ÉLOGE DE LA LENTEUR.
Les mauvais compagnons étaient si pressants auprès de l’architecte jusqu’à le tuer pour obtenir la parole, incapables de maitriser leurs passions, submergés par leur orgueil et leur arrogance, voulant tout savoir, tout de suite.
Socrate affirmait : « je sais que je ne sais rien ». L’apprenti maçon lui ne sais, ni lire ni écrire, Goethe reconnaît avoir mis plus de 80 ans pour apprendre à lire sans être sûr d’y être parvenu.
Socrate avait conscience de ne posséder que des fragments de la connaissance. Avant lui l’hermétique et obscur Héraclite d’Éphèse avait déjà impressionné un Grec inconnu qui nous as légué ces mots en forme de sentence : « Ne te presse pas en déroulant le volume d’Héraclite l’Éphésien : ses accès sont escarpés. Son obscurité, ses ténèbres dépourvues de lumière. Pourtant si un initié te guide, le livre paraîtra plus clair que le plein soleil ».
Ce n’est guère engageant pour l’homme moderne nourrit à l’immédiateté, qui veut à tout prix se mesurer aux autres, sans avoir pris conscience de sa juste mesure. Pressé par son orgueil, il refuse le chemin lent et sinueux de la connaissance. Le livre sacré doit d’abord être ouvert, puis il faut poser dessus le regard de la rectitude de l’équerre, avant de pouvoir ouvrir le compas de l’esprit. Lire les lignes et les interlignes du livre, découvrir les idées cachées sous les signes et les images, ôter les écorces une à une pour pénétrer jusqu’au centre, là où jaillit la lumière du sens et de l’un. Lever le regard vers le ciel et avec ce regard d’en haut regarder la beauté de la terre et des hommes.
Il n’y a pas de livre unique, comme il n’y a pas de lecture unique ce serait trop simple, nous n’aurions pas de chemin à découvrir, pas d’initiation personnelle, pas de découverte des mystères.
C’est avec le premier mot du maçon en Force que l’on établit peu à peu en soi l’harmonie de l’un. La conscience s’élève et s’éclaire avec le feu éternel, la chaleur vitale.
C’est pourquoi le maçon lit et relit sans cesse ses rituels, il régénère ainsi sans cesse sa foi maçonnique. Il connaît le passage de l’ombre à la lumière sur le pavé mosaïque. Il travaille sans cesse à remettre de l’ordre dans le chaos.
Il apprend lentement par ses voyages, à travers les éléments : la terre, l’eau, l’air et le feu. Indissociables voyages, la terre le nourrit, l’eau le purifie, l’air lui apporte le souffle de la vie, le feu l’éclaire et le régénère sans cesse pour qu’il brûle toujours d’amour.
Tout bouge, tout se métamorphose lentement à l’intérieur de lui-même, partout. Ovide l’avait compris avec ses Métamorphoses, tout change, les dieux, les bêtes, même les pierres, les plantes, et les hommes. La vie est une épopée permanente. Ovide voulait le dire avec son poème : « Je veux dire les formes changées en nouveaux corps, Dieux, vous qui faites les changements, inspirez mon projet et du début du début du monde jusqu’à mon temps faites courir un poème sans fin ». La vie est un poème sans fin, à lire lentement. Comme le dit Ovide dans la dernière phrase de son épilogue des Métamorphoses : « …, la bouche du peuple me lira ; j’irai, connu, à travers siècles et, s’il y a quelque chose de vrai dans les oracles d’un poète, je vivrai ».
Le combat incessant du Franc-maçon pour la justice et l’amour fraternel, est un combat qui dure depuis la nuit des temps. Un combat pour l’harmonie du monde, pour l’union des contraires. Celui qui dit je sais, je sais démontre son ignorance et son fanatisme. Même Thalès de Millet dont on nous rapporte qu’il fût le père de la philosophie, sa source, est mort de soif. Alors nous pauvres pèlerins de la connaissance, comment pouvons-nous dire trop souvent je sais, je sais.
Alors que nos passions nous tirent sans cesse dans des directions contraires, garder un cap, donner un sens à notre vie est une véritable épreuve initiatique. Poètes, Ulysses errants nous aspirons au retour à soi, au retour chez soi. Hâtons-nous lentement sur ce chemin d’élévation spirituelle, avec le soutien de l’espérance et la bienveillance de nos frères.
Ainsi, l’initié Pythagore infatigable voyageur de l’esprit, il a appris les mathématiques chez les Égyptiens, les Chaldéens, les Phéniciens. La science des dieux avec Zoroastre et peut-être Bouddha, la science de l’interprétation chez les Hébreux. Voilà un homme éponge qui reçoit lentement l’eau des sciences de la vie, un homme des lumières précurseur du siècle des lumières. Le sage de Samos demandait aux apprentis de son école de Crotone un quinquennat de silence, il avait fondé une communauté d’hommes proches de la nature, des végétariens qui croyaient en la métensomatose qui croyaient que leur âme se promenait de corps en corps en se purifiant progressivement, comment dans ces conditions auraient-ils pu ingérer de la viande, ils respectaient tous les êtres vivants un peu à la manière des Jains. Il poussait sa pratique du symbolisme jusqu’à l’extrême de manière déconcertante : se chaussant toujours d’abord le pied droit, ne parlant jamais dans le noir, sans doute de peur que sa parole ne soit pas éclairée, il n’urinait jamais face au soleil pour ne profaner l’astre. Il était conscient du temps qu’il faut pour apprendre, connaître, comprendre et agir. Seuls les initiés au dernier degré et 4ème degré de l’école de Crotone les Politikoï formés aux sciences profanes et secrètes, instruits des mystères du monde, ayant acquis tous les degrés de Lumière étaient considérés comme aptes à diriger la société. Le cinquième degré de l’ordre figurait l’initié triomphant, rayonnant toutes parts dans l’étoile flamboyante. Cet homme croyait en la divinité des nombres.
Il passerait aujourd’hui pour un illuminé au sens péjoratif du terme, pour les non-initiés, et pour une figure du sage pour les initiés.
Les Francs-maçons ont puisé chez Pythagore la science des nombres, la géométrie science de la mesure de la terre et des hommes. Pythagore pensait nombre et non chiffre, il pensait figure, comme le trois en triangle, le quatre en carré, le six en pyramide etc… Pour atteindre le un, point au centre du cercle, l’un premier primordial.
Comment ne pas faire le rapport entre la Tétraktys pythagoricienne et le Delta Lumineux maçonnique. Plotin mystérieux et mystique fera monter lentement son âme détachée de son corps au-dessus de la pyramide de Pythagore pour contempler la beauté, la simplicité de l’Un.
Jean-François Guerry.
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