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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François Guerry
PIC DE LA MIRANDOLE

PIC DE LA MIRANDOLE

LE PHÉNIX DE LA RENAISSANCE – PART – II-

 

 

« L’homme dionysien sait revêtir toutes les enveloppes, toutes les émotions : il se transforme sans cesse ».

                        F. Nietzsche – Le crépuscule des idoles.

 

 

S’il nous faut retenir quelque chose de Pic de la Mirandole, c’est sa capacité de métamorphose, comme nous l’avons vu dans l’article précédent il se qualifiait lui-même de Caméléon. Un animal doué de la capacité de métamorphose, dans le sens de perfectionnement perpétuel, cette métamorphose érigée en dignité humaine. Les Francs-maçons ne disent pas autre chose quand ils affirment : « Nous avons à nous perfectionner ».

 

Pic né en 1463, c’est dès l’âge de ses seize ans en 1479 qu’il se rend à Florence pour rejoindre l’académia platonica auprès de son premier maître Marsile Ficin le diffuseur des idées platoniciennes, aux âmes bien nées…

Marsile Ficin à traduit les textes de Platon, les Ennéades de Plotin mais aussi les textes d’Hermès Trismégiste. Le jeune Pic avec l’Asclépius plonge dans l’hermétisme, il n’est pas inutile de rappeler qu’Asclépios était le dieu grec de la médecine, de la guérison, du rajeunissement une forme de métamorphose avec son caducée que l’on retrouve à la fois chez Goethe et dans des rituels maçonniques du R E A A.

C’est dès sa jeunesse je présume que Pic vit naître dans son imagination son principe de Concordia. Son rêve d’une alliance entre les traditions, une démarche maçonnique de construction d’une Tradition primordiale à la manière de René Guénon.

On discerne chez Pic une complexe association entre humanisme et métaphysique. Marsile Ficin et Pic militaient ensemble pour la disparition de l’apparat de l’extériorité de la doctrine scolastique et un retour à la pureté de la culture antique. Un peu comme tous ceux qui sont sensibles à la pureté, la simplicité des églises romanes loin de la grandeur et du faste des églises gothiques. La résonance du sacré est plus intense dans la simplicité de ces lieux dépouillés.

 

La concorde universelle de Pic unissait toutes les traditions différentes comme un enrichissement de valeurs différentes. Fidèle à sa religion chrétienne, il avait néanmoins de l’intérêt pour toutes les traditions. Je le compare à de nombreux maçons qui savent qu’il n’y a pas d’opposition entre la foi maçonnique et la foi religieuse qui sont de nature différente, la spiritualité est universelle. C’est donc naturellement que Pic fût un admirateur du moine dominicain Jérôme Savonarole qui se sera pendu et brûlé à Florence en 1498, qui apparu comme un dictateur théocratique antihumaniste mais surtout pourfendeur de toutes les vanités. Rendu célèbre par son « Bûcher des vanités » ou il fit brûler livres et œuvres d’art qu’il jugeait immorales. Pic l’admira sans doute un temps pour sa rigueur, témoignage de son cheminement intellectuel auquel il ne s’imposait aucune limite !

 

Cet homme pressé était à dix-sept à Padoue où il resta deux pour s’initier à la doctrine d’Averroès et Maïmonide auprès du philosophe Elia del Medigo.

 

« Les averroïstes, s’interrogeaient sur la nature de l’âme et se heurtaient au problème de l’immortalité individuelle ou universelle (…) certains prétendaient reconnaître à des degrés divers l’immortalité personnelle. Cette conception fût appelée : « théorie de la double vérité » qui devait surmonter tout conflit entre la foi et la raison ». Verena von der Heyden-Rynsch – Pico della Mirandolla- Éditions Gallimard -p 47 – 2021.

 

Pic poursuit sa quête intellectuelle, rapidement il se rapproche du kabbaliste Raimondo Moncada, il s’initia donc à cette doctrine qui légitime la transcendance de Dieu, ainsi que l’impossibilité de la pénétrer en tant qu’homme. L’essence divine se manifeste dans dix émanations ou sephirot, dont l’intelligence de l’homme est incapable d’appréhender la totalité, elle n’en n’a qu’une connaissance limitée extérieure, exotérique.

Cette connaissance est décrite les écritures juives rapportées en particulier dans le « le livre des splendeurs », le Zohar. (On peut peut-être déceler une correspondance entre la lettre Z du maître secret en maçonnerie ou il est question de resplendeur et de maître intérieur.), et la structure cachée de la création et du microcosme humain. (Cf Lucien Febvre historien et professeur d’hébreu au collège de France).

