tueras point.

 

C’est relation à l’autre est asymétrique, sans réciproque, sans retour de l’autre, comme une pureté de l’altérité. C’est l’obole déposée en toute discrétion.

Je supporte cette responsabilité comme Atlas porte le ciel sur ses épaules, comme un soldat de l’universel, jusqu’à prendre et expier les fautes d’autrui. Est-ce réalisable ? D’être autrement, d’être plus qu’être.  

                                                                       Jean-François Guerry.   

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J
Merci pour votre réflexion qui m'amène moi-même à oser répondre ou plutôt oser donner mon point de vue. <br /> En effet, je pense qu'il est important d'être très vigilent, dans ce "responsable de l'autre" à ne pas être dans la toute puissance et dans la sur culpabilité. Notre bonne éducation judéo-chrétienne peut nous y pousser et nous y pousse souvent. Nous voulons tant faire le bien que nous en oublions souvent que l'autre a aussi sa part de responsabilité, son autonomie, ses choix et ses volontés. C'est du moins ce que j'ai vécu et que je vis encore régulièrement. Devant alors des freins, des refus, je culpabilise au maximum amenant avec moi, pour moi et dans la relation à l'autre, incompréhension, mal-être, ... bref, du bancal qui ne participe pas à la solidité de l'édifice. Je suis pierre, comme l'autre est pierre. Je suis responsable de moi-même, et responsable de tout ce que je fais pour l'autre, POUR que l'autre vive au mieux, pour construire un édifice humain. Et parfois cela peut vouloir dire lui laisser sa responsabilité, même si cela va à mon encontre... <br /> Je dirais donc responsable POUR l'autre (et pas à la place de) plutôt que responsable DE l'autre. <br /> <br /> Mais tout ceci n'est qu'un point de vue, de la dialectique me direz-vous peut-être ? Pas seulement, c'est aussi le travail de tout un cheminement pour être en paix avec moi-même et donc avec les autres... <br /> <br /> Encore merci pour ces réflexions.
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J
Dans cette responsabilité de l'autre il est essentiel de ne pas tomber dans la toute puissance et la sur-culpabilité qui va générer mal-être et aussi dépendance de l'autre. Le chemin a été et reste pour moi, justement ce détachement à une vieille et héritée culpabilité qui me fait tout porter et qui laisse aussi peu de place à l'autre. <br /> Comme un pierre de l'édifice, nous sommes indispensables, mais les autres pierres le sont aussi et nous ne portons pas moins que les autres. Oserais-je dire "être responsable POUR l'autre" (dans le sens pour son bien être et non à la place de) au lieu d'"être responsable DE l'autre". C'est le chemin que j'ai choisi en tous cas et qui me paraît assez sage. <br /> Merci en tous cas pour votre article, celui-là en particulier qui me permet d'affirmer une pensée autre !! Là, vous avez été responsable de mon affirmation, du courage qu'il m'a fallu pour répondre et je vous en suis reconnaissante !! Grâce à vous j'ai avancé.
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G
Guillaume Sarazin<br /> 08:35 (il y a 31 minutes)<br /> <br /> À moi<br /> <br /> Merci pour votre dernière publication sur la notion de responsabilité que nous pourrions avoir envers autrui.Les fruits de ma pensée ont mûri et je crois qu'il n'existe pas d'autre moyen pour vivre harmonieusement avec autrui que d'être responsable de l'autre , de son inconscience partielle. Cela suppose une certaine longueur d'avance ou une certaine sagesse de la part d'un tiers sur un moment vécu collectivement. Il ne faut attendre aucun retour car c'est une responsabilité muette qui apaise celui qui a arrêté de se voir en victime.L'idée de Sartre sur ''l'enfer c'est les autres '' me semble maintenant une version neutre et non constructive des rapports sociaux mais qui, selon notre disposition psychologique, peut exister . Reste la traversée du continent oublié entre la théorie et la pratique.....<br /> <br /> Merci pour vos articles , ils me font très souvent réfléchir.
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I
Pour pouvoir être responsable de l'autre il faut une certaine acceptation de la part de l'autre même "insaisissable", "virtuelle"...me semble-t-il
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