J’AI DEMANDÉ LA LUMIÈRE
Il existe dans le monde deux états existentiels selon Mircea Eliade l’état profane et l’état sacré. L’état sacré communément lié à la religion, la religiosité, va-t-il disparaître avec la dégradation, l’érosion des religions spécifiques, se dissoudre dans la sécularisation de plus en plus importante de celles-ci, en renonçant à leur ésotérisme les religions voient t’elles disparaître leur essence, leurs valeurs ? Cette transformation se fait-elle au profit de valeurs humaines. Dans l’avant- propos de : Le sacré et le profane de Mircea Eliade l’on peut lire : le caractère profane d’un comportement auparavant « sacré » ne présuppose pas une solution de continuité : le « profane » n’est qu’une nouvelle manifestation de la même structure constitutive de l’homme qui, auparavant, se manifestait par des expressions « sacrées ».
La question se pose dès lors est-ce que notre monde manque de « sacré » et faut-il opposé le profane et le sacré ? Le sacré n’est-il pas la manifestation de la spiritualité sans religion et sans dieux ou Dieu ? La recherche essentielle n’est-elle pas celle de la lumière de l’esprit, l’élévation de l’esprit ?
Force est de constater que la phénoménologie de l’initiation, est une révélation du sacré, de la mort, de la sexualité, le néophyte meurt et renaît, il reçoit des secrets d’ordre métaphysiques, il passe des ténèbres à la Lumière. Il n’y a pas à mon sens séparation ou rupture entre profane et sacré mais métamorphoses intérieures successives, réception de la Lumière spirituelle, éclairage de son esprit, puis illumination, préparation à un état susceptible d’accueillir de plus en plus de lumière.
D’où les interrogations successives dans la pratique des rituels initiatiques quelle heure est-il ? Quel est l’état et l’intensité de la lumière ? En quel lieu sommes-nous ? Le lieu le plus éclairé, la fin du jour, le point du jour, etc…
Les hommes à partir du moment où leur regard à dépasser le bout de leur doigt, pour se tourner vers la voûte étoilée, pour tenter de percer le secret de la vie, ils ont demandé la lumière qui éclaire l’esprit. C’est leur passage de l’horizontale à la verticale, qui les rend plus radieux que jamais. Capables au point du jour, à la sortie des ténèbres de voir la grande Lumière qui apparaît, qui resplendit dans leur cœur vibrant d’amour fraternel, en regardant au-delà de la balustrade vers le saint des saints. La grande lumière qui est la clé qui ouvre, comme un éclair dans la nuit, la voie qui mène vers les hautes sphères de la spiritualité.
À nous de peindre la vie avec la lumière de l’esprit, en silence en passant du secret au sacré, pour répandre sur la terre la Grande lumière qui chasse les ténèbres.
Jean-François Guerry.
Bibliographie : Mircea Eliade – Le sacré et le profane -Folio essais.
Enuma Elish
Lorsque Là-haut le ciel n’avait pas encore de nom,
Et qu'Ici-bas la terre n'avait pas de nom,
Seuls, Apsu, le primordial, le géniteur,
Et Tiamat, la génitrice qui les enfantera tous,
Mêlaient en un seul tout leurs eaux :
Ni bancs de roseaux n'y étaient encore agglomérés,
Ni cannaies n'y étaient discernables.
Des dieux nul n'était encore apparu,
Ils n'étaient ni nommés ni dotés de leur destin.