 

Pic voulait s’initier à cet ésotérisme juif dans le but inavoué de rapprocher les religions juive et chrétienne. Il revient ensuite à Florence à ses 20 ans ou il resta une grande partie de sa vie pour se consacrer à mettre en œuvre sa Concordia universelle, sa doctrine de la dignité de l’homme. Pic devient l’incarnation par sa pensée des valeurs nobles de la renaissance au sens propre historique, comme au sens figuré moral. Il ne négligeait pas la valeur de son corps qu’il associait à ses facultés intellectuelles, les capacités intellectuelles de l’homme, le perfectionnement de son soi : « devenir tout ce que nous voulons être ». C’est aussi l’enseignement de Plotin : sculpter sans cesse sa statue. But aussi du Franc-maçon travailler à son perfectionnement individuel, pour essayer d’être exemplaire, d’être un exemple pour l’humanité, pour la rendre plus humaine plus fraternelle.

On discerne chez Pic, cette volonté de construction de l’homme, artisan de lui-même :

 

« Le parfait artisan (Dieu) décida finalement qu’à celui à qui il ne pouvait rien donner en propre serait commun tout ce qui avait été le propre de chaque créature. Il prit donc l’homme, cette œuvre à l’image indistincte, et l’ayant placé au milieu du monde, il lui parla ainsi : je ne t’ai donné ni place déterminée, ni visage propre, ni don particulier, ô Adam, afin que ta place, ton visage, et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même ».

 

L’on remarque que le Dieu de Pic ne place pas l’homme dans un espace intermédiaire entre terre et ciel, mais au centre de tout, libre ayant toutes ses facultés et capable de se construire, de construire sa vie. Le Dieu de Pic est certes un architecte de l’univers, une puissance créatrice, mais qui laisse à l’homme un espace de liberté immense, un libre arbitre presque démesuré. L’homme à la possibilité de faire l’ange ou la bête, de fuir le vice et pratiquer la vertu ou pas !

L’homme est donc « un être supérieur » en devenir constant capable de s’améliorer, en ce sens Pic croit en Dieu mais aussi fortement en l’homme ! Humanisme et spiritualité, les Francs-maçons peuvent s’y retrouver.

 

Rapprochement métaphorique encore avec la Franc-maçonnerie :

 

« L’homme est (…) une chose informe, une matière, une laide pierre qui a besoin du statuaire. (Qu’il est lui-même) ».

 

Cheminement maçonnique de la pierre brute, à la pierre taillée, puis polie jusqu’au centre de l’étoile, puis d’établir sa résidence dans la chambre du milieu.

 

Pic n’est donc pas un pur humaniste, seulement un humaniste, il n’a pas renoncé à sa foi chrétienne. Le pur humaniste voit la possibilité de la grandeur de l’homme dans ses formes de vie, dans le choix de ses formes de vies. Pic lui reconnaît les métamorphoses pour atteindre une forme de vie la plus parfaite possible, mais cette quête du bien à pour but l’union avec Dieu. Il précise d’ailleurs :

 

                           « Cette union est l’unique but de nos efforts ».

 

La méthode de Pic de ces régénérations, métamorphoses successives est de nous rendre dignes de cette union, de nous rendre prêts à cette rencontre. Je dirais par passages successifs du secret au sacré, du sacré au divin, par élévation vers la spiritualité. Pic recherche comme Plotin la simplicité de la contemplation de l’Un.

 

Pic conçoit l’homme à la fois comme une pierre brute à sculpter et comme le sculpteur de cette pierre, ce pourrait être la définition d’un parfait maçon, d’un maître parfait.

Il fait parler ainsi son architecte créateur :

 

« Je ne t’ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, afin que, souverain de toi-même, tu achèves ta propre forme librement, à la façon d’un peintre et d’un sculpteur. Tu pourras dégénérer en formes inférieures comme celles des bêtes, ou régénéré atteindre les formes supérieures, qui sont divines ».

 

La métaphore du phénix est ici saisissante, comme celle de la construction de l’homme intérieur par métamorphoses successives.

 

Je conclurais par cette citation anonyme, un proverbe africain paraît-il ?

 

« La personne est une multiplicité intérieure inachevée, appelée à s’ordonner, s’unifier. Dieu ne fait qu’ébaucher l’homme. C’est sur terre que chacun se crée ».

 

                                            Jean-François Guerry.

 

À SUIVRE…

  

LE PHÉNIX DE LA RENAISSANCE - PART-II-

